Madrid,
1-4-04
JE
NE SAIS PAS SI ENTRE CES MOTS
Je
ne sais pas si entre ces mots
tu pourras éviter la confusion
qui dévaste les pensées
de ces animaux
en qui nous nous sommes convertis.
Languissant,
ce fleuve étroit
a la force de l’eau qui revient
des rapides.
Je
ne nais ni de moi,
ni de toi. Je suis le mot éternité,
le temps du langage.
KEPA
RÍOS ALDAY
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice:
Madrid,
2-4-03
Jamais
n’est sorti de cette bouche
un serment rompu
rouge nuit
lente attente
et péché.
J’ai aimé de toi les conversations interminables
les papiers barrés d’aurore
les fleuves peints en vert
les bois perdus des rêves.
Nous avons échangé des impressions
le futur assis à notre table
et le présent a tout dissout
comme un épigramme sans forme,
il a déchiré chaque syllabe
comme un péché charnel
de salives passionnées.
Tandis
que je dormais
j’ai senti une main tiède
caressant le cou de cygne
il n’y a pas eu de serments rompus
seuls des péchés sur un fin papier
fissuré sur le carnet du temps.
Rouge
comme la passion
Rouge
comme l’aube
répandue en sentant l’adieu
de nos bouches mortes
de nos baisers morts
de notre péché vivant
de notre amour.
MÓNICA
LÓPEZ BORDÓN
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 17h Alcalá de Henares
Coordinateur: Carlos Fernández del Ganso
Madrid,
5-4-04
Cet
homme-là rit
il le fait pour se faire remarquer même s’il appelle cela de la joie.
Ce
sourire, c’est sa moue totalitaire
la façon qu’il a de faire résonner la cruche vide.
La
nuit il aime les cafés, les autres le distraient
et compter la mitraille quand il parle comme toujours.
Le
plus féroce de tout ça c’est qu’il ne sente pas son temps
son propre va-et-vient
résonne comme les chiens quand ils aboient la nuit.
Il
se sent à l’aise au milieu de ce qu’il fait
et avec une douceur incroyable
le jeu d’échec rouge joue déjà sans lui.
SERGIO
APARICIO ERRAZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice:
Madrid,
6-4-04
L’après-midi
s’assombrit
la lune dit adieu.
Comme de lointains paysages
les tableaux font des continents.
Je
marche très lentement, comme si mes pieds
ne touchaient pas le sol,
mais qu’ils glissaient de façon positive
sur les rainures des noyers
qui peu à peu se retrouvent sans fleur.
Maladroite
misère
d’obscures souffrances,
alors que la jambe de la solitude
est accusée par des défilés.
Ses yeux, entrailles de villes qui accusent son manque.
Grâce
à la gentillesse des gardiens
les convives jouent leur âme
mangent éveillés
jusqu’à ce qu’ils obtiennent sans pudeur
une monnaie nue
avec laquelle apaiser leur colère.
C.
CRISTINA FERNÁNDEZ ARGUDO
École de Poésie grupo Cero
Atelier Samedis 15h15. Madrid
Coordinatrice:
Madrid, 7-4-04
Nous glissions sur la vitrine
des rêves durant ces jours froids
où le vent haussait nos
paroles vigoureuses aux sommets escarpés.
Où nous nous étendions sur d’immenses nuages
de velours blanc et nos cils
se rejoignaient dans un grand baiser interminable.
Mural d’ocre à l’odeur de violette de mai
traversant un temps d’étain.
Étranges arômes venus du futur
qui se posent doucement sans faire de bruit caressant
ta silhouette d’ivoire.
Aujourd’hui je serai la tâche éphémère que certains disent ,
toujours au futur pluriel digne d’être vécue.
LUIS RODRÍGUEZ HERNÁNDEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 15h15 Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
Madrid, 12-4-04
J’ai gaspillé ma journée
à chercher une façon de vivre.
Mon manque de nouvelles, mon indifférence, ma froideur
je sens la rancœur, la tempête et le frisson,
le médecin avec les radiographies et moi avec les cartes,
des veines soulignées à l’encre et des routes colorées en bleu,
la même plume qui dessine des cercles sur mon foie
entoure de spirales un tournant du chemin,
une file de maisons avec des lunettes,
un versant d’espoir sans couronne noire,
des hommes attendant agenouillés parmi les touffes d’herbe
des caisses de grenades explosant des joies,
la fourgonnette sur les ronces du tourment,
le téléphone qui sonne
des noms différents pour les personnes,
des numéros qui substituent les lettres,
des traits du visage précautionneux, renfermés.
Madrid est une ville submergée,
l’eau plane sur nos têtes.
Quand la mort t’attrapera que tes rêves soient intacts.
J’ai gaspillé la journée
à chercher plutôt,
une manière d’écrire
le poème que je ne dis pas.
ROSA GARCÍA RODRÍGUEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 15h15 Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
Madrid, 13-4-04
Danse que je te danse
la Murga a succès inonde la Salle.
Enfants
jeunes
vieux jouisseurs, désirs parmi les tambours,
leur cœur vibre.
Parmi des sentiers de gens et de couleurs,
la Murga tisse lumineuse le Carnaval.
Tout pulse dans les yeux
un fil où le sang coule rythmique.
Enchevêtrements de notes
partitions d’images du soleil
passent les pas
dansant sur la tête,
ils rient de la Mort,
de la Guerre Perdue
en dansant la samba, ils brisent l’exact instant de la Paix.
Un écho s’échappe
tremblant dans le vide
touche que la liberté te touche.
Danse que je te danse :
Le Carnaval éclate.
*groupe musical ambulant
CARMEN PRESOTTO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier de Porto Alegre
Coordinatrice: Marcela Villavella
Madrid, 14-4-04
Quelqu’un qui n’était pas lui,
ni même moi,
a voulu crier mon nom.
Je m’appelle Carmen
personne ne me nomme.
Un visage au léger sourire,
cœur ouvert,
aux traits gravés
terrible espoir,
tristesse de celui qui chemine
J’arrive en pleurant,
j’embrasse sa bouche,
j’étreins un soupir,
je regarde l’horizon,
on se sait où
j’ai perdu la mémoire.
Si quelqu’un veut
ou connaît un autre nom,
quelle misère m’offrir ?
Il arrive jusqu’à moi, il me donne,
il ne demande rien en échange,
si quelqu’un veut ?…
Même le corps change
avec le passage des années,
de la haine je te vois différent,
plongé dans le son du tonnerre
secret de chiffres cachés.
Personne n’est ce qu’il semble être:
prononcer la justice,
reverdir les mots,
fermer les yeux à la nuit,
bâillonner les lèvres…
CARMEN ORTIGOSA MARTÍN
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 17h Alcalá de Henares
Coordinateur: Carlos Fernández del Ganso
Madrid, 15-4-04
Messieurs, vous vous trompez : il y avait des armes,
nous avons cherché sous les ongles des enfants,
nous avons cherché sous les plis de la nuit,
nous avons cherché sous les pieds des civils.
Il a fallu en faire sauter plusieurs dans les airs.
Messieurs, les armes avaient un dispositif
d’autodestruction sans laisser de trace,
les armes possédaient des ailes comme dans les
tableaux du Bosco les viscères.
Il a fallu aussi en faire voler quelques-unes
Messieurs, ne me croyez-vous pas?
Je vous viserai avec mon grand canyon du colorado,
avec les lances bleues de la guerre,
je vous laisserai sans nourriture et sans eau,
je détruirai vos foyers.
Vous me croirez. Je vous le jure :
Un seul de mes phantasmes placé sur la grande
balance du monde pèse plus que toutes
vos plus patentes réalités.
Moi, mes amis, j’ai l’insolite pouvoir,
que donne avoir le cou de ton rival entre les mains,
une arme sur la tempe gauche,
un genou sur ses organes génitaux,
et de lourdes pierres à mettre dans sa poche
en le lançant avant de le lancer un après-midi du pont de Brooklyn.
Pourquoi les mots ?
ALEJANDRA MENASSA DE LUCIA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa
Madrid, 16-4-04
Un pas en
arrière, as-tu dit,
pour avancer il est nécessaire,
parfois, de faire un pas en arrière.
À l’intempérie de
ma propre ombre,
je dévie des concepts fondamentaux
acquis par légitime incrustation.
J’ai arraché de
mon cœur toute pitié,
j’ai éliminé des clauses additionnelles,
moratoires à la limite de la patience.
J’ai défini des trajectoires opportunes,
j’ai poli l’esthétique au goût nécessaire et…
Un pas en
arrière, détaché de la hâte
et l ' étonnement
qui arrive
Entre le bruit et la vengeance,
criblés de sordides exigences,
nous avons encore reconnu le triomphe
de la voix dans nos corps.
Les restes du
massacre anéantis,
des similitudes convexes récupérées au doute, au doute,
je milite de nouveau dans tes troupes.
Carmen SalAmanca Gallego
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa
Madrid, 19-4-04
Traces de
lumière,
visages évaporés
dessinés dans le temps.
Sur la toile
l’histoire d’un homme
traversant l’univers de sa voix.
Ce n’est pas une expansion atomique
ni les lois écrites sur la peau,
ce sont mes mains parcourant ton corps
parlant de ton corps et de ses évènements.
Je mettrai du
rouge sur tes doigts
et tes yeux irradieront une beauté
inconnue et humaine.
Bleu dans ton regard et tes pieds
seront plage d’amour pour l’hiver.
Pas de bateaux
pirates ni de dieux
au visage de femme ou d’archange ;
ni même une vierge sur le point de mettre au monde
le destin de quelques hommes.
Ni de géants
soutenant un monde qui n’existe pas
ni de drapeaux arborant des couleurs
pour le nom duquel il faut être mort.
Traits dans le
temps,
couleurs sur la peau
de siècles à venir.
CRUZ GONZÁLEZ CARDEÑOSA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice:
Carmen Salamanca Gallego
Madrid, 20-4-04
Comme oeil de
cristal
tu as calibré la mesure exacte
pour arbitrer ce combat avec la vie.
Bras de fer, tête à tête,
arpège délirant parmi les mauves
tu as bercé chaque mot
chaque virgule, chaque copeau d’or
accumulé dans tes vers.
Trois passions
osées
recouvrent le regard cristallin,
l’accord ultime et premier
de la voix, esclave du poète.
Trois lunes de
marées hautes
ont pu naître pendant ce siècle
où le quatrième fait de la mort
un mot de plus, sommet
concave des voyelles.
L’œil de cristal
éclot
telle une chrysalide aux joues pâles
impubère de raisons évidentes
faisant de son sexe
confirmation, écriture.
MAGDALENA SALAMANCA GALLEGO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17H Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
Tout ce qui est courbé m’apporte
la mémoire du futur.
Voyez sur l’échafaud la grande potence
qui produit plus de tristesse pour son corps
que pour sa fin si définitive.
Oh ce crochet pour prendre en suspens
la chair des rêves.
Quelle grande ressemblance il a
avec cet homme préoccupé !
Je les ai vu deux par deux,
des vieux qui ont oublié de mourir
parce qu’ils ont oublié le temps,
dont le malheur tord leur sourire
et tord leur dos, le lourd
compte de leurs propres pas.
La mémoire du futur est l’inévitable.
Tant de fragilité résumée
sur cette colonne funeste,
sur ce « l » inversé.
ANDRÉS GONZÁLEZ ANDINO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
Madrid, 22-4-04
Parfois, c’est folie
comme une ligne sans ponctuation
ou des voix de poissons dans une urne sans cristal.
Ou pire,
des murs de contention avec
leur bois mère et leur poutre maîtresse.
Un chemin de quiétude,
un indice du doigt soleil
sur l’écran, impossible à défaire.
Et emmagasiné de futur,
dans la poésie il y a toujours
une phrase qui m’attend.
Un bleu qui ouvre la nostalgie
et son noir, couleur traîtresse
capable elle seul, d’un tableau
ou de déchirer le plus beau, en regard.
Des lèvres se rejoignant
à tout jamais dans l’âme,
noms du hurlement.
CARLOS FERNÁNDEZ DEL GANSO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa
Madrid, 23-4-04
Au rêve, sont les
couleurs,
la commissure étrange,
le verbe amoureux.
Un ressurgir sans pause.
Tout l’étranger et ma ceinture.
Si le regard fuit
quand l’amour se voile,
dans les bras d’une nuit froide,
se perd,
cette sensation lumineuse
le déchiffrement des désirs,
un vers se répandant dans la vie.
CONCEPCIÓN OSORIO CHICHÓN
École de Poésie grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
Madrid, 26-4-04
J’ai vu un
instant la douleur s’emparer de tes yeux
se diluer comme une goutte dans le sable
entre les pages d’un livre de poèmes.
Oh ! stupide
douleur sans mots
perdue entre l’espoir et la fuite
pâle
enchaînée à son propre silence.
Fondue entre les couleurs
cri de joie sur la toile.
Claire Deloupy
Ecole de Poésie de
Groupe Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinateur : Miguel Oscar Menassa
Madrid, 27-4-04
Tout d’un coup ce silence,
ce sang sombrant dans les veines,
ce trouble de somnambule
invoquant quelques lettres
en l’honneur de tant de solitude.
Un sédiment, une argile,
une terre retournée
par la main qui l’écrit.
Une couche soutenant le lent fleuve
qui passe avec sa rage de siècles,
avec sa moisissure faite de mort,
avec ce nom historique
qui nous fait trembler.
C’est le temps qui passe
mesurant ta taille
de rive en rive
avec les bras ouverts.
Il ne reste rien à raconter.
Quelques phrases défaites
l’astuce ingénue de t’aimer entre les ombres
et cette éternelle gueule de bois
ne pas savoir oublier.