Madrid,
1-7-03
C’était
mon double,
la lunatique présence du néant;
mon ombre,
intrépide obscurité en pleine
d’après-midi,
l’angoisse attachée à la bouche de l’estomac,
une machination qui sustentait le jour,
la trame qui le complétait
le tas de mots lancés au vent
comme des graines de fleurs volatiles
avec lesquels je me disputais
jusqu’à tomber d’épuisement.
Elle
ne connaissait pas le fond, cette perpétuelle lutte:
entre la brique et la faux
le fantasme et le poète
la ligne et le point à la ligne.
Être
le comédien de mes jours
était le destin qui m’attendait:
rien de ce que j’ai connu
ne m’était réservé,
cependant,
je me suis accrochée de toutes mes
forces
pour construire ce destin
de vers cachés.
EVA
MÉNDEZ HERRANZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
Madrid,
2-7-03
Je
cède mes droits et j’évite de m’inquiéter pour n’importe quel message
externe.
Amour, ils ont payé pour toutes mes larmes, une somme exagérée dix minutes
avant ta mort.
Soumise et sans liberté, j’accepte que meurent aussi les immortels.
Prison où ni l’or ne brille.
Peur face à la fin muette.
Tu voles nouveau-né, temps ou rien ne souffre l’impossible.
Le futur est déjà passé entre nous, amour.
Aujourd’hui, même le vers perd de la valeur.
Mes désirs se sont évaporés dans l’air tiède du printemps.
De primitives notes dansent autour de moi et arrêtent le départ de ton
corps ailé dans mon regard.
Tous les rêves furent aveugles face à ta mort.
Ce vendredi, je n’irai pas te chercher.
Demain l’humanité entière sera pour le poète, une audace andalouse.
À partir de là, nos rencontres seront convenues et le lieu, sera lointain.
LUCIA
SERRANO
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 11h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa
Madrid,
3-7-03
C’est
un son de trois phalanges
qui m’appelle.
Un, vertical, aux soleils de vapeur
et trois troubles blancs
pour paralyser les yeux.
Là, je rentre, tout regard.
Guidée par le passage de lumière
je prends du rouge
la passion éclaboussée.
Des marches transparentes
s’accrochent à la force
que dirige mes pas.
Les visages prennent de mes veines
une douceur de battement
une mort à venir
et s’élancent chaque fois
sur l’instant bleu.
CLÉMENCE
LOONIS
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
*Tableau
de Miguel Oscar Menassa, vous pouvez le voir à l’Exposition
Madrid,
4-7-03
LE
TEMPS DU SILENCE EST ARRIVÉ
Le
temps du silence est arrivé
la journée avait soixante heures grises au revers,
les appâts usés de ses yeux,
les quatre plats vides,
les verres sales.
Rien,
plus personne ne dirait rien.
Il
est mort et ni même son souvenir ne me calme.
HERNÁN
KOZAK CINO
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
Madrid,
7-7-03
SEULS
CES PAS À TES CÔTÉS
SE VOILENT DANS LA MÉMOIRE
quand je marche à quatre pattes sur ton corps ensanglanté,
je regrette la cause qui nous a amené jusqu’à l’abîme bleu
des soupirs comme des roches qui nous attrapent.
Seulement
dans la nuit où j’entends les pas de l’affamé
je me rappelle être arrivé au centre même de la douleur
avec la solitude sur le côté fendu de mon ventre
un déplaisir seul fouette les rues où je vis.
Seule
la croissante foule qui crie en agonisant
calme la soif du débauché investi par un peuple
qui désespéré hurle à la lune comme un chien
Qui pourrait s’approcher de la charogne sans se tacher ?
Seuls
des pions d’échecs où la partie a déjà commencé
des coups d’autres mains, mais sachant toutes leurs règles :
ils ne servent à rien les cris de
plainte que crachent les réverbères
et tachent le visage des boites aux lettres de l’état pour toujours.
Seulement
cette nuit je resterai avec l’odeur de ton corps
me fouettant les os à la fenêtres des rêves
je donnerai seulement le dernier râle d’air dans la dernière caresse
à toi, qui verse dans mon regard l’atlantique furieux.
MANUEL
MENASSA DE LUCIA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h30 Madrid
Coordinatrice: Alejandra Menassa de Lucia
Madrid,
8-7-03
Peut-être
qu’un matin le soleil ne se lèvera pas.
Peut-être qu’il n’y aura personne capable de me nommer
ni de vent qui fasse bouger mes cheveux
ni d’épée qui ne veuille aller à la guerre.
Peut-être qu’un matin je ne mourrai pas
et que je voudrai vivre comme une pomme
monter au ciel comme la vierge
baisser la tête à ras de terre.
Le froid des heures
sur le silence qui m’appelle
dans la luxure des verbes
quand personne ne parle
quand le rêve se tait.
Peut-être qu’un matin
comme un fauve indigne de ses griffes
gardée par la sphère et la barbarie
je voudrai m’enfoncer dans les tranchées de la vie.
Alors la parole
parlera de la voix.
AMELIA
DÍEZ CUESTA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa
Madrid,
9-6-03
Si
la beauté t’encercle, te serre et t’aime encore
quelque chose t’attend en elle.
Elle dresse ses épaules abattues, remue les deux bras
sent comme un oiseau ou un pianiste
elle exerce cette vie qui murmure entre les doigts.
Cèdre et musique
valkiries et nibelungen, bois bleus, parmi les marques.
Et, surtout, elle aspire aux parfums doux
ton scintillement infini estompé et éphémère.
Si
quelque chose pourri et tu ne le supportes pas encore,
si la mort éclate chez des peuples aimés,
si ta planète brûle en plein été,
honore tes prédécesseurs et aussi dieu
quand ce sera nécessaire.
Décombre et brume, devance le pas
toute entière battement et trouvaille.
Cette
femme écrivait et aussi l’autre et encore celle
qui vivait dans un pays à l’ombre et lui chantent encore
aussi quelques-unes au geste audacieux erroné, soumis à l’immensité et
négligents.
Celles-ci venaient du sud ravagé, elles étaient des eaux antarctiques
celles qui frôlaient leurs vers.
Et en pleine caraïbe, de femmes plus vieille encore que moi
alternent la haine avec loisirs et amour…
Chercheuse
d’ambre,
nymphes, astronautes,
loin dans le temps je parcours les voies d’une chauve-souris incertaine
perdue dans le soleil.
Je partage ce sang sans chaînes
ces vols hasardeux vers la lettre et leur passion.
Une
autre femme m’écrit et dit que je suis ses tourbillons de fumée,
qu’elle aime de moi son propre amour, alors que l’eau des grottes tombe avec
une mollesse infantile.
Et
cette femme que je suis, encore morsure et lumière,
se cache parmi l’espèce
comme une aristocrate insensée et puissante,
en voyage perpétuel vers la lune, traversant parmi les bruits électroniques
cet orchestre de feuilles persistantes forgées dans un corail mortifère.
Cette femme que je suis écrit
parce que
parce qu’avant de naître s’entendent déjà
les murmures d’un mugissement universel.
Parce que le poète qui vit dans la poésie lui souffle les vers
en plein vent de furie juvénile
lui serre avec force la main jusqu’à la douleur
jusqu’aux larmes, jusqu’à ce que le poème claque
entre les pupilles anciennes s’entourant de mer,
d’univers,
d’étoiles chaque fois plus proches
de sommets allumés,
de chaleur végétale qui n’est point sombre
de tendres animaux joyeux de marcher. De joues fraîches
roses d’aimer.
Cette
femme que je suis et écrit commence à déchiffrer
une autre énigme qui marque sur son corps
les traits dilués d’une chair bestiale.
Cette femme écrit et vit chaque jour jusqu’à la fin.
Sachant qu’elle l’est, bien que peut-être…
Voir un film noir, croiser les doigts, me souvenir de ma mère
cuisiner des mets exquis, penser à la décoration
me régaler de grandeur, d’abondance
de voyages dans des temps jamais trouvés
aimant et poème circulant dans l’infini.
Cette femme que je suis écrit,
parmi des saveurs et des sons invisibles,
avance au milieu de gouttes de pluie et de feuillage
vers le destin de lumière de son propre néant.
Vers ce qui est omis
vers ce qui est prononcé.
MARÍA
CHÉVEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 11h Madrid
Coordinateur : Miguel Oscar Menassa
De son prochain livre "Vigueur du
temps"
Madrid,
10-6-03
Sagement
la frénésie, amplifie des vibrations,
c’est une couleur qui égrène des humidité palpitantes.
Elle peint au vol, cette chaleur fondue sur les bords
comme une image aimée entrant par les yeux
sans cesser de se répandre sur le pinceau.
Une
étoile filante émeraude embrasse une mer furieuse
comme un potager d’oliviers.
Les coups de pinceaux vivants ont pris position,
avant que l’anxiété reposante les laisse
hors jeu.
Il
y a une traduction simultanée,
un nombril fait de temps que le
jaune naple précipite permanent.
Délicatesse en mouvement, turquoise, rouge,
murs d’albâtre, grotte ouverte.
Île des fleurs de l’amour.
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 11h Madrid
Coordinateur : Miguel Oscar Menassa
*Tableau
de Miguel Oscar Menassa, vous pouvez le voir à l’Exposition
Madrid,
11-6-03
Ton
cœur de vent et de lumière
redoublant de paysages tumultueux
claviers de la nuit
sons dérivés de ta voix.
Tes mains se haussent embrassant
le temps et amoureux,
comme une tresse de couleurs
s’attachent à ta ceinture.
Elles sont le sommet par où se
brise la nuit,
par où s’échappe le silence
petit labyrinthe de solitude
équinoxe abattu de tes lèvres
volant dans l’obscurité
comme un papillon libre.
Amour construit avec des silences
et des mots, des phrases qui tissent
des toiles d’araignées, des filets de poissons et des bijoux,
une douleur appelée vie.
PAOLA
DUCHÊN REYNAGA
École de poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa
Madrid,14-7-03
Les
dieux de nouveau dictent une sentence.
Tant de fois j’ai écouté leurs voix
sévères, métalliques
entrant dans ma tête
comme une balle en or,
mais cette fois
ce n’était pas mon corps ni moi
qui griffait sous la terre,
qui mangeait de la charogne en pleine nuit
pour fuir des regards,
qui avait l’âme inculte,
cette fois
ce n’était pas mon corps ni moi,
cette fois elles ont vociféré loin
jusqu’à élever leurs cris
hors de ma portée.
MARCELA
VILLAVELLA
École
de poésie Grupo Cero
Atelier vendredi 11.30 Buenos Aires
Coordinateur: Norma Menassa
Madrid,
15-7-03
Les
jours en passant,
laissent un sillage profond dans tes yeux,
pluvieux comme l’hiver.
Un
tremblement de ciel te palpite,
d’une nuit d’amour,
parmi les os et les veines
loin de la page blanche.
Insensée,
l’espoir t’entraîne
dans un champ stérile de souvenir sans montre :
le calme est un présage misérable,
il séquestre ta voix.
À
l’improviste, un vers arrive dans la chambre,
réveille ta vie de la torpeur funeste,
une histoire allume dans ta main
au rythme du temps.
En
passant le poème est regard,
il livre ta mémoire à d’autre doigts,
ouvre la fenêtre à un monde fugace, mais certain.
MONTSERRAT
ROVIRA
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
Madrid,
16-7-03
Elle
marchait son violon sur le dos,
sa tenue d’amidon
et ses mots vendus
à la nuit.
Elle
vaguait dans les rues de mon quartier
sans maladresses,
les pieds légers
et un sourire
qu’elle arrachait à quelque conte.
Elle
n’avait pas de monnaie de cuivre
dans les poches,
infirmière d’ombres et de distance,
elle mettait son corps
au service de l’amour,
ramassait les restes
sur des draps vides,
et de temps en temps, chantait des chansons de guerre
écoutées pendant l’enfance.
Elle
ne croyait pas aux miracles
cependant,
elle était toujours accompagnée
de quelque rêve.
Quand
elle revenait
des ombres de l’amour,
une autre femme
peignait en elle
ses lèvres.
ALEJANDRA
MADORMO
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 11.30h Buenos Aires
Coordinatrice: Norma Menassa
Madrid,
17-7-03
Ils
vont bombarder l’Irak
Ne vois-tu pas danser les corbeaux?
Ils prédisent des trombes de mort,
tandis qu’ils mangent les yeux
d’un enfant réveillé.
Il n’y a pas de mère ici qui le protège,
il n’y aura pas de fleurs non plus à son enterrement.
Ils
vont bombarder l’Irak.
Ils veulent boire dans leurs veines
le noir élixir d’un rêve,
de doux yeux enfouis
dans les crinières du désert.
(Je crains déjà, je ne t’ai jamais trouvé
sous cette pluie de fer).
Ils
sont en train de bombarder l’Irak!
Et le même enfant devenu homme
aujourd’hui est le corps du peuple.
Il
a déjà l’odeur des puanteurs de mort
tapi, en silence.
Les latrines transpirent du sang,
la griffe du lévrier blond
impie, a détaché le vent;
une poudre s’éparpille…
Et dans l’ombre de la crypte
le tic tac du temps ouvre le feu.
Il
n’y a plus de bombes sur l’Irak.
Aujourd’hui je te cherche et ne te trouve pas,
seulement les orbites vides
leur ont arraché les rêves.
Ni les corbeaux ne survolent
la pénombre du silence.
Il n’y a pas de recoins
ni même dans les tranchées
où planter quelque chose de nouveau.
Les têtes de mort guettent
et avec le dernier souffle,
je continue à chercher un refuge
sous les mâchoires de la peur.
Il
n’y a plus de bombes sur l’Irak.
Le monde tremble sans défense
parce qu’il n’y a personne qui se protège
de la blonde urine des chiens.
PAULA
MALUGANI
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa
Madrid,
18-7-03
Il
n’y a que du vent à la fenêtre.
la nuit redevient l’excavation des parfums
le tissage gravide des os dans les saisons.
Je
consulte de vieux livres et une mèche de ses cheveux,
j’étrenne des gestes sur la feuille qui tombe quand nous grandissons.
Elle
était l’héroïne des murmures,
inclinée à l’élan de tempêtes dispersées
comme la fugue d’un cœur ouvert.
J’ai
levé les mains dans une indicible supplique,
pour trouver les yeux avec lesquels elle m’avait vu
et je ne la cherche plus.
C’est la figure qui se transforme
lumière de temps
soleil de crépuscule qui ne se voit pas
rosée
fille et femme
étranger
mère et mort.
Jaime
Icho Kozak
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 11h madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa
Madrid,
21-7-03
Le
bois crépite
dans le foyer déchaîné
berceau de flammes bleutées
méritante de mots
monstres
de rêves dévastés.
Des passions brutales
consomment les gens.
Tous les mots
brûlés
par des enfants cruels
des tyrans puissants
livrés
à leurs désirs fous.
Ils jouent à fléchir des volontés
turbulentes,
disent-ils.
Le
feu se propage
MARISA
RODÉS PUEYO
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
Madrid,
22-7-03
Ce
frisson n’est pas infini.
Il meurt sur ma peau le rayon
qui a illuminé le réveil de ma figure.
Anéanti
j’ai été le soldat dépossédé
qui dormait
près de la solitude.
Un
jour
je laisserai ce frisson dans un coin.
Le froid de l’aube
s’introduira dans mon être.
Comme un jeune tympan je regarderai
la ville définitive.
Par ses multiples façades
je me laisserai tomber
craignant de trouver
à la fin l’infini.
L’air infini,
la lourde pluie qui gèle…
Des balcons jaillissent
des larmes d’adieu.
Parce que je m’en vais,
je suis toujours parti.
Captivé par les déserts,
je suis tombé dans la soif infinie
comme une goutte vide.
Fait de lave du crépuscule
hors de moi,
ombre sans destin,
reflet du soleil.
KEPA
RÍOS ALDAY
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
Madrid,
23-7-03
J’embrasserai
ton cadavre
de hêtre ravagé
sans même respirer une fleur
de ton souvenir entrecoupé.
Quand les caresses touchent la
fente
oubliée des heures
quand les murmures seront
porcelaine scellée
quand les mains frôleront l’éreinte
humide
chancelante
dans nos erreurs et nos chutes.
J’embrasserai ton cadavre
mon cadavre
notre cadavre embelli.
Tes yeux ont volé un instant
et moi
je n’ai rien pu faire.
MÓNICA
LÓPEZ BORDÓN
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 17h Alcalá de Henares
Coordinateur:
Carlos Fernández del Ganso
Madrid,
24-7-03
Les
trous de l’étonnement
ne
renoncent pas à observer
de
brillants instants de lumière
aveuglant
les
yeux de l’oubli.
Il
n’y aura plus de diaphragmes
paralysant
de
respirations entrecoupées
ni
de paradigmes obsolètes
obstruant
le regard.
Sans
continuité,
à part,
sur
les versants glissants
de
mon nom,
des
gorges insonorisées
réclament
les jours à venir.
Mª
ROSA PUCHOL PÉREZ
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
Madrid,
25-7-03
“Nous
serons ce qui vit et meurt
dans une déviation ».
Miguel Oscar Menassa
Je
ne pourrai jamais te cerner.
Peut-être es-tu
les lèvres qui propagent
et rassemblent
la jungle.
La rumeur du dernier chiffre.
Je
ne sais pas.
Tu
es aveugle aussi pour toi.
Nous
voyagerons ensemble
et la mer est irrémédiable.
Comme elle est fertile cette nuit qui s’invente
à base de points de suspension!
Un
bois silencieux d’êtres qui voudraient se parler.
Chacun
part à la rencontre de l’autre
mais il y a des tunnels de souvenir
aux aguets de l’humour
des cadeaux de vie commune
qui peu à peu
nous dévient.
SERGIO
APARICIO ERROZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
Madrid,
28-7-03
Ancien
boucanier
Capitaine
de bateaux naufragés
je me trouve de nouveau
emporté
par des mots de douleur
comme des vagues emballées
par des souvenirs
d’équipage perdus.
Vent
en proue
arrimage à la dérive
inondée la sentine
la tempête me lance
impitoyable
la même écume
qui sur de sereines plages
a baigné ton doux corps d’ivoire.
Aujourd’hui,
j’accomplirai mes devoirs
la mer me réclame
comme le faisaient
tes douces mains
tes baisers démesurés
ton plein sourire final.
Je jetterai dans tes yeux telle une ancre mon âme
calme devant tant de destin
et d’une gorgée
je boirai l’immense atlantique
d’un coup de rien.
ROBERTO
MOLERO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredis 11.30 Buenos Aires
Coordinatrice: Norma Menassa
Madrid,
29-7-03
Cet
après-midi de printemps
les pas lentement, devenus mots.
Regardant
du seuil
je n’ai pu t’admirer comme avant,
je pressais comme la montre les heures
je dormais parmi des espérances de chauve-souris
mais toi tu n’es jamais venu me chercher.
Comme
quand je t’appelais en criant
et ton silence était si haut
que tu me frappais sans cesse
dans de débordants coups de prières.
Aujourd’hui,
30 ans sont déjà passés
je peux te voir avec d’autres yeux
t’admirer pour tes victoires
comme les trois étoiles tatouées
dans le ciel, que tu as faites
les porter de jour en jour
sur le chemin du bonheur qu’un jour ils t’ont montré.
Avec
les étreintes maintenant partagées qui
ne sont plus seulement l’illusion d’une petite fille
parce que tu m’as appris à regarder
d’un autre côté
et de l’autre côté de la mer,
j’ai rencontré ton sourire.
C.
CRISTINA FERNÁNDEZ
ARGUDO
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 15.15h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
Madrid,
30-7-03
C’étaient
des hommes et des femmes
et ce sont des hommes et des femmes tracés
sur une feuille de papier. Mouvement de
doigts sucrés, commençant
un voyage sans retour.
Des
hommes et des femmes immortalisés dans le temps
au son du mouvement nacré des doigts
des futurs à découvrir.
Et
c’étaient des hommes et des femmes de chair et d’os
traçant un monde à vivre.
LUIS
RODRÍGUEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier samedis 15.15. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
Madrid,
31-7-03
Pronom
d’une illusion
et le drapeau fatigué
à la fin de la bataille.
Muette
dans la pénombre
je traverse le pont de l’agonie
captive d’un souvenir.
Des échos du crime
la monotonie,
le visage de la solitude
l’horreur d’être tranquille.
MARA
BELLINI
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier de Porto Alegre
Coordinatrice: Marcela Villavella
Madrid,
7-8-03
UNION
LIBRE
Ou
est-ce un faux pas,
c’est mon être qui se dresse.
C’est moi qui cherche ce qui n’a pas été.
Dites
à mes amis
que l’innocence est morte.
Dites à mes amants
que ‘ai vécu.
Que
la vie a tracé des sillons d’argent
sur les rives de mes fleuves
et des rides aussi vieilles
que l’ancienne nuit
ont sillonné ma poitrine.
J’ai
erré oui,
autant de fois que le poisson remue la queue
entre les récifs
de coraux sanglants.
J’ai
marché le long
d’un récit usé.
La largeur d’un silence,
palpitant et ouvert.
La
somme de tes noms,
le carré des pleurs.
J’ai
erré, oui,
humain, être de pierre
et je dois continuer à errer
jusqu’à blesser les semelles
immenses de la chaussure.
ALEJANDRA
MENASSA DE LUCIA
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa