Madrid, 4-5-05

SOLITUDE

Dans la grande solitude
faux témoin de l’amour
se tord résolument
la lumière, vertige du regard

quand la poésie se réveille
et se hausse telle une clarté
dans les mains de mon corps
je réponds insensible
têtue dans le vers
je me passe du néant
en m’appuyant sur l’écho déchiffreur
attrapée dans le ciel de la parole.

CLÉMENCE LOONIS
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17H Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid,  5-5-05

AU SOMMET

Au sommet
avant le petit déjeuner et midi.
Aux alentours de la frontière nord.
Il se repose, se cache, s’absente, dissimule.
Là se loge un vide élégant.

Ensuite oui,
mais avant…
Blanc et rien,
entièrement cou.
Sans place pour le chapeau ou les lunettes,
sans possibilité pour le rouge à lèvres ou la barbe.
Entièrement cou, entièrement cou.

HERNÁN KOZAK CINO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego 


Madrid, 6-5-05

LA HAINE

Aujourd’hui j’ai confiance en mon ombre,
je crois qu’elle, elle me suit toujours.

Je quitte cette ville
attends-moi, si tu veux, où je vais,
gonflé de haine, maudissant ;
éclaboussant avec la bave de la haine;
le sang très froid ou exsangue.
Accroche ta mesquinerie à ton épaule
et mets dans les orbites de tes yeux,
comme des diamants sacrés,
ta douleur et ta peine.

Des flots d’urine pour assouvir ta soif de vengeance.

Quel cas de haine tout rempli d’homme,
quel destin si parfait mis en pièces,
quel stupide scalpel a tordu ton regard,
et sans blesser ta vue t’a rendu aveugle?

Aujourd’hui j’ai confiance en mon ombre,
je crois qu’elle, elle me suit toujours.

JORGE FABIÁN MENASSA DE LUCIA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17.30h Madrid
Coordinatrice : Alejandra Menassa de Lucia


Madrid, 9-5-05

 MOTS

 J’aime les mots
pas seulement ceux d’amour qui insistent
quand je refuse de t’embrasser.
Quand j’écris je suis fragilement vraie
je suis une fourmi portant
une petite lèvre verte jusqu’à la fin du monde.

Les mots ont le goût de pétale
de bois lustré
de miroir brillant à contrejour
de petits cristaux dans l’eau remuant sans cesse.
C’est cruel de savoir que la vie est unique.
C’est cruel le visage du naturel.
Le corps pèse à nouveau
tout frisson
est un choeur de nerfs en silence
je cherche un mot qui me libèrerait de cette jungle.
Je ne sais pas comment je suis arrivée jusqu’ici.
C’est inexplicable cet hiver sur le papier.
Solitude et esclavage.
C’est inexplicable que la neige tombe
sans cesse dans cette fin d’été.
Et les mots pâlissent dans l’air.

J’aime le mot : PLEINE LUNE
si ouvert, luminique, coloré, caléidoscopique.
J’aime : VOLUPTUOSITÉ
SIROP
NOMBRIL NUIT.
Je veux parler maintenant de toi avec toi
et parcourir un à un les mots
qui t’ont amené jusqu’à cette page.

De moi,
nous parlerons sans quelque orient
sans lunes
sans faim, abandonnant corps
libérant l’amour.

MARCELA VILLAVELLA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi  11,30 Buenos Aires
Coordinatrice: Norma Menassa


Madrid, 10-5-05

JE M’AIME EN TOI

Je m’aime en toi
comme la banlieue dans la ville.
Je m’aime dans ton regard
comme les mains dans la source.
Je m’aime dans ta voix
comme la nuit dans sa lune.
Sommet regorgeant de peur
chute imperturbable
cécité informelle
pour les jours sans fête.
Cercle comme un homme sans futur
dansant sur lui-même
bolide atteint par la quiétude
enfer ouvert au silence
années qui ne t’attendront pas.
Ensuite je fais un pas de plus
et tout recommence. 

Danse au rythme de la négation
ouverte au silence qui parle.

AMELIA DÍEZ CUESTA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinateur : Miguel Oscar Menassa


Madrid, 11-5-05

LETTRE À L’ÉTÉ

Tu es revenu, une fois de plus et je me trouve
entre tes bras chauds de vent saharien,
dans des peaux satinées se recouvrant de vêtements scellés.
Bien que tout semble pareil, il y a quelque chose qui se repose
qui s’incline entre les sphères de fumée glacée et
pense à s’éloigner, se déplaçant en distances mesurées,
peut-être programmées, où succombent ou bien  se réalisent
des désirs hivernaux de réclusion et de lointain.

MARÍA CHÉVEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanche 11.30h Madrid
Coordinateur : Miguel Oscar Menassa


Madrid, 12-5-05

CONSTRUCTION

Sur la marque de fer
de tes mains endormies
je construis un pont inviolable.

Sur toutes tes aurores
sur ma peau
je dessine des arabesques
en danses rituelles.

Sur cette phrase
en caractères gras :
J’ai aimé.

Sur mon nom,
je trace un destin.

Quelque soit le futur
vol ou masque
elle mourra un jour.
Seulement alors
le trait
sera l’écrit.

ALEJANDRA MADORMO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 11.30h Buenos Aires
Coordinatrice: Norma Menassa


Madrid, 13-5-05

LES CONJURÉS

I

Nous étions autour du feu.

Être mortels nous convoquait
au-delà de la parole
et la prière, en général,
nous conduisait au point d’ambitionner
notre parole.

La nuit apportait
des échos du passé animal
des sons gutturaux
de profondes cavernes
orbites
vides d’yeux et de viscères.

Jaime Icho Kozak
École de Poésie Grupo Cero
Atelier samedi 13.30 Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 16-5-05

RECOMMENCER

Ce soleil blessant
qui le matin
me traîne hors du lit
encore abandonnée aux rêves,
est le gardien qui me rappelle
le commencement.

Le miroir me renvoie
un visage inconnu
alors que je cherche dans l’hier
ce que je ne trouverai pas.

Quelque chose de vertigineux
me frappe sans cesse
au milieu du chaos.

Je recommence,
me dis-je,
à bout de souffle
face au miroir.

Et le visage qui me regarde
étonné
m’ordonne
de commencer. 

MARIA LUISA RODÉS
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 17-5-05

TA SIGNATURE ABSENTE

Ta signature absente
de mots vides
marque des lambeaux de ma peau
tandis que je t’écris.
Je compte les pétales des fleurs
en espérant écouter le creux
de ta voix,
l’abîme ouvert
de miel et de désir.

Ta signature absente
guette le gribouillage fugace
accouché durant l’aurore silencieuse.
La lumière des réverbères
découvre
à demi-teinte
ma silhouette
entre les rideaux de l’âme
écrivant
t’écrivant
pour t’atteindre au vol
Poésie.

Je suis le sang de ton sang
et je signe en ta présence.
Ta signature absente
m’habille certains matins
de vide,
d’autres me saluent avec des lèvres
uniques, charnues, de beauté
inaccessible,
et d’autres jours, Poésie,
je sens la solitude
dans le fond des entrailles
et je pleure
et je fais avec les larmes
un vers
et je fais avec la tristesse
un habit du dimanche
et je fais de mon corps, âme et mains
un poème.

MÓNICA LÓPEZ BORDÓN
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanche Alcala de Henares
Coordinateur: Carlos Fernández del Ganso


Madrid, 18-5-05

LA NUIT OÙ TU ES PARTI

Je me rappelle le silence
j’ignore le passé
sucre et caramel
dans les montagnes de l’oubli.
Tu es parti, mon amour
tu as abandonné la mer
face aux vastes sourires
qui criaient ton nom
saute, voyage au centre de la vie.
Avec les yeux ouverts
sphinx de fantaisies
dans la rose d’une chanson.
Mon cœur est tatoué
mes jambes en liberté
et cette bouche de mots
a été pleurs et vide
dans chaque soupir désespéré.
Toi et moi
nous avons été
deux étoiles et un soleil
toujours, dans chaque aurore
dans chaque vers.

CRISTINA FERNÁNDEZ ARGUDO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 15h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 19-5-05

LA CONDITION REQUISE

À la merci des jours sans heures,
de ces années qui se sont amarrées
aux secondes.

Que ces siècles eurent à peine
le temps de regarder dans les yeux.

Et ce tic-tac qui s’égoutte
sur le sommet de l’impossible de tes baisers.

LUIS RODRÍGUEZ HERNÁNDEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 15h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 20-5-05

AY!

                        « mes poignets sont des fleuves
                               mes doigts sont des mots »
                               Charles Bukowski

Le froufrou de la toile augmentant sur les marches
le clic clac du fil de fer sur la porte
effrayé par le vent.

Il y a une casserole sur le feu
augmentant ton absence,
la fumée de la soupe
t’éloigne de moi.

Là, devenant
deux poings tordus
derrière une angoisse ronde:
moi, suspendue par le pouce
avec des tremblements de petite goutte;
l’oignon dans la main,
une sphère de larmes
une mère morte
et mon mouchoir pleurant pour elle.

Ay ! les rides qui supplient sous tant de crèmes.

ROSA GARCÍA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 15h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 23-5-05

L’IMPOSSIBLE DEMAIN

Nuit blanche dans les ténèbres de tes traces
ni un rayon de lumière ne roule dans mes yeux,
je scrute le crépuscule parmi des étendards morts,
j’attache les boutonnières mutilées de ma voix.

Je me suis perdue, j’avoue que je me suis perdue dans une tournure,
mon corps est un puits de conjurations aveugles
le scandale du désir m’a renversé.
L’hier furieux se couche à mes pieds

Aujourd’hui la vie me passionne
L’impossible sera demain
Un ange est passé ou un temps.
La multitude me soulève.

Il semble que je n’ai jamais fait un pas d’eaux calmes
j’ai rampé dans toutes les planètes ravagées.
En fragments de folie, j’ai mordu à pleines dents la vie,
je ferai le possible, désirer que demain m’inonde.

CARMEN ORTIGOSA MARTÍN
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanche 17h Alcalá de Henares
Coordinateur: Carlos Fernández del Ganso


Selección de Poemas Inéditos

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