Madrid, 2-8-04 

LES VAISSEAUX

 

J’ai peur du vide
où parfois
je me séquestre.

Les mots congelés
les pieds se perdent à la hauteur des pieds
et la peau, jaune,
tombe en tas sur l’herbe à brouter
si je n’arrose pas les cicatrices.

La vie n’a pas de papillons de couleurs
ni d’arbres de diane,
ni de centaures à l’heure de la sieste. 

La vie, parfois,
caresse de ses miels,
sa musique de violoncelle,
son idiotie de sperme gaspillé,
son ventre d’enfants chanteurs.
 
Elle a d’obscures passions, la vie.
Des mélodies murmurées seul,
des insomnies comme des pluies de torrent,
morts étrangères ou proches,
morts amies,
morts quotidiennes.
 
La vie a aussi des enfants.
Ceux qui arrivent un jour,
et s’installent chez toi – cœur,
ceux qui annoncent un adieu passager,
et t’offrent une couverture
pour que tes jambes ne prennent pas froid,
tandis que tu attends, dans ton fauteuil,
la bienvenue.
 
Je n’ai jamais appris l’oraison
qui prie l’après-midi.
Mais j’ai tissé des labyrinthes
sans attente de fils, ni d’Ariane.
Et j’ai aussi semé quelques fleurs,
pour accompagner le sentier de ta fuite.
 
Je ne sais pas bien
si un destin est la moitié,
ou partir, toujours,
un mot véritable.
 
Je couvre mon  nez de poudre,
je laisse un creux sur l’oreiller,
et je m’en vais.
Je sors de moi.
 
Un jour,
elle, elle reviendra.
 
 

ALEJANDRA MADORMO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 11.30h. Buenos Aires
Coordinatrice: Norma Menassa


Selección de Poemas Inéditos

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