Madrid, 1-4-05

PREMIER LIEN

Buenos Aires, je t’aime encore dans ces années premières
Où la confusion vivait
Érogénéisant le chaos palpitant
De la pleine jeunesse. Dans tous les cas un désordre passionné
Plein de saveurs et d’arômes, de pas inquiétants,
De décisions sans art ni concert,
Par l’envie et l’énergie.
Avancer, alors, était un caprice
Et la meilleure direction celle de n’importe quelle feuille dans le vent.
Je demandait à l’amour qu’il m’aime, au pardon qu’il me pardonne,
À l’étreinte qu’elle m’étreigne et je croyais aux rencontres
Préalablement signalées par un destin installer en moi depuis le début.
Ton temps fulgurant de métissage et d’art
De surréalisme quotidien,
De tâches et d’amour, les jours passaient
Entre le murmure de tes sources
Aux rythmes canyenques
Et des voix puissantes
Se répandaient
De Colon à Corrientes
Buenos Aires, je t’aime encore et mon âme se voile
Quand inévitable,
Je me laisse bercer par tes bras
De pluie vocinglera.
Comme tu demeures belle
Encore maintenant lorsque tu montres et tu caches
Les marques, les stigmates...
Une guerre sale tombe sur toi
Abîmant les vies, les marbres
Se laissant l’éclat surprenant de tes yeux
Clignant des yeux parmi des millions de larmes.
Buenos Aires je t’aime encore
Ma peau tombe et se regarde dans ton fleuve.

MARÍA CHÉVEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Domingo 11h  Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 4-4-05

IRRATIONNELLE

Je transmute irrationnelle
quand les sentiments m’enveloppent
de leur rituel de folie.
Je suis clairement un emportement
hurlant sur le territoire
qui ne lui appartient pas.
Cette chose que je ne suis pas
renvoie l’image
d’une absence.
Je ne me rappelle même plus les rêves,
sévère répression.

OLGA DE LUCIA VICENTE
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 5-4-05

FOLÂTRE

“Le rythme des corps creusait une lumière dans la lumière”
A Pizarnik

Folâtre,
hors de tout espace temporel,
je riais comme une alouette en plein vol
sous l’influence de légères liqueurs.

C’était la nuit
sur la route vide de labyrinthes.
C’était une nuit de scintillements
envahissant les frontières.

Il n’y avait pas de lumière
mais la clarté
inondait les pièces comme des flaques
à l’heure de la pluie.

J’aime la pluie.
Celle qui te pleure le cœur derrière la vitre
un après-midi de dimanche.
Celle qui te pleure le corps,
bien sous la peau,
et te pourrit le cœur sans un amour qui te nourrisse.

J’aime la nuit:
soie tombée du versant astral
sur les épaules du temps. 

La nuit:
Point nodal,
trou de la lumière
dans la lumière.

ALEJANDRA MADORMO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 11.30h Buenos Aires
Coordinatrice: Norma Menassa


Madrid, 6-4-05

UN NUAGE CONTRE LA SOLITUDE

J’ai voulu construire
une illusion,
un futur contre le temps.
Dans ce geste,
m’éloigner de ce qui n’existe plus:
l’obscur sentiment de liberté.

J’ai laissé derrière moi ce regard qui m’a vu naître,
cet amour qui m’a permis de grandir
et l’horizon s’est agrandi. 

Dès lors, le nom
a été mon nom
et mon nom,
son souvenir.

Jaime Icho Kozak
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 13.30h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 7-4-05

L’ART DE VIVRE

Le toit était le ciel
lors des semailles.

La terre engloutissait
de petits germes
vivants
voraces
ils pénétraient l’écorce.

Les escargots émergeaient
à l’époque de la neige
émettant des gémissements bleus
dans la vaste plaine.

Baisers mis en cage
parmi les flammes inévitables
obéissaient au vent
amoureux de la mer.

Abandonnés à l’ombre
de chênes maternels
nous avons commencé à marcher.

Nous avons vu des algues sur les sommets
des soldats sans foi
sur le champ de bataille.

Le futur
derrière la vitre.

Et la danse a commencé
à l’époque des moissons.

MARISA RODÉS PUEYO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 8-4-05

JE VEUX ÉBAUCHER

Je veux ébaucher un front immense
où brillerait pour toujours l’inconnu,
ce qu’élime pénurie et abondance.
Comme une catastrophe éteignant des volcans
je porterai sur les épaules, inutile
la tête froide de celui qui aime.
Le réveil tendu des morts,
des proues perdues dans le brouillard,
leurs regards me guideront
dans l’anéantissement
et dans la naissance de chaque être.
Je veux réveiller une chanson,
intense hurlement des astres,
et revenir savourer le jamais vu.
Parce que derrière le jour et la nuit
seul un mugissement stellaire
habite la campagne et la profonde
quiétude des océans.

Je nage sur une petite amulette
parce que je suis celui qui est absent
dans mes actes. Celui qui prie
quand je me tais et celui qui écoute
le croassement du silence
quand j’entonne de belles phrases.
Des vers nécessaires,
toutes les épées sont levées,
les bras se laissent tomber
quand je me rappelle
être mort sans aucun motif.

KEPA RÍOS ALDAY
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 11-4-05

L’OMBRE LA PLUS INFIDÈLE

Quel vide austère
celui de l’obscurité de la nuit.
Le silencieux chuchotement
du mystère angoissé
dans la solitude
avant l’aube.
Il y en a toujours deux qui marchent:
le corps, l’ombre et l’amour.
L’un dévie le regard à droite
et l’ombre la plus infidèle
le défie
un pas en arrière
même mouvement
toujours noir.
Le corps marche et l’ombre marche
elle arrive un peu plus tard, mais elle arrive.
Elle revient au coin de la peur
pour observer les yeux pénétrés
d’écho muet.
Dans le jardin il n’y a plus
d’amants perdus parmi les
arbres se jurant leur amour.
Seules des ombres
l’arbre et son ombre
les violettes et leur ombre.
Il ne reste
ni un millimètre d’agonie dévastée.

Après tout
ils sont arrivés à la vie
sans se venger.
Devant l’étrangeté
ils ont joint leurs corps
et ils ont oublié leurs ombres.
Ils ont enterré le mensonge de la solitude
et ils ont écrit un poème.

MÓNICA LÓPEZ BORDÓN
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanche 17h Alcalá de Henares
Coordinatreur : Carlos Fernández del Ganso


Madrid, 12-4-05

OUVERTS À L’AVENIR

Vie offerte
avec lumière des vers   
déviant ton ventre sourd.
Instant sur les mains
ce printemps d’épines
ouvert à l’avenir
rappelle un temps aveugle.
Nous faisons des étincelles
amertume et espoir
il nous suffit de dire : hasard
et les lettres de l’absence
s’unissent corps et désir.
La raison a fui les lettres
blessée de t’aimer
je veux pouvoir crier
en silence
doucement,
soupir dans la  mémoire
naissance de la passion
en peignant la poésie, une vie.

CRISTINA FERNÁNDEZ ARGUDO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 15h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 13-4-05

MOI, JE LE SAIS

Je sais que jamais je ne t’oublierai 
au-delà de ce que je veux
au-delà de ce que je puisse supporter.
Je sais que je ne te laisserai jamais

au-delà de la portée de mes yeux
au-delà de ce dont j
e sois capable de me souvenir.
Je sais que je ne cesserai de t’aimer

au-delà des hommes
au-delà des guerres atomiques.

Et je le sais,
            parce qu’il y a des choses qui sont déjà décidées
            sans questionner avant                                                
            parce qu’il y a des choses qui se savent sans savoir, sans voir.

LUIS RODRÍGUEZ HERNÁNDEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 15h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 14-4-05

CENT VOIX

« Le soleil pénètre de biais
comme une épée en or
quand diminuent
les possibilités »
Charles Bukowski

Les poignées entrent dans la peau.
L’air est plein de morceaux de verre
quand on respire. Un souvenir
prolongé de cartes postales,
des voix de photos anciennes.

Si elles pouvaient parler…              

Une dédicace et une date au-dessous
là où s’évanouissent non seulement les personnes
et les mots mais aussi le passé.
Un sanglot de vie,
l’imprécision des rêves,
personne qui ne les aient connus          
ou qui ne s’en souvienne.

Il est resté une bague, des couverts,
un paravent soupirant la nuit                          
le langage que comprenne les portraits,
un couteau coupant en tranches,
un ennui ou des pleurs.

Cent voix, cent cailloux me faisant
des signes d’excuse depuis l’eau
buvant le propre silence
de l’écho sec de la main,
une goutte sur le point de tomber
pendue à son propre bec.

La nuit n’existe pas tandis que nous dormons.

ROSA GARCÍA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 15h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


 Madrid, 15-4-05

LA VALISE EN PEAU D’OISEAU

Elle s’éloigne en ailes de vent,
la discrétion impassible de ma voix.
Les mots et l’absence
ont cerné tous les rêves.

Je cherche la certitude de l’amant
qui se promène sur ma peau,
les nuits risquées
la sagesse de me traverser
dans une charade d’émotions.

Calme la soif qui cavale
sur des torrents de cascades
qui hurle et s’accroche
au sédiment de la passion.

Je demande tout à la fois,
tyran amoureuse
secret sur la pointe de mes pieds,
écueils pour trébucher
dans la cohue de ma gorge.

Des doigts qui démarrent la musique
sur les cordes de ma peau,
ceux-là même qui fabriquent le pain de chaque jour
soutien de la faim de mon corps
et la certitude que demain existe.

CARMEN ORTIGOSA MARTÍN
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanche 17h Alcalá de Henares
Coordinateur: Carlos Fernández del Ganso


Madrid, 18-4-05

UN TAPIS AVEC DES AILES

Viens ici, assieds-toi,
mon faiseur de bulles,
de bulles de savon.
Moi, je flottais dans ma sphère de cristal, dans mon nuage,
moi, je t’aimais.
Moi, j’avais un tapis avec des ailes
j’étais une déesse ailée,
je t’ai soulevé au-delà de ce ciel,
au-delà du néant…
Toi, tu as brandi ton épée,
ton aiguille à coudre, ta dague obscure.
Tu as crevé ma bulle.
Et moi : fleur fanée
pluie funeste,
oiseau blessé de trahison,
déesse aux ailes mouillées
je suis tombée des hauteurs
comme une feuille que le vent arracha
de l´arbre de l´amour.
Il n´y avait rien à dire:
je n´ai rien dit.

ALEJANDRA MENASSA DE LUCIA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 19-4-05

COMMENT COMMENCER?

Comment commencer ? me suis-je dit
et j’ai commencé à dessiner à l’encre
les fissures de mon âme.

Fouiller n’avait pas suffit,
se boutonner le cœur chaque nuit
devant la commotion de la désunion,
n’a pas suffit.

Invoquer le septième ressentiment
tourmenté, a affaibli notre foi,
chaque pas augmentait le désarroi
et rien n’empêchait la désertion interne.

Renier la justice interstellaire
et la surprise perpétrée en cachette
n’a pas évité que des parasites de l’âme d’autrui
traversent le vol de mes yeux.

Et, cependant, avec une astuce mathématique,
nous avions découvert l’antidote :
après la chute, recommencer.

Carmen SalAmanca Gallego
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 19h Madrid
Coordinateur : Miguel Oscar Menassa


  Madrid, 20-4-05

MOUVEMENT SANS FRONTIÈRE

Les dactyls et les substantifs
ordonnent les noms
avec des signes du temps.

Verts et jaunes exécutent
des traditions dans une infinité d’histoires.

Avec un timbré de jasmin
les grimpantes interceptent
le courage du corsaire
déviant la mort
dans son dessein.

Les bords imprécis de ta peau
mouvement continu sans frontière.

CRUZ GONZÁLEZ CARDEÑOSA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 21-4-05

COQUELICOTS POUR CE PRINTEMPS

Concilier bouton et main
pour que chemise tombe au sol
tandis que cœur accélère son rythme
et respiration écourte ses temps
quand pelvis s’emporte en tension
par la présence d’un élément
qui durcit sa forme, caressant
lentement le dur pantalon,
et ma bouche te cherche dans ta bouche
regard aveugle et les mains inquiètes
tombent lentement vers la profonde
texture de tes fesses.

Chaque fois plus proche les corps parlent
des mots inconnus, mouvements obstinés
comme des frissons qui acquiescent
nés des yeux, morts de la nuit.

Silence, le pantalon empêche ton entrée
à la prison luxuriante de mon sexe.
On entend des cris, des battements, des marques
pour le voyage de tes doigts qui
traversant déserts et jungles
arrivent devant l’abrupte grotte.
Les torrents de mon propre nectar
attendent le début sauvage
qui fera de l’abdomen, un volcan,
versant escarpé de lave ardente
approfondissant les langues
lèvres contre lèvres
coquelicots pour ce printemps.

MAGDALENA SALAMANCA GALLEGO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 22-4-05

AVERSE

En écrivant une voix perse a surgi
une énigme de fil étendu
séparant siècle et cathédrale.

Invisible et blanc fil d’or
dansant des lois  sur la rétine femme qui palpite
le futur vers écrit.

Et je rêve de femmes chevauchant la frénésie
monture qui n’a pas besoin de boire
pour mourir à tes côtés ou vivre des enterrements.

Femmes d’aujourd’hui,
je dis ce monde
en écoutant le devenir des pharaons
et le serpent caché de la marche
qui ne cesse d’être escalier et échelon.

Jeunes violettes
vent violent de jadis
véritables comme la monnaie
frappant cinq femmes d’un tableau.

Aérant le pain jumeau
des sœurs vivent d’amour et de nuit
dans l’usine où travaillent
comme opérateurs mes rêves.

Averse qui me produit
attaché aux barreaux quotidiens de chaque fenêtre de lumière,
comme une pluie qui ne trompe jamais.

CARLOS FERNÁNDEZ DEL GANSO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 19h Madrid
Coordinateur : Miguel Oscar Menassa


Madrid, 25-4-05

LE PASSAGE DU TEMPS

Les nuages, calendulas et ciel,
ne connaissent pas l’aurore.
Un tremblement maudit dans le creux de l’âme
lumières et couleurs, petits revers,
l’arôme de la mer.
Je suis l’oiseau qui ne craint pas le vent.
Combien de fois ta fureur est tombée sur moi ?
Au milieu de mornes caresses, le soleil a refroidi les statues.
Une fois, le fleuve a entraîné la pierre de l’oubli
et je suis mort
exagérément calme
perdu dans la douleur.
Les oiseaux, petits traîtres,
connaissent le silence,
montent au sommet, ferment les yeux,
attendent.
Je jette les filets à l’abîme
le miroir renvoie regard
un tourbillon, passion du défi.
Le chemin connaît le passage du temps
de l’amour et de ses interrogations.

CONCEPCIÓN OSORIO CHICHÓN
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 26-4-05

ÇA NE REVIENDRA PAS

Cette caresse ébauchée ne reviendra pas.

Le rugissement des amants
fait trembler les portes de l’oubli
secoue pour toujours la poussière des chemins.

Ce dont tu ne profites pas aujourd’hui ne reviendra pas.

Ombres et guirlandes pour mettre le vent en cage
pierre et sable pour ton pâle visage
énigmatique
rongé par le silence
de tes propres entrailles.

Lente flèche sans destin
tu sillonnes des cieux inachevés.

Claire Deloupy
École de Poésie Grupo Cero
Atelier samedis 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 27-4-05

QUAND LA FEMME DÉSIRE

Un vent culminant de spermes
inaugure le temps
des lointaines rencontres.
Des sentences ignorées cherchent
la définition de ce que fut son sexe,
la série éteinte des amours mortes
et les longues veilles sans rêve.
Il n’y avait pas d’autre destin pour elle que le silence.
Acculée à la quiète doctrine de la pierre
elle rêvait de voler entre les racines
avec un tremblement d’atomes sans but,
déjà délogés de leur orbite
roulant fébriles vers l’abîme.
Le désir fut un tas
de braises ardentes entre ses mains.
Lettres inaugurant des hommes
Mots brisant les eaux
dans le dernier cercle de l’enfer.

RUY HENRÍQUEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 28-4-05

CE SONT DES VITESSES INUSITÉES

À Carmen Salamanca Gallego pour son anniversaire

Ce sont des vitesses inusitées
phrases crépitant à l’oreille
aurores limpides
bains de voyelles
bulles de savon
captivant des bêtes,
jours se tressant aux jours
un futur d’ordres fragmentés
rêves, doux incendies entre les doigts
mitigeant les guerres,
paradis perdus, oubliés
trouvés sous le tulle de l’après-midi
où tout est facile si tu veux que ce soit possible. 

EVA MÉNDEZ HERRANZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 29-4-05

BATAILLES AILÉES

J’abandonne aujourd’hui toute nature et je m’oublie.
Je cesse d’être pour revenir à tes côtés, au temps brutal de nos baisers.
Je veux avoir toutes mes heures libres pour être ton esclave.
Tous soupçonneront quand notre présence sera silence.
Près de ton corps mort, le sang qui aurait dû se perdre, n’a pas taché
les évènements les plus beaux.
Aucun reproche n’a touché mon cœur.
Quand de nouveau je te rencontre dans quelque dialogue et que s’approche l’heure du départ, je tremble.
Moi aussi j’ai des larmes cachées.
Quand le rendez-vous est avec toi, je cesse de mourir à chaque instant.
Imperturbable est la loi du marginal pour qui les heures ne passent pas.
Il n’y aura pas de place dans notre alcôve pour un homme qui ne fait pas de paris.
J’ai peur que mon sang s’épaississe et sachant que tu ne viendras pas cette
nuit, des pierres roulantes à mes pieds convoquent la chute.
Il sera impossible de raconter à un violeur que notre règne est mort et a
ressuscité.
Ne sortez pas voir le feu si vous ne connaissez pas les péchés extrêmes, occultes parmi
les ombres du désir.
Le cœur a des limites précises quand il sait qu’il n’atteindra plus
des batailles ailées.

LUCIA SERRANO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanche 11h Madrid
Coordinateur : Miguel Oscar Menassa


Selección de Poemas Inéditos

index