Madrid, 1-6-04 

JE TE CHERCHE

Je cherche parmi les dossiers
dans les trous de l’âme
dans la boîte avec la clé du cœur
et je ne me souviens pas d’un tel battement.

Altération rythmique ventriculaire
qui tourmente et vit dans ma poitrine
quand je te nomme,
voix d’aigle chanteur
amant passionné du cyberespace
lumière du crépuscule dans mes vers.

MAGDALENA SALAMANCA GALLEGO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
 Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 2-6-04

INTENSITÉ

Trop.
Avec intensité la main dans le chapeau,
le chapeau derrière la tête.
Trop nier trois fois sous l’eau,
brûler le ciel trois fois
avec l’intensité de saint et peur,
avec l’intensité du mot de passe.
Sous la terre une jambe de bois,
le maître et l’autre maître attendant
dans leur tombe de lettres.
Avec intensité creuser à coups de jantes,
se rappeler où nous serons
et revenir en arrière sans bravoure, avec le chapeau,
embrasser le coq sur le toit.
Rester. Rester intensément.
Trop.

ANDRÉS GONZÁLEZ ANDINO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
 Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 3-6-04

VENTRE DE PAIN

Distrait, je la regarde
surgir au milieu de la neige.

Dame des océans
où voyagent de petites mélodies
et des vagues en furie
à la superbe crête blanche
et leur bleu de drapeau.

Larmes de sel
mourant en vers
leur râle de chute
quand la nuit arrive à sa roche.

Et quand elle dit
Lit!
je tremble.

Et quand elle fuit sur ma peau
en lâchant le lien,
mille juments chevauchent la mémoire.

D’elle, je suis un petit aimant,
des copeaux qui volent.

CARLOS FERNÁNDEZ DEL GANSO
École de Póesie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa 


Madrid, 4-6-04

L’INTENSITÉ

Par surprise,  d’un coup précis
tu arrives du fond de mon âme,
tu t’appropries des jours où je vis
négligente de moi, entièrement à moi,
abandonnée à la chance ou à l’amour.
Femme sans avenir, phare éteint
au milieu de la tempête crue,
je suis une trace dérobée au destin,
presque un murmure à l’écoute du vent.
L’intensité de ta voix brise mes ailes.
Souffle vital, pousse mon corps dans l’abîme
le bout des doigts pleine de passion,
quand tu nommes à voix haute mon nom.
Tu viens me sauver la vie, poète de peau,
homme de paroles enflammées de désir.

CONCEPCIÓN OSORIO CHINCHÓN
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
 Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 7-6-04

LA NUIT DU MALÉFICE

La nuit du maléfice j’ai vu se tendre sur ma peau toute la haine.

Des roses cramoisies croisent leurs pétales contre ta tempe,
peu de mots pour enfiler un souvenir.

Voix éteinte
entre mes doigts germe l’oubli.

La caresse pure
s’ouvre à peine au chant.

Hier je suis morte.

Mes doigts ont frôlé l’abîme.

Claire Deloupy
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 8-6-04

DES PLEURS DE TA LENTE HUMANITÉ

Des pleurs de ta lente humanité
se détache la substance animale de ta sagesse.
La limite calme où la faim
se dépêche de dévorer, bec et ongles
ta propre ombre à la traîne. 

RUY HENRÍQUEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 9-6-04 

SUR LE POINT DE VOLER

Sur la corniche de tes yeux
juste là
se suspend, cristalline
une flamme d’eau
incandescente colère.

Là tremblent
le soldat perpétuel
et la colombe de la paix.

Ils se cherchent et ne trouvent pas,
font des équilibres précaires
et sur le point de tomber
éclatent les larmes.

Il était déjà trop tard.

EVA MÉNDEZ HERRANZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego 


Madrid, 10-6-04

SANS CORPS

Les géraniums ont poussé,
les cannes sont devenues hautes,
tous les jasmins
ont fleuri dans mon dos.
Je laissais entrer n’importe quel hors-la-loi,
pour le désir de connaître l’asphyxie
qui l’accompagnait.
Profonde pénombre.
Voluptueux feuillage,
rêves infantiles.
Se réveiller sans corps à l’aube,
c’était être fidèle à ce destin.
Rendez-moi les jours tièdes,
l’arc, la flèche,
et les gestes tendres
des ennemis.
Captive dans cet univers,
je suis sans foi.
J’attends le banquet final,
où ma présence ne sera pas nécessaire.
J’irai sans corps,
je goûterai l’arôme des captivités.

LUCIA SERRANO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanche 11h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 11-6-04

LA CHAIR EN EXIL

Elle a pris la charge, couverte de sel
s’éloignant d’abruptes faveurs.
Échappée des encombrements
troublée par l’espoir de respirer
capturée par l’illusion.

Cette chair entremetteuse
cette chair de surface et de peur
perplexe et infidèle
au gourou qui la porte
épuisera dans un souffle
tous les reflets de fièvre
qui soutinrent un jour
la flamme de l’exil.

CLÉMENCE LOONIS
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 14-6-04

PARFOIS IL ME TOURMENTE

Parfois il me tourmente,
mais, je ne sais pas bien de quoi il s’agit,
parfois, il se colle à moi,
et nous restons seuls,
et derrière nous laissons le monde,
et devant rien,
mais, je ne sais pas bien de quoi il s’agit.
Comme dans un rituel satanique
ou comme un culte à quelque dieu doré,
despote, misérable et oisif,
j’offre le sacrifice de ma peau
au temps,
j’ébauche dans un murmure,
mes secrets,
je m’expose à l’orage,
je me souscris docile
à la mécanique diabolique
du calcul absolu
et irrémédiablement imprécis
des corps ;
j’étreins ta ceinture,
je me laisse porter, à peine,
quelques pas par la musique. 

Voilà ma peau et ses marques.

Mon souvenir garde à peine
notion des cicatrices,
il y a eu des marques durables,
pas sur ma peau,
mais sur mon âme.

Investir,
cette année, peut-être
j’investirai dans la lecture,
j’ai aussi quelque chose à vendre :
je vends ce cœur,
tout plein de rouille
un peu pourri,
qui bat dans mes silences,
ce sifflement excessif
et le grincement des fenêtres,
tu achètes ?

En réalité, non,
aujourd’hui,
seulement marcher, je marche
pieds nus entre les morts
et ce n’est pas exactement
marcher entre des débris de verre
dont je parle ;
un accord qui s’éternise
monté sur l’ouragan,
en attendant inutilement une compagnie.

Une clameur de multitudes crie
une plainte de feu et de cendre.
Je ne me rappelais ni mon nom,
je me promenais seulement
pieds nus entre les morts.

Je garde un souvenir,
je le reconnais,
qui donnerait envie
de se coucher tranquillement
au soleil et converser,
converser,
oublier le temps,
converser à en perdre la voix, peut-être
ou pour se dévier totalement du chemin.

Aujourd’hui, seulement se promener.

Passez et voyez un monde en décadence.

JORGE FABIÁN MENASSA DE LUCIA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17.30h Madrid
Coordinatrice: Alejandra Menassa de Lucia


Madrid, 15-6-04

PAGE OU MAIN

À ma droite le sud s’effondre,
tombe comme un vagabond
qui mourra de froid
en pleine rue
avec n’importe quel papier dans la main,
non, ce n’est pas n’importe quel papier,
c’est une lettre d’amour,
la première ou la dernière
je ne sais pas,
(ça ne doit pas se savoir)
c’est une lettre d’amour,
un aliment substantiel,
un mets délicieux et un manteau,
toute la richesse que l’on peut avoir en vie,
la beauté de l’univers dans sa main,
un vin cristallin et rubis,
une main qui était propre,
généreuse et aimable,
une main qui parlait aussi.
Mais non, je ne prendrai pas ce chemin.
Le poème m’embarque dans une direction
qu’aujourd’hui je ne prendrai pas,
pour me perdre j’ai le temps,
il y a des phrases qui m’attendent
qu’aujourd’hui je n’écrirai pas
je ne veux pas tant de paysage,
tant d’extension
pour le petit jour d’aujourd’hui.
À ma gauche il y a le nord,
délimité, silencieux et profond
qui se lève
se hausse
et se vitalise
comme la mémoire,
il y a du sable, temps égrené
entre les pieds,
temps,
il y a un calme et une inquiétude
qui ne s’accordent jamais
mais cheminent ensemble
et m’accompagnent,
et m’amène à une page à demi écrite
qui attendent,
si je vais vers elle
je rencontrerai
la main que j’ai abandonnée
dans les strophes ci-dessus?
je trouverai  les lettres d’amour
premières et dernières,
mais ça n’a plus d’importance,
je trouverai les paroles
qui m’ont un jour alimenté
m’ont couvert?
si je vais vers elle
page ou main
me trouverai-je?

MARCELA VILLAVELLA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 11h30 Buenos Aires
Coordinatrice: Norma Menassa


Madrid, 16-6-04

 ILS ARRIVENT DE DOS
ET POURSUIVENT LES IDÉES

Ils arrivent de dos et poursuivent les idées
attrapent leur haine dans de petits flacons de parfums
pour diminuer leur lutte et éteindre leur propre vie.

Ce sont des décérébrés, d’archaïques archétypes
d’hommes et de femmes que l’hier rempli d’illusions
Qui veut lutter contre son propre corps?
et qui contre son âme? 

Ils arrivent avec leurs spectres de pouvoir
et établissent leurs lois transies
à d’autres hommes,
imposent la vie et imposent la mort.

Qui pulse sur mes tempes
avec ses tempes ? qui de l’autre côté
cloue sur ma pupille le reflet de moi-même ?

Une distance dans le regard
apportera sûrement les couleurs de la vigne et de l’olivier
des champs d’hiver où je suis né.
Âme et corps tomberont sûrement
avec la parcimonie de celui qui va mourir. 

Je vous salue sur le lit des torrents des noms
et l’eucharistie sainte des congrégations
dans les chauds hôpitaux et dans les tristes hospices
dans les synagogues enterrées du désert.

L’homme meurt de son propre homme
assassiné par son cœur monotone
s’éteint la clarté ou le fragile cristal,
tombe la vie
et tombe,
un homme en dansant
avec la doute de sa mort.

MANUEL MENASSA DE LUCIA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier
Samedis 17h30 Madrid
Coordinatrice: Alejandra Menassa de Lucia


Madrid, 17-6-04

FAISONS COMME L’EAU

Nous parlons comme l’eau
quand elle coule
sur le bord d’un baiser,
qui se sachant aveugle
ne regarde pas en arrière,
mais obstinée
saute sur le vide de l’amour
vers la nature incertaine
caché sur tes lèvres.
Faisons que le noir
soit un sac funéraire
volant parmi nous
alors que mon repas se réchauffe
dans le feu de l’oubli.
Laissons que les chauves-souris
mangent la nuit de tes yeux.

FERNANDO ÁMEZ MIÑA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 15h30 Madrid
Coordinatrice : Alejandra Menassa de Lucia


Madrid, 18-6-04

ENFANTS D’UN AUTRE TEMPS

Autour de la table
la dure envie silencie chaque voix.

Des pas brisent l’instant
et la colère sort de la chambre.

Des phrases et des regards s’enchaînent,
des paroles écoutées tissent la conversation.

Guerre et faim, fidélité au sang,
léchant des blessures et des cicatrices, avec le désir de possession.

L’atmosphère fermée rapetisse le monde
de la douleur, engendrée par injustice et désamour.

Une cécité apprise efface les différences,
divise les humains uniquement en deux groupes :
voisins, les familiers et le reste, des ennemis.

La rencontre se termine, sans modification,
ils sortent tous sans mystères de l’occasion.

Ce sont des enfants d’un autre temps,
des enfants de ce temps.

MONTSERRAT ROVIRA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier samedis 17h madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego 


Madrid, 21-6-04

MONDE AUJOURD’HUI (II)

J’ai été, de la douleur, la déchirure persistante
un cri sur le point de briser toutes les vitres.
Ennui, rouille grise
terrain impropre pour que la blessure cicatrise.
La mort m’a entraînée vers des lieux ténébreux,
une folie désolée a attrapé mon âme
en plein tourbillon.
Frappent brusquement les souvenirs
et une sorte de culpabilité,
rend opaque ce paysage qui fuit la lumière.

J’ai rongé la solitude, je l’ai triturée.

OLGA DE LUCIA VICENTE
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 22-6-04

TA VÉRITÉ

Quelque chose tombait des lèvres.
Un reste de corps
comme une plume d’oiseau
renonçant au vol.

C’était, au hasard de la rencontre
la phrase.

Quelque chose mourait et naissait
entre des regards audaces.

Et la vérité,
Reine de la nuit
commandait
le sifflement des corps.

Elle, elle remuait ses hanches,
imitant le son du vent.
Lui
faisait de chaque vol,
une chanson.

Ce ne fut pas le destin.

Ce furent des paroles
créant des ailes
dans chaque silence.

ALEJANDRA MADORMO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 11h30 Buenos Aires
Coordinatrice: Norma Menassa


Madrid, 23-6-04

CHAIR ABSENTE

C’était une parole sans temps,
événement qui ne s’écoulait pas,
corps comme des organes indicibles de l’âme.

Il ne vibrait pas dans le tremblement,
ni dans la poussée prodigieuse des fièvres
injustes de la passion.

Il rêvait de loin
sans se laisser vaincre par les tentations,
mouvement statique comme celui qui se coupe le cou.

En guerre avec lui-même
sans visage
sans s’incliner à des océans qui saluent des commencements.

La terre ne concède pas ses rumeurs, à la négligence,
et les signes de son sexe, presque sans voix,
alimentent la sourde inquisition.

Angoisse de ceux qui ne naissent ni ne meurent,
pâlement ils  glissent
et ne se penchent pas sur l’abîme.

Jaime Icho Kozak
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 11h Madrid
Coordinatrice : Miguel Oscar Menassa


Madrid, 24-6-04

LES ENFANTS DE LA GUERRE

Des cornées Rouge écarlate
couronnent les orbites
d’ yeux innocents.
De la terrasse céleste
pendent de chauves souris de lumières
leurs poitrines palpitantes
conviennent de suivre le chemin bleu.
Des enfants naissent orphelins
de regards et de mots
par leurs berceaux
seulement contemplés.
Un jour ils seront une armée
guidée par une foi aveugle
rongée par la faim
conformée de rage et de vengeance.
Ils donneront leurs corps au désespoir
armes efficaces de leurs peuples
quand ils éclateront
ils émettront des cris en grappe
qui convoqueront d’autres cris d’horreur,
et leurs regards interrogatifs
comme de menues moasaïques d’argent
éclabousseront du saint désert
les terres torrides.

MARISA RODÈS PUEYO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego 


Madrid, 25-6-04

LA FAÇON DE RÊVER

La façon de rêver change aussi.
J’ai une phrase sur la dernière aube
où la douleur me traverse
à la vitesse de la lumière
me laissant intact.

Je bâille, je lance un défi à l’univers,
elle, elle reçoit ces signaux confus
et elle frémit.
Mon corps bondit dans le néant
comme dans sur un bûcher d’hérétiques,
mais au lieu de mourir
je me réveille : mes dents
claquent dans le vide
irradiant une agréable nervosité,
apodose du vent de la nuit.
Je n’insinue pas connaître les étoiles
j’indique avec mon réveil
le jeu des jours.

KEPA RIOS ALDAY
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 28-6-04

NOUS AVONS MANGÉ DU SILENCE

J’ai pris une poignée de mots
d’un pas légers
pour retourner la terre docile
de cette après-midi lente, posée. 

Les vents robustes frôlent les épis tendres
attachés à l’humidité de la salive
et nous avons mangé le silence
livrant le Néant au passage des jours.

Un verger de fleurs a baigné
mes rêves humains
grandis dans des valises de voyage, de mémoire.

Parfois, souvent, je mange le silence de solitude,
un silence qui me change, qui me couvre
sur les traces du chemin.

Je combats les monstres qui le matin s’étirent
pour voiler les horizons
et je réussis à voir un instant la mer
et la faire mienne.

J’écris les haridelles courant sur la rive
et je me dessine séduite dans ton alphabet
de poèmes humains.

C’est toujours une après-midi tranquille dans le passage
depuis la mer, je sais que je suis né avec trois cœurs,
le mien et celui de ma mère unis dans son ventre d’ivoire
et celui de mon père attrapant ma vie pour que j’apprenne à marcher
dans le monde.
Se soutenir dans une planète qui tourne
c’est un exercice d’équilibre très discipliné.
Leurs mains caressent ma crainte avec la chaleur de l’âme.
J’ai le cœur soutenu dans leurs regards.
Une beauté ineffaçable. 

MÓNICA LÓPEZ BORDÓN
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Diamches 17h Alcalá de Henares
Coordinateur: Carlos Fernández del Gans
o


Madrid, 29-6-04

JE NE VEUX PAS

En attendant l’obscurité
d’entrailles déguisées,
spores en fleur et
châteaux de sable.
Elles dansent dans les cicatrices
d’un lieu lointain,
appelé désir.

Avec les bottes aux pieds et la peur dans la gorge
ils supportent la trahison
écrite par la jalousie du sang.

Parce que personne n’interroge
le vent sur ses pleurs,
ces larmes silencieuses
qui tombent
sur le corps nu de malheur.

Parce que la sincérité de l’étreinte inconnue
a uni le soleil et la lune
dans une rencontre de mots.

Ombre et mer,
liberté et solitude
dans le débit discret
qui dans chaque coup de voix
se brise en légers
fils de rêves.

C. CRISTINA FERNÁNDEZ ARGUDO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 15h30 Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 30-6-04

L’ABÎME DES HEURES TRANQUILLES

Nous faisions la sieste sans aucun sens apparent,
nous marchions hermétiques vers l’abîme
attrapés dans des burkas de métal, nous avancions
là où les heures étaient calmes, inertes, endormies.

Nous sentions sur notre peau la température des mots
de ces jours qui ne se sont pas arrêtés dans notre gare.

Nous fermions les yeux et nous comptions les minutes
pour les transformer en heures mais le gardien du temps
était déjà parmi nous, comptant sa récompense.

Et là, les heures élevées dans l’air sans toucher terre
attendant que quelqu’un les nomme.

Au réveil j’ai compris, je devais peindre un tableau
à l’abîme des heures calmes et le lui dédier.

LUIS RODRÍGUEZ HERNÁNDEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 15,15h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Selección de Poemas Inéditos

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