Madrid, 1-10-03

LA VERTE ÉPAISSEUR DE TON SOUVENIR

Les rêves de demain
écrivent qu’il y a des couleurs, aujourd’hui
avec leurs longues tresses
de palais et de lune, dans ta pupille.

Des rêves de pot de fleurs, qui grimpent du haut
leur vol intime de chenille
leur fleur de midi, en
vert tapis, pour ma soif.

Ils murmurent de loin
ce train de mets et d’alcools
une rangée marquée de trait et d’étrier
sur la fuite de tes cheveux.

Je me réveille encore de la guerre,
et les bras amputés depuis le nord,
surveille le temps,
comme un drapeau au dernier passager
déguisé en mort,
la verte épaisseur de ton souvenir.

CARLOS FERNÁNDEZ DEL GANSO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 2-10-03

LA FEMME ET MOI*

Elle, elle aime et tremble,
toute entière douleur
femme de peau et de feu
être de temps, d’infini.  

Elle ne dit pas sa crainte,
son désir non plus.
Elle feint qu’il est son maître.
Une chaîne dans la ceinture,
un voile cachant le visage.

Elle jouit de ses blasons,
maîtresse de la clé de la vie,
trouble aigrette, lionne domptée,
tempête dans une mer de lumière…

Des mots pour qu’un homme l’écrive.

CONCEPCIÓN OSORIO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
*Titre du livre de Miguel Oscar Menassa


Madrid, 3-10-03

PARFOIS

Parfois mon cœur n’en peut plus.
C’est un cheval sans maître
un long hiver.

Il compte ses pétales
et se demande
combien durera la nuit.

Parfois je n’ai pas de souvenirs.
Seuls des tentacules de soie
sur mon âme.

Claire Deloupy
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 6-10-03

LE TORSE

Comme une carte sanglante
le torse pend, ouvert
déplié entre des artères fracturées
fleurissant sa douloureuse géographie mutilée.

Des veines de blanche graisse et de tendons
traversent parallèles de pôle à pôle
les hémisphères aggravés
la peau exposée de leurs entrailles.

Suspendu sur l’axe des crochets
est exposé l’ancien martyre
de l’animal domestiqué,
labile sur son parcours nu
beau sur son profond revers.

Une odeur tiède de chair exposée traverse l’air
parmi des mouches de fièvre de dernier souffle,
vacillant leurs fines pattes de montre justicière
sur la bave sinistre de leurs yeux ouverts.

 RUY HENRÍQUEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 7-10-03

LÈVRES

Lèvres,
des rubis de l’aube
ancrées dans cette peau de désir
qui retient mon pas.  

Même si je prends mon vol
et que le ciel est la passion
je m’avoue l’otage de mes rêves
amante, enfin, de la vie
ange de la confusion
foyer vivant de l’amour.

EVA MÉNDEZ HERRANZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 8-10-03

JE RENDRAI FOLLE TOUTE PAUVRETÉ

Les sens qui habitaient notre sang ont eu un battement parfait.
Brillante langue, léchant les plaisirs extrêmes sur toutes les rives.
L’empressement des étrangers s’est fait chaque fois plus sage.
Chaque code a été fait pour être transformé.
Oh Dieu!, pourquoi m’as-tu enseigné à la perfection, des secrets du langage
              que tu as inventé!
Il n’y a rien dans les mots idiots!
Nous, nous sommes restés des jours entiers éveillés en ta présence, seulement pour t’écouter
             nommer la synthèse du verbe.
Mon corps entier est un oiseau de haute montagne et il possède un cœur qui ne
            craint pas tes vents.
Dieu, le carnaval commence et toi tu gagnes le prix du mieux déguisés.
J’attendrai le jour du jugement final de conserver avec toi tranquillement, pour
           
écouter ta sentence.
Cette éternité est celle que je désire.
Elle fut la luxure de t’avoir donné mes baisers et mes caresses, celle d’avoir
joui avec tout
mon corps, celle qui a purifié le sang par cet amour absent.
Pour dépenser tous nos baisers en une seule nuit, nous avons été complices
de n’importe quel désir.
Je reconnais connaître cette habitude du vide parfait.
La mélancolie du souvenir, découvre intact notre impossible.
Je te le promets amour, je rendrai folle toute pauvreté, je dirai toujours non.

LUCIA SERRANO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 11h Madrid
Coordinateur : Miguel Oscar Menassa
Du livre inédit « Comme la passion même »


Madrid, 9-10-03

IL FAUT CRÉER POUR VOIR

Peut-être qu’il ne s’agit pas d’une théorie
ni d’un rebond quelconque
ce sont mes mains
un corps à corps
elles et mes yeux.

La lutte est cruelle:
elles ne veulent pas voir.
Elles allongent au sol
leurs appendices pour l’anesthésie.
Elles dorment leurs rêves
où, la folie dans le dos
elles abandonnent la lumière
élèvent le courage de l’animal
et dans le sens de la nuit
font de l’amour
un oubli définitif.

CLÉMENCE LOONIS
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 10-10-03

MAISON SAIT

Il y eut l’histoire
d’un amour
fantastique et cruel,
de pulsation,
de battement organique,
de sexe et de misère.
Il y eut l’amour
de midi
d’aucune ombre
d’aucune croix.

Il y eut l’amour
qui fondait des mondes
en rêves millénaires.
Il y eut une soie vierge,
des lettres de créance et des témoignages,
des nœuds indéchiffrables,
début et fin.

Et il y eut davantage,
et d’autres histoires,
mais le ciel aussi fuit,
et il n’y a pas de lien décidé
pour amarrer son cou en révolte.
Et l’âme le sait
et la maison
qui a enregistré
l’histoire,
le sait,
et elle et lui
qui ne savaient rien,
furent deux inconnus
deux innocents
blessés par trahison.

MARCELA VILLAVELLA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 11.30h Buenos Aires
Coordinatrice: Norma Menassa  


Madrid, 13-10-03

UN APRÈS SANS APPARENT,

Un après sans apparent,
coupé ça oui
à la hauteur de celui qui est sans mesure définie.
Plusieurs à la portée
d’un sans retour
mais avant de tomber.

Quelques vols marqués
peut-être visibles
peut-être nus par le manque d’habitude.

Et tout est
juché sur une carte
sans lumière dans le bas
sur le profil où l’ombre saigne.

HERNÁN KOZAK CINO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 14-10-03

LES NUITS SONT COMME DES GÉANTS
QUI ATTRAPENT  MES PAUPIÈRES

Les nuits sont comme des géants qui attrapent mes paupières,
les nuits me tuent, débloquent ce qui fut pensé
et asservissent mon corps.

Elles me font peur parce que je ne veux pas rêver
et c’est pour ça que je ne dors pas, je ne dors pas.
Parce que le fouet des rêves
punira mon nom au milieu de la brume
et je me perdrai, je le sais, je me perdrai
sur les arrêtes des précipices
construits par mes phantasmes
et je tomberai de la falaise sans nom
où m’attend la mort.

Parce que sur le trottoir, ce n’est plus mon corps qui se repose,
mais mon spectre et dans la rue ce n’est plus celui-ci qui se promène
mais l’autre qui n’est pas moi et m’assassine à chaque pas.

MANUEL MENASSA DE LUCIA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17,30h Madrid
Coordinatrice: Alejandra Menassa de Lucia


Madrid, 15-10-03

ODEURS DE LAVANDE

Odeurs de lavande-intense-,
nouveaux désirs
je décrète la paix imprégnée de musique
je déclare abolie la mort fugace de tous les jours, ses vacillations dans mon espérance,
abolie aussi la mort cruelle et soudaine.
Mes jours viendront de parfum de miel et d’habitude.
Je marche dans mon temps, j’esquive ta colère
nous verrons plus de lumière sur la terre.
Ostentatrice d’amour, je t’enveloppe dans mes châles de vent
je compte brillants et cristaux, je hausse sur le sol un hébergement fort pour mon sang
-éternelle de voler-
j’atterris, je mets les pieds, sur ce destin planétaire,
lettres, à la fois oxygène et stratagème privilégié
dansant follement devant mon regard.
Souffle déchiré de peau.  

MARÍA CHÉVEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 11h Madrid
Coordinateur : Miguel Oscar Menassa
De son prochain livre : «Veille du temps »  


Madrid, 16-10-03

MOURIR EST INDÉCENT

Enterré sous les tiges orphelines de sépulture
je laissais quelques larves s’emparer de mes tripes
alors que la chaude plaine du crépuscule approchait
tes pieds de givre sur la pelouse qui me couvre.
Il arrive certaines nuits que le désert inonde
depuis les versants ailés les lointains réverbères
qui inaugurent une déambulation d’ombres.
Mon corps se plaint déjà avec un insistant bégaiement d’oie
alors que la sensation prend possession de mes ongles
arrachés aux vers quand le malaise s’endort.
Un sans arrêt de sirènes crient leur nuit.  

 FERNANDO ÁMEZ MIÑA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 15.30h Madrid
Coordinatrice: Alejandra Menassa de Lucia  


Madrid, 17-10-03

LE BRUIT DE TA PLUME

Iode du cou aux pieds, enfance en écume
moitié fleuve, moitié mer.
Sorcière et religieuse, un tourbillon danse, trou en vantardise
d’ensemble vide.

Ça gratte comme si la feuille allait lui donner un fils.
Ça gratte comme si les cheveux n’était pas une peau de plus.
Ouvrez une vie à la rue, avant de m’ensevelir.
Près d’une source, où un bas-relief de lys
se laisse regarder.

STELLA CINO NÚÑEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanche 11h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 20-10-03

AMOUR À CŒUR OUVERT

Le poète a rêvé ce versant de lumière,
entièrement feu et sexe, entièrement mots au vent,
des couleurs incrustées dans les yeux,
amarrés à la danse de ta peau sonore
se dispersant sur les jours à venir.
Le futur est devenu lumière:
un hurlement doux de l’humaine Terre,
le galop cybernétique de ta voix
un tournoiement d’étoiles prisonnières dans ta main.
Poète peintre de rêves…
De la prison de la main,
avec l’alchimie sidérale du désarroi,
un amoncellement de poèmes dans la plaine solitaire,
cavalent sur la toile de l’amour,
à cœur ouvert
sur la vaste surface des rêves.
Furtif le souffle,
faim de rétine, de pupille assassinée,
d’un baiser de cristal troué
d’une nuit amoureuse, passion océanique
de l’interdit.
Amour à cœur ouvert
implacable coup de fouet,
de soif de nuit,
d’œillets vertigineux
grandissant dans l’obscurité
de ta pupille.  

PAOLA DUCHÊN REYNAGA
École de poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 21-10-03

LE TORSE

Le temps comptait son propre pas,
entre les bras du sable.
Il haussait sa voix le vent sec,
protégeant l’ouverture du mystère.
Juché sur le marbre, un souvenir
déjà privé de sang, palpitait sur la surface froide de ton souffle.  

Dans l’air d’anciens désirs dansaient,
battant des ailes sous le crépuscule.
Ton regard de pierre
enchaînait mon chant vers l’intérieur des terres.
Absents, tes jambes et tes bras
parlaient d’une vie d’amour et de pensée.  

Ton torse, ambassadeur de l’histoire devant mes yeux perplexes.   

MONTSERRAT ROVIRA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego  


Madrid, 22-10-03

ELLE ET SA LUMIÈRE

Seuls
au milieu de l’épais brouillard nocturne,
nous rêvions nos rêves.
Et un énorme globe rouge
berçait nos têtes.

Il n’y a pas de lune qui ne rende opaque notre étreinte.
Il n’y a pas de soleil
qui ne fassent briller plus de mots
que les miens
alimentant un crépuscule
qui veut être lumière.

Je te dis, alors,
ce n’est que le mystère de toutes les choses.
L’univers dans sa quiétude de mer,
une ceinture de sable
dessinée sur le mur.
Et la musique…

Les violons explosaient
sur des horizons de minuscules croches
comme des fourmis,
sautant du violon à la contrebasse,
du violoncelle au ciel.  

Et de nouveau
comme un velours bleu,
ce rythme inoubliable
faisant honneur à l’amour.  

ALEJANDRA MADORMO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 11.30 Buenos Aires
Coordinatrice: Norma Menassa  


Madrid, 23-10-03

UN CHAMP INFINI

Un champ infini
ton silence et aucune étoile.
La nuit, nue
sa longue cruauté;
même l’horizon est muet.

Je demande tes limites, amour,
un mot
se déployant sur la peau,
pulvérisant, tant de limitations.

PAULA MALUGANI
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 24-10-03

ILS DORMENT DANS LA VILLE

Ils dorment dans la ville,
cris glissant comme un étrange nuage astral,
moulant des visages inventés sur des conseils subtils
où le mot rajeunit des mondes infinis,
démolit le caillot des draps de l’anguleux édifice,
aidé par son bourreau il rend les maléfiques vents,
fixe la nudité.

Dorment dans la ville
des déterrés mélancoliques
des assassins mangeurs de biscuits
contrebandiers officiels de missiles d’occasion
alors que les fruits de mer s’enlisent dans le quartier, la pierre
et le petit de la baleine agonise sur la plage.  

Le manque d’eau,
intoxiquée en excréments industriels de basse qualité.  

Dorment dans la ville les survivants
les assassins
quelques innocents qu’on ne doit pas regarder dans les yeux.

Jaime Icho Kozak
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanche 11h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa  


Madrid, 27-10-03

PUISSANT CHEVALIER

À peine le siècle s’étire
le chevalier autoinvesti
fait irruption
se fraye un chemin.
Son doigt
ivre de certitude
signale l’ennemi
blessant dans sa différence
d’avoir
ce qu’il ne possède pas.
Il arbore des lauriers
de puissants attributs
qui l’égalent
à son rival.
Lui, il se dit chevalier
bien qu’il semble une brute.
Seule son ignorance
est plus grande que son pouvoir.
Paradoxes
pour les premières lueurs du millénaire.

MARISA RODÉS PUEYO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 28-10-03

LA FEMME ET MOI

Une muraille traversée par la candeur
où les colombes meurent sous le Soleil.
Elle s’affaire à l’impossible
creux du murmure. Une sécheresse incontestable
apaise l’écroulement de ses amphithéâtres
quand elle pénètre d’immenses balustrades
lançant par son front de sinistres défis.

Elle rend triste le vainqueur et ruine l’oisif.
Elle n’est pas pendue à une corde
ni ne prolonge interminablement
sa tâche dans les métiers à tisser.
Elle manigance une trahison au destin,
comme celui qui embrasse les lèvres
engourdies de sa victime.
Elle faisait partie du tout
comme l’enfer qui s’aime,
ou comme la montagne interminable
où se perdait la vie autrefois.
Elle était du fourgon le dernier brouillard
et de la rivière
la constante menace d’un réveil soudain.

Elle était déjà l’ère de la folie quand toi
tu as rempli l’infini
sans dévoiler le secret de mon âme.

Écoute-moi forcer la serrure de ces traces,
témoigner les instants
qui ont serré le souffle,
la syllabe que a hurlé la vase
sautant à son visage immaculé,
parcourant le corps classique
de la femme
nue comme la toile.

KEPA RÍOS ALDAY
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego  


Madrid, 29-10-03

JE RENAIS

Je renais à chaque tour du jour
dans les matinées froides ou silencieuses
dans les sifflements du vent
dans le souffle immense d’un sourire.

Mes os filent le drapeau
d’un cerisier au printemps
et je renais, oh mère
dans le regard ouvert de l’aube.  

MÓNICA LÓPEZ BORDÓN
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 17h Alcalá de Henares
Coordinateur: Carlos Fernández del Ganso


Madrid, 30-10-03

INTENSITÉ 

Il y a une douleur que j’ignore,
qui me dépasse
dans cette intensité endormie.  

Mª ROSA PUCHOL PÉREZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego  


Madrid, 31-10-03 

LA TRAME

Les lettres d'araignée
avec lesquelles tu reçois les choses,
c'est faux.

Laisse-les telles qu'elles sont..

L'éecho des jours n'a pas besoin de toi.

SERGIO APARICIO ERROZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Selección de Poemas Inéditos

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