Madrid, 1-9-03 

TRANSFORMER LES PLEURS
EN UN PUISSANT FLEUVE

Sort de mes propres veines
une sueur comme un ciel
tentant une escarmouche
dans l’épingle secouée de ton baiser.
Une sale attente enfermée
sur des autels superflus
parcourt avec leur lèvre ta multitude
soupirée dans mon délire
faisant sauter des supports
d’écarlate sur les trottoirs
comme si c’étaient des papiers
écrits sur le cercueil défunt
étendu comme un diapason
sur le versant obscur
où s’abreuvent sans nom
les chevaux sauvages des pleurs,
transformé en puissant fleuve.

FERNANDO ÁMEZ MIÑA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 2-9-03

LES ÉTOILES SONT À TOUT LE MONDE

Mers, montagnes, des passages de lumières itinérantes.
La mer leur a toujours prêtés son miroir,
bleu s’ils s’enfonçaient dans le Golfe de Naples.

Elle raconte des contes des enfants lorsqu’ils découvrent
les trois maries.
Quand l’une tombe, des milliers d’années voyagent en elle.
Des centurions de l’asphalte, des miels castillans.

Quand elle tombera ce sera ma peau châle de fleur d’oranger,
la bonté est devenue triste, elle ne résiste pas.
La méchanceté comme un soupir inachevé replie les voiles.

Comme une petite fille.
Comme une écharpe à zéro degré.
Le type vivant chancelle.

La bague échappe au métacarpe.
En roulant elle arrive à la sécheresse, elle tinte,
la boue l’entrave.

STELLA CINO NÚÑEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 11h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 4-9-03

SE PROMENANT

Je suis née dans un nom dont je me souviens encore.
Dans les rues pavées d’un désir,
je suis arrivée à chaque pas, sur des lettres dans le rêve,
soupir bleu tout en haut et fringante hirondelle dans les yeux.

Inquiète devant le mystère,
j’ai ouvert les pages du dictionnaire,
hasard d’un rêve.

J’ai grandi avec d’autres noms,
lointains dans le temps,
sur des scènes montées sur ma peau
racontant des histoires sur la rive de ton corps.

Maintenant, pas à pas je continue le jeu.
Je vis entre la fleur éphémère
qui éternise pour un instant la promenade
et la tombe qui attend avec une patience interminable
le dernier vers.

MONTSERRAT ROVIRA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 5-9-03

NOCTURNE EN FA MAJEUR

Ton regard de lynx
sur ma forêt endormie,
réveille
les lumières de l’aube.

La main qui gît sur le lit
après l’amour,
tresse
tous les liens possibles
avec ton nom.

ALEJANDRA MADORMO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 11.30h Buenos Aires
Coordinatrice: Norma Menassa


Madrid, 8-9-03

DÉCEMBRE

Une rafale résolue
de froid vent du Nord
enveloppe le visage parfait
se découpant sur le soleil.
Texture de velours fébrile
douce brise de sirènes enlacées.
Le muséau humide
frôlant à peine
le vert blessant
de l’herbe dressée.
Implacable beauté
d’animal majestueux
dans cette matinee inhabituelle.
de la fin de Décembre.
Ce fut le vert brillant
celui qui s’est livré à la magie
ou à la danse
où décline l’air
quand il est inquiet,
joyeux.
Le soleil trompe
tremblant de froid
avec sa lumière.
Deux yeux
en velours ,marron
regarde vers le sud.

MARISA RODÉS PUEYO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid.
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 10-9-03

PUISSANT CAVALIER

Je sonde, parmi des lézards implorants,
comme une insulte,
le Soleil du matin.
Une parfaite prédominance de tes os
est maintenant complice des semences.

Grains de solitude indéfinie
qui, de mes fluctuations fatiguées,
de beaux météores vous extirpiez
quand moi, lisières emmêlées,
j’arrivais à t’aimer!

Parfois je rêve de répondre à l’univers
quand j’embrasse la rancœur de tes mots.  

Parfois je sens une fébrile correspondance
à tant de subtilités ignorées, quand je vis.

Je serre la vie avec les deux mains.
Je laisse couler l’être impossible
sous les lettres. J’unis à la distance
le désir de te nommer.
Vers, pardonne-moi,
ce n’était pas une question de poésie
quand j’ai douté de tes amours.
Oui, tu es lumière.
Et non pas une main exorcisée
au milieu du manque d’intérêt du monde.
Oui, tu es la vie désirée
de la mort avec laquelle je vis
et non pas veine immémoriale dépenaillée,
un pas dans la nausée
absurde.

KEPA RÍOS ALDAY
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego  


Madrid, 11-9-03

JE VIENDRAI

Je dévore les itinéraires de nos voyages.
Tu me demandes de t’accompagner
camouflée dans tes traces de velours.
Je viendrai vêtue de rouge.
Te pensant bien que l’après-midi arrive
et  toi tu te caches parmi des papiers
ordonnés
de cette réalité de monde fou.
Je vais à tes yeux
mille fois j’ai dis ton nom
mille fois tu soutiendras ce corps maudit
mille fois je t’aime
et mille autres fois je te tuerai dans un poème
pour que tu partes et pour que tu reviennes
pour t’avoir et te perdre.
Peau cannelle
fondue dans un rêve de nuit sans cap.

MÓNICA LÓPEZ BORDÓN
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 17h Alcalá de Henares
Coordinateur: Carlos Fernández del Ganso  


Madrid, 12-9-03

LA TRAME

De fragiles averses guettaient des grottes désertiques.
Des remous de feu,
taisaient des rythmes pressants dans la nuit.

Elle a pas dit non,
à la moitié exacte de son nom.

Par des treillis de sons et de mots,
elle abandonnerait des réalités inhospitalières,
des soins criblés de pénombre.

Elle fuirait estompée en des rythmes impossibles
protégée dans un déluge presque universel.

Des trames de la vie lui souriraient dans l’attente,
d’aqueux fantômes dans la gorge de la mort,

Mª ROSA PUCHOL PÉREZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 15-9-03

DES PAS

Sa voix s’est tue l’autre jour,
son corps et le tremblement.

La main ferme qui n’a pas été
revient en arômes d’une splendeur cristallisée,
des creux et des brouillards étrangers.
Énigme d’un corps fait de phrases.

Un vide à parcourir entre les bombes maniées par des latins
sans que la pluie fasse attention à nous ni que la porte
nous suggère que le lit est vide.

Elle, tendre et brutale a rempli les coffres, au cas où,
peut-être quelqu’un voit quelque chose et demande des comptes.
Elle ne savait pas vraiment récolter mais elle administrait sa solitude.

Il y avait des gens qui passait sans rien dire
et l’écho des oiseaux dans la mémoire,
les ombres du désert et l’adieu.

Jaime Icho Kozak
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 11h Madrid.
Coordinateur : Miguel Oscar Menassa


Madrid 16-9-03

J'EMBRASSE LA LUMIÈRE DE TON SEXE

J'embrasse la lumière de ton sexe
et  j'en suis éblouie. 
C'est la nuit,
et le primtemps enfleure
ton sang dans la mémoire.
Je te cherche
dans l'échelle invertie du silence,
et toi, tu souris
dans le versant du rêve.

Aujourd'hui, un vent insoumis
a enchevêtré mon anxiété et ton amour,
mon amour, au parfum
mouvant de ta voix
qui tremble et me boit,
toute soif,
enflammant l'horizon . 

PAULA MALUGANI
Escuela de Poesía Grupo Cero
Taller Sábados 19h. Madrid
Coordinador: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 17-9-03

UN SOIR 
DANS LES GROTTES D’AFGANISTAN

J’ai trop vécu en moi. Je veux dire: à la portée maximum de
mes êtres chers, dans cette perspective, dans cet enchantement.
Dans cet espace, avancer, monter, se réjouir est toujours un retour automnal.
Dans cette bonté intérieure la vie a le goût d’un hiver occupé.

Pourrais-je vivre en dehors de moi? Je veux dire, avoir une nouvelle intonation de distances.
Sortir suffisamemment pour que la blessure salutaire soit un pas au-delà.
Me gagner de cette façon.
Désoccuper l’esprit pour que sucombe dans ses avances externes et s’incarne d’eux.

Tout a été un prologue de cette transfusion:
-Je dois sortir à la chaleur impersonnelle du monde- 

SERGIO APARICIO ERROZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego

*Tableau de Miguel Oscar Menassa. Vous pouvez le voir à l’Exposition “Menassa 2003” www.momgallery.com


Madrid, 18-9-03

SYMBOLOGIE AUSTÈRE

La nuit tombe sur la ville des rêves
Odalisque s’appelle la reine
je trouve des morceaux de verre
autour de mes poignets nus.

Conjurations et envoûtement de la magie
la nuit veut te protéger de nouveau.
Longue silhouette,
pleine de symbologie austère
elle nie sa présence,
avec une déclinaison de violons.

Tu tisses des fils de sang
faisant une couronne de mariée
pour les mots sans contrées,
que tu veux tuer.

Je n’ai jamais su ta chanson
je pleure des gouttes sans couleurs
tandis que dans la chambre à un lit
je prépare ma couche,
en attendant les traces de ta chair.  

C.CRISTINA FERNÁNDEZ ARGUDO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis : 15h15 Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 19-09-03

RÉVEILLER

Aujourd’hui je dessinerai une mer éternelle,
un encéphalogramme parfait,
j’imiterai le mouvement des vagues
et je suivrai la trace des étoiles.

Je voudrai inviter Dieu à mon dernier repas
et trinquer avec l’âme sur les lèvres pour le
temps passé qui est parti.

LUIS ROGRÍGUEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 15h15 Madrid
 Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


 Madrid, 22-9-03

LA ROSE 

 Une heure
une feuille au vent
comme dans chaque pressentiment
la recherche.

Blanche comme le portrait
que ne montre pas mon âme.

Voix
qui dans le silence surgit,

voix urgente
ronde comme la vie

pierre tombale entre mes fleurs…

Je désire ardemment le vers
qui touche la Rose
et vit.

CARMEN PRESOTTO
École de poésie Grupo Cero
Atelier de Porto Alegre
Coordination : Marcela Villavella


Madrid, 23-9-03

QUAND MON DÉSIR, SOUDAIN ÉCLATERA

Quand mon désir soudain éclatera
se brisera en mille miettes silencieuses de temps et de distance,
se mêlera aux chaudes fibres de la nuit,
et ton sexe sans nom l’ensevelira…

Quand je peindrai ton visage sur les miroirs
pour voir désespérée mon véritable visage
et  je m’enfoncerai dans un puits plus noir
que ton nom…

Quand je lèverai la coupe des années
et toi, avec toute ta  sagesse derrière toi
tu me dispenseras de l’atroce exercice de te chercher.

Quand rien ne me plaira plus que ton absence
ou ta présence, et qu’il sera tard pour en finir avec tout,
j’aurai appris à t’aimer.

ALEJANDRA MENASSA DE LUCIA
École de Poesía Grupo Cero
Atelier Samedi 19 h. Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 24-9-03

LE LIQUIDE FINAL

Cette fois, j’avais survécu.
L’apparence de lucidité
était mon blindage après la bataille.

Rien n’est resté indemne.
Toute émotion fut contrôlée
jusqu’aux rictus impossibles,
succincte manière de ramper
en improvisant le rythme.

Limite incontestable, ton silence,
sereine croûte endurcie
par de sinueux méandres de la vie.

Il ne fut pas possible d’y échapper
retranchés dans des scènes suburbaines,
complices insensés du cœur,
gonflé d’ignorance.

Nageant dans la bourbe des révoltes,
un rictus survint dans ta voix,
sévère contraction de ce qui est prévu
participant au liquide final.

 Carmen SalAmanca Gallego
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h. Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 25-9-03

LE TEMPS EST

L’indestructible solitude de tes mains
arrachant des dalles
ton corps brandissant des sourires
comme une arme létale d’un impossible horizon.

Tu me murmures de lointains pays
tu te diriges à un morceau de mon oreille
qui sort emportée vers la nuit
tu touches ma peau avec tes mains de lutin visionnaire
archange de dieu ou de l’enfer.

Je découvre parmi les heures des sentinelles de l’air
tapies après le dernier pot de compote vide.
Des lèvres emmêlées embrassant sans passion
le retard de l’or,
le livre qui circule dans les chambres
palpitant de feuilles, ouvert à tes mots.

Réveil incertain vers l’abîme
d’une peau qui ne m’appartient pas
c’est le temps.

CRUZ GONZÁLEZ CARDEÑOSA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego  


Madrid, 26-9-03

  LA MAIN

Nous sommes sauvés ;
nous avons parcouru chaque nerf de la terre
chaque grain de sable
chaque aiguille du temps.
La pause terminée
nous avons arrosé la peau
avec des arômes de l’air
nous avons volé au ciel une quiétude
et les nuages arrêtèrent leurs formes.
Chacun doit naître
chacun doit mourir
s’enkyster dans des phrases différentes
atteindre avec sa main
jusqu’où sa main arrive.
Magenta et cyan
traversant l’horizon
blanc et passion
se mêlant, créant
des après-midis escarpés,
des courbes tracées
sur ta poitrine
et le gris fécondant
des diamants dans tes yeux.
Femme, tu as dit,
et les seins de ma mère
furent des tanks de miel
dans ma bouche,
une page écrite
dans l’oubli,
une matinée teintée
de mots
ouverts à l’infini.

MAGDALENA SALAMANCA GALLEGO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
 


Madrid, 29-9-03

LUMBAGO

Et ce sera ainsi, en réponse au bâton,
en réponse à la cravache
que mon dos pas si courageux
et ma hanche insurgée
seront de paisibles ruades, le précipice,
et des tirs atones, à la fin.

Celui qui ramasse pour moi la monnaie,
celui qui ramasse pour moi le papier
et le verbe déposé au sol
pour une cause absurde que mon rêve connaît,

tourne son corps comme une charnière
            et c’est si grave la pelle et la terre
            et il est si séparé notre homme
            du croc du primate, du politique,
            qu’il ne revient pas, il ne revient plus, à son état
            naturel.

Le front haut… Adieu ! Au moins
la forme courbée rappelle ma lettre,
angoissé, tordu, parallélisé,
en définitive, fini et voûté
je dis au revoir à mon homme,
je l’étreins humblement
et je demande pardon si je ne m’incline pas plus.

ANDRÉS GONZÁLEZ ANDINO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 30-9-03

PAS ENCORE

Je n’ai rien à dire,
je n’ai rien à ne pas dire.

Que devrait-il y avoir de plus important
que de respecter cette loi?
De quoi pourrais-je parler
si l’incendie est en train d’être étouffer?

Le feu est le grand absent,
la brûlure
est un verbe pour extirper ce qui s’est dit,
les corps traînés
sont la froide pluie de l’hiver,
les flammes
une métaphore de plus,
la véritable dimension
est de ne pas pouvoir brûler.

Un monde blanc mendiant dans ma tête
qui me dit qu’il ne doit rester aucune conviction,
que tout fut une rencontre pour poser devant le photographe,
le photographe
qui est une demi lune d’émeraudes
avec un vase de fleurs
bordé entre les ongles.

Le monde, c’est des colombes.

La réalité ne se promène pas par là en criant,
ni en retournant des tombes,
elle ne réclame pas à la mort ses couronnes de pleurs
elle ne pense à aucun nom
ni à ton nom
ni à tous les noms de ton nom,
la réalité s’accélère avec les roulements des creux
chaque matin
et elle veut avoir des jambes
qui soient des hanches
qui expulsent l’eau.

La réalité est un autre toi voulant resurgir
des fosses communes
et elle aspire à traverser
le signe du mur.

Je suis de toute façon visible sur la photographie
et je ne dois esquiver aucun grincement dans les phonèmes,
aucune bordure triste,
la forme est la roche,
la lave,
dynamite.

Nous sommes les froids déserteurs de la tanière
et tout le reste
des couteaux lavés qui coupent
l’urgence du sang.

Les seuls absents
sont les brûlés.

PILAR GARCÍA PUERTA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego   


Selección de Poemas Inéditos

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