Madrid, 11-3-05

SI ÇA C’EST L’AMOUR….

Peu m’importait,
que tu m’aimes,
ni que ton corps s’enroule
sur d’autres peaux féminines,
ni que d’autres femmes t’écrivent des poèmes d’amour.

Je suis devenue aveugle,
je jouais à cogner
mes yeux contre le feu,
je jouais à les déshabiller de leurs paupières;
je jouais à me faire tourner
à l’envers, depuis les bords
infinis de mon sexe.

Ça ne me faisait rien du tout
ni que tu sois juge ou musicien,
ou que tu fasses palpiter quelques cœurs
au rythme de ton âme.

J’ai récupéré peu à peu
le regard.
J’ai fait de toi la seule réponse
à toute interrogation, et ça, ça n’était pas l’amour.
Tout fut gris sauf l’aimé,
et ça, ce ne fut pas l’amour.

Ce que j’ai aimé, je l’ai piétiné, je l’ai maudit
et ce n’était pas ça non plus.
Athlète de l’amour
Amant de l’amour,
je me convoque,
incommensurable fée des rencontres
soleils d’argent gelé pour mes mains
gercées par le temps,
fleuves de vent orageux,
convulsion du temps dans mes pupilles.

ALEJANDRA MENASSA DE LUCIA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 14-3-05

IL FUT NÉCESSAIRE

Il fut nécessaire d’emmagasiner du souffle
sous la soif tiède du moribond
reconstruire courage et fondements,
minime présence accoutumée
et l’écho, routinier, du devoir.

Il fallut repriser les initiatives
renoncer à la question originale
couvrir avec désenchantement la peau
et émerger de l’absurde
de la saveur atone de la tristesse
éclaboussant le prochain réveil.

Nous avons dû réparer les fissures
au centre même de l’ouragan,
folle insistance entre l’affront
et la transpiration de l’engagement.

Ensuite, il fut encore nécessaire
d’hériter les parcs, d’habiter
de grandes avenues opposées à la raison,
de tièdes aurores de calcul infini
sous la lumière sereine de l’histoire.

Carmen SalAmanca Gallego
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 15-3-05

POUR UN POÈTE

Mer ouverte, immensité faite de mots
notes dessinées sur ton visage d’athlète
ces mains qui caressent voix et sons
doigts qui dévoilent la passion sur la page.

Nous sommes dans l’air, nous chantons les chansons
que les Indiens chantent, en dansant nous découvrons
le mouvement des ailes produisant l’air.

Mouette déshabillant la mer, épervier blessé
d’amour, homme et colombe. Mots sur l’or
et les couleurs de ta terre, lettres déterrées
des confins de l’histoire.

Des amulettes sculptent le temps sur la peau
exercice de lèvres traversant l’océan.

CRUZ GONZÁLEZ CARDEÑOSA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 16-3-05

FORCE DE CONQUÈTE

À Carmen Salamanca pour son anniversaire

Tu savais que la longévité,
mot conquis,
arriverait catégorique
existant et prospère,
calibré avec précision.

Vérités incertaines ;
miel pour les yeux désorbités,
caresses de tes mains au vent.

Force de conquête
dans chaque sourire farouche,
et, cependant, obstiné
jet d’eau qui arrose
chaque nouvelle fleur,
verbes en construction
qui s’étendent
prospères
parmi les mots.

MAGDALENA SALAMANCA GALLEGO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


 Madrid, 17-3-05

 AVE MARIA

 À María Chévez

Le destin m’a raconté
tes aventures à Altazor :
déplumant le condor
pas pour voler comme lui
ni tomber comme elle en soupir. 

Plumes historiques, tes mains,
plumes de mille couleurs
et de sang unique :
hauteur d’encre soutenue en vers. 

On raconte que… un vol avant l’abîme
des flèches en direction précise
sont tombées du futur.

Et, pas à pas comme une ruche
l’huître est devenue secret dans
ton collier de toujours.

Des perles d’absence sont restées et des immortelles,
dans chaque dîner de fouet blanc
pour celui qui n’a pas brisé de loin
ton sort de cinq lettres.

CARLOS FERNÁNDEZ DEL GANSO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 18-3-05

QUAND LA NUIT TOMBE

Quand la nuit tombe, tiroir à double fond
je tremble presque, à peine je frémis.
Une petite douleur, un sordide râle secret
vient du centre du mot terre.
L’innocence des petites vagues crépite,
furieux courage subtil et pèlerin.
Combien de fois la mer a rencontré la haine ?
Nous sommes au bord du désastre,
perdue la nostalgie, ouverte la blessure de l’amour,
nous naviguons entre Scylla et Charybde.
Ne craignez pas le feu des constellations
nous n’avons pas encore touché le fond. Peut-être que la mort
voyage aux confins du monde,
coureur de mirages, trou d’ombres et de lumière,
chemin des yeux fermés. Tout est inutile.
La vie n’est pas le chant sublime du néant.

CONCEPCIÓN OSORIO CHICHÓN
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 21-3-05

L’HôPITAL

Une démarche de marionnette a guidé mon destin parmi les ombres de ruelles
brisées de lumière de lune et de trous de silence.
Sur les hôpitaux tombait un mois de froid qui abolissait les considérations et
le corps
était blessé comme un pétale arraché
décomplétant la corolle.
La ville bougeait parmi les objets exploités par l’homme
et les voitures refaisaient la route de l’épouvante d’un jour lamentable qui ne
s’unissait à rien
comme la douleur, qui rongeaient les lits moribonds où une femme ne
tachait pas les
feuilles de papier qui vieillissaient de suspense comme une montre dans l’ombre.
Le désir sentait le souffre sans estime, perdu de pouvoirs qui n’arrivaient
qu’à aigrir
l’air,
alors que les vitres s’embuaient parmi les vapeurs de forêts gardées
dans de petits sacs
où les feuilles sèches rappelaient le vert mouillé et le givre brisé sous
les pieds
qui jouaient les rêves les plus interdits, ceux de l’étouffement nocturne et le
réveil
en pleurs.
La raison avait fuit et le prestige apparaissait vaincu,
défait parmi les draps qui avaient une façon de s’emmêler et ne
laisser voir
aucune blessure s’égouttant dans aucun fleuve,
aucune traversée promise,
seule l’obscurité d’une ride descendant dans la nuit tandis que pleurait
l’angélus
et que les corps reprenaient feu au milieu de l’humidité.
Un silence, c’était un symptôme, où personne n’était mort mais personne
ne criait mon nom
dans ses corridors à l’éclat du stérile
qui s’étendaient sur des losanges comme des tunnels sous la terre
cherchant une carte sous-marine d’eaux bleues, où se perd la bouteille
vide
de camphres et le message déteint en lettres que je suis seule à connaître.
Un hurlement m’a agrandi la bouche et a suspendu dans l’air un accord infini
qui a grelotté
impie sur cette page et qui a attiré un uniforme
blanc au visage de pitié et de tombe poussant le calme.
Un trou d’épingle a pleuré une goutte de sang étincelante et la paix est revenue dans
une lamentation
qui scella mes lèvres.

NORMA MENASSA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 22-3-05

UN DESTIN DE MOTS

C’est le temps où les ailes tremblent
avec le premier éclat de lumière.
Si après avoir beaucoup divagué
nous savions qu’il est impossible de ne pas tomber,
ne pas rêver au destin de ta voix
en prononçant le son de mon nom.
Esprit de la vieille peine
machination de ton pauvre cœur déraciné.
Rien, ni ta main s’apitoie du léger tremblement
sur la page blanche.
Tu es un homme défait, qui regarde son visage
pour la première fois dans le miroir.
Tu ne te reconnais pas et tu te sais écume
sur le chant de la vague,
le vague soupir de l’amour
entre tes seins et tes lèvres,
cette vague conspiration où
tes plus vieux désirs deviennent chair et son,
furie déchaînée dans le noyau de la dernière phrase,
répétition rythmique d’une même différence.

RUY HENRÍQUEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 23-3-05

NOCHE 1340*

« La distance est, en psychanalyse,
la seule possibilité de voir ou de ne pas voir quelque chose »

Éloigne-toi ! disais-tu:
la rétine clouée dans l’image
est obscurité, lumière inexistante
cécité.

Approche-toi !
le regard perdu dans l’horizon
converti en néant
l’éclat du mot.

Cris qui parfois sont murmures
phrases silencieuses, hurlements.

Nous marchions en ajustant la distance
au cas où serait possible
la passion.

EVA MENDEZ HERRANZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego

*Du livre “Las 2001 noches” de Miguel Oscar Menassa


Madrid, 28-3-05

JE DÉSIRE QUE TU REVIENNES

Tu es parti mon amour, très loin et je ne sais plus comment te retrouver.
L’état d’un cœur altéré, désire la surveillance et l’insomnie ardente,
Le fait vibré passionnément.
Dans tant de liberté, l’ouverture de l’espace rend extrême ma nostalgie.

C’est la rumeur guettant de l’obscurité, celle qui soutient la forteresse
D’une union impeccable.
Je construis de nouveaux mots dans les desserts de mon esprit
Et d’autres alphabets font scintiller leurs formes pour que je puisse apprendre de nouveau langage.
Dans la mémoire qui me convoque les criantes disparaissent et je t’évoque à mes côtés de nouveau.
Je désire que tu reviennes pour envisager avec toi le plus merveilleux de mes voyages.
Je n’ai plus d’affections, que des prières libres qui ne touchent pas mon angoisse pour ta perte.
Tout est le souvenir se plaçant avant entre les vers.
L’esprit du poète augmente sa dérive et même Dieu est parti avec toi pour accompagner ta dernière traversée.
Mon esprit s’inquiète avec les prières et la lumière revient
Dépasse la mort
De ton corps déjà mort.
Sereine l’atmosphère me laisse te donner un baiser et trouve l’union essentielle,
Dans la pureté de cet amour que bien qu’absent, il sera éternel.
Mon amour, je désire que tu reviennes rêver avec moi les bêtises extrêmes que
Nous imaginions chaque fois.
Notre amour continuera à régner et je serais tienne jusqu’à la fin de mes jours.
Je rêverai de toi toutes les nuits et ton ne me manquera pas
Parce que lui
Je le sais, est parti plus Aut. Que tous mes rêves.
Ta mort a emmené les présence de l’aimé.
Amour, quand je caresse ton absence, je n’ai même plus besoin de mon enfance.

LUCIA SERRANO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 29-3-05

CHANCE

Ton nom de syllabes duelles
Caresse ma vie avec un balancement
Légèrement lucide.
Il vient d’un autre nom
Traverse le néant de mes yeux
Embobine le son parallèle
Et pend tout d’un coup
Sur la pointe d’un vers.

CLÉMENCE LOONIS
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 30-3-05

JE ME DEMANDE

Je me demande,
S’il était nécessaire demander quelque chose,
Que fais-tu en brandissant
Tout le temps
Ce geste de douleur,
En fronçant les sourcils.
Que fais-tu petit imbécile!
Pourquoi épuises-tu les minutes dans les heures
Dévoué (sacrifié) en solitudes ou en silences?
Aujourd’hui je vais t’abandonner
Dans les jeux de mon enfance,
Je te laisserai protégé dans ta tranché
Traqué de toi même,
Pleurant cette larme impossible.

JORGE FABIÁN MENASSA DE LUCIA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 17.30h Madrid
Coordinatrice: Alejandra Menassa de Lucia


Madrid, 31-3-05

ELLE

Elle cavale
Attachée à la ceinture du néant
Vocable de mousse et de roses.
Elle dessine son but
Sur ses propres sourcils
Et s’éloigne jusqu’à la fenêtre de ses yeux
Pour que la vie
Ne puisse pas achever
La magie
Nichée dans ses cheveux.
Elle ne se sépare jamais
De ses Mains uniques
De sa RACE écuménique
De ses idées premières.
Elle est comme personne
Comme la distance à terre
Comme un sillon sans graine
Comme une ville sans rues
S’éloignant comme une bouche
Après chaque baiser.
Elle se débat
Entre les longueurs sans taille
Comme un coursier sans horde
Elle marche solitaire
Comme si elle venait de la rue
Ou de la pomme sans péché.

AMELIA DÍEZ CUESTA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Selección de Poemas Inéditos

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