Madrid, 3-2-03

LA MOITIÉ DE MA VOIX

Au milieu de vieux ustensiles
j’improvise un amour
alors qu’un vers noir
tourne dans mon sang.

Humide et atroce
sur mon corps
une rumeur de gestes
descend en toute hâte,
un dernier soupir,
la moitié de ton silence.

FERNANDO ÁMEZ MIÑA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
 Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 4-2-03

EH!, BANDONÉON

Tu vois comme je vole parmi les plumes d’un aigle guerrier.
Esclave je suis entre des fers de mort aux aguets.
Trompettes de l’oubli, feuilles où pendue je trouve l’espérance.
Si tu regardes de nouveau, si tu bouleverses mon visage, ne touche pas le topaze
qui avec des copeaux écarlates, donne à chaque hôte sa main d’auberge.

STELLA CINO NÚÑEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 10h Madrid
  Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 5-2-03

TON NOM SUR LA PUPILLE

Un certain degré de désespoir dans les mains
comme si le vent joyeux y mangeait
et une ville s’étendait sur la pupille
interminable Babel de rêves démolis.
Une main qui caresse cette cicatrice
la danse de la propre mort.
Et cependant, l’amour en foule
de sa précision de fouet
ne s’habitue ni au jour ni à la nuit
il croit voler comme les oiseaux
et s’accommode comme pour exister.
Et cela coûte de l’argent, et aussi du travail.
C’est le paysage de ton corps adoré.

PAOLA DUCHÊN REYNAGA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
 
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 6-2-03

EAU

Quand l’eau mourra,
le temps ouvrira ses bras
et ta mémoire sera ma voix.
Tu feras de mon souvenir
un nouveau nom.

MONTSERRAT ROVIRA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinatrice: École de Poésie Grupo Cero


Madrid, 7-1-03

LE VENT DANS TES YEUX*

Le vent dans tes yeux
quiétude infinie dans le temps.
Espace transparent,
usine de rêves,
et tes yeux si tranquilles
cherchent le regard,
cillent d’amour.
Céleste ta pupille,
lointaine inquiétude,
absence infinie.
Le vent dans tes yeux,
si impénétrables,
comme un rêve
dans l’espace sidéral.
Et cependant
ton regard si bleu,
si noir,
si irréversible,
si loin déjà,
dans les nuits silencieuses
quand seul un soupir
un adieu irrémédiable,
nous glace le cœur.

PILAR NOUVILAS LARRAD
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca

* Tableau de Claire Deloupy. Vous pouvez le trouver à l'Exposition "POR BULERIAS" www.momgallery.com


Madrid, 10-02-03

LE DÉPART

Je veux tuer
et mes mains tremblent.
Loin de moi l’idée
de te faire mal.
Petite bête ignorante,
prisonnière des sentiments
les plus obscènes,
tu tournais hébétée
autour des fées,
aveuglée par l’éclat d’avoir
un impossible.
Quelque chose résiste au mot
cette torsion viscérale aussi
ce galop emballé
comme de mille chevaux
sautant sur ma poitrine.
Ne tirez pas. Je suis anéantie.

OLGA DE LUCIA VICENTE
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
 Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 11-02-03

COMME TA PEAU

La nuit
a des yeux sans pupilles.
De grands yeux noirs
comme ta peau.
Les voix de toutes les pierres
polies avec ton nom
m’envahissent.
Arêtes sans fleur
étoile opaque dans un ciel stérile.

Je n’ai pas pu te quitter.
Immobile, je cherche le courage
entre les plis de ta peau
peau obscure, sans pudeur,
comme la nuit tombée
derrière tes yeux.

ALEJANDRA MADORMO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 11.30h Buenos Aires
Coordinatrice: Norma Menassa


Madrid, 12-2-03

PAR TRANSPARENCE DU RÊVE

“...Et une jeune femme à la chevelure libre
ondulant de l’épaule à la ceinture,
lisait le sortilège des hymnes
dont elle traça son nom sur l’eau. »
Germán Pardo García

Quand l’automne s’envole
il laisse derrière lui
l’humidité silencieuse du cimetière
et se couvre de lumière prémonitoire.

C’est le matin,
et sur sa plus grave arête resplendissent
deux dragons en chaleur.

Je te sais par transparence du rêve
et ce pressentiment de sillage planétaire m’émeut,
le vent dans tes pupilles
comme des dates incendiaires
se clouant dans mes océans.

Là, où écume et désir, phosphorescents,
ton sexe: oiseau de feu,
mon alouette
                 blessée à mort
                                    par amour.

PAULA MALUGANI
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
 Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 13-02-03

UNE PROSE QUI A VOULU ÊTRE VERS

Je vis, parfois,
une prose qui a voulu être vers.
Du creux du vide, bref soleil,
une écorce vitale,
commence quand elle ponctue.

Dans l’ordre général
l’exactitude du vers.

Pierre ancienne qui se déchiffre,
dans l’odeur de la vigne.
Table automnale qui rend comme la mer,
des naufrages
des filets déchirés et promontoires.

Séquence prolongée d’os sur la plage.
Sans serments ni reflux immobiles,
seulement pour commencer
des temps navigables.

Jaime Icho Kozak
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanche 11h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 13-02-03

UNE PROSE QUI A VOULU ÊTRE VERS

Je vis, parfois,
une prose qui a voulu être vers.
Du creux du vide, bref soleil,
une écorce vitale,
commence quand elle ponctue.

Dans l’ordre général
l’exactitude du vers.

Pierre ancienne qui se déchiffre,
dans l’odeur de la vigne.
Table automnale qui rend comme la mer,
des naufrages
des filets déchirés et promontoires.

Séquence prolongée d’os sur la plage.
Sans serments ni reflux immobiles,
seulement pour commencer
des temps navigables.

Jaime Icho Kozak
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanche 11h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 14-02-03

DOUTE AMOUREUX

Doute amoureux
des mots et de la science.
Tu moules des pourquoi
cyclamens voyants,
adolescents livrés au néant.
Les pieds et les mots dansent
au son de mélodies imaginées.
Poèmes enlacés
filets d’histoires.

MARISA RODÉS PUEYO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 17-02-03

POÈME ÉROTIQUE

Elle descend par de lubriques collines
déjouant le feu de ses ancêtres.
Elle regarde les os dépouillés,
les mains timides
caressant crânes et mandibules,
elle fait onduler
son corps nu
parmi des ombres qui fuient
vers d’insondables recoins.
Sa peau innerve tout le sexe du monde.
Ses mains caressantes
d’érections prolongées
dressent les faits ancestraux,
de durs os morts tourmentés.
Elle baise captivée
ondoyant ses seins infatigables
elle agite cordes et serpents
quand sur le sexe règne l’impudicité,
et des écailles
d’animaux exterminés
semblent sangloter autour de nous.
Elle est une unanime révélation de l’indicible,
quand elle coupe avec ses pores le spasme.
Quand sur le diaphane-diamant
se réunissent les siècles
dans une meute de chants et de bouches insatiables.
Et des bêtes flagellées jaillissent de ses fesses
empêchant que se fige l’univers.
De sublimes échos de l’orgasme,
sanglots d’amphibiens extasiés
sur le déluge de l’amour.

KEPA RÍOS ALDAY
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 18-2-03 

ALBATROS DU MONDE 

J’ai conversé avec des ombres l’autre nuit.
Une musique céleste ouvre des yeux affamés
Et toi moi nous retrouvant à tâtons.

Je grandirai entourée de tes bras
Et couverte de tes baisers
Je grandirai avec toi pas à pas
Même si mille éclairs déclarent la guerre et
menacent de briser mon corps en morceaux
De brûler ma langue
Ou de couper ces mains menuisières
Ouvertes de vie.
Je grandirai avec toi dans l’asphalte du temps
Et je serai un ange aux ailes oranges
Qui surveillera les moulins pour moudre le silence.
Tu seras la moitié des vols
Celle qui me ramassera dans chaque mort
Celle qui demeurera calme
Celle qui me lèvera des naufrages par les
                                                            cachettes de pirates sans yeux
Celle qui fera des roches de sucre et des déserts de mots.
Cette fois tu attends dans une montagne.
Tu es apparu sous forme de femme
Et tu as volé comme une colombe.

Albatros du monde.

MÓNICA LÓPEZ BORDÓN
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 17h Alcalá de Henares
Coordinateur: Carlos Fernández del Ganso 


Madrid, 19-2-03

CONSTELLATION MUTANTE*

Étoile invisible,
éclat de diadème:
Où ta tournure fugace,
ton exclamation?
où ta fraîcheur,
ou bien ton châle?  

Distrayant la faim de quelques yeux?
Dissipant l’inquiétante froideur des corps

qui sont jetés par la peur
pour s’effondrer sous ce soleil?

Constellation mutante:
Où, l’incessante nuit?

Mª ROSA PUCHOL
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego

*Tableau de Olga de Lucia Vicente vous pouvez le voir à l’exposition « Por Bulerías » www.momgallery.com


Madrid, 20-2-03

LA VÉRITÉ EST UN FLAMBEAU

La vérité est un flambeau
un feu féroce
jusqu’à ce qu’elle s’ouvre et chante:
ses lèvres nous disent «c’est là».
Mais pourquoi se fatiguer
ou la fatiguer?
C’est une lame
qui se retire et revient
et la déchiffrer c’est l’aimer
pouvoir être chemin pour sa roue dure.

Parfois elle nous semble
cette goutte,
mais presque toujours
une mer
incapable de s’unir.

Quand elle passera à côté de toi
et qu’elle te fera des signaux
ne lui pose pas de question
laisse-la semer
donne-lui
ce que tu donnerais à la pluie.
Les hommes restent-là à la regarder
ils l’aiment ou la fuient
et tout au plus
ramassent une poignée de voix mouillée.

SERGIO APARICIO ERROZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego 


Madrid, 21-2-03

SI ON SE VOYAIT...

Combats et naufrages
embuscades derrière
tes fenêtres.
Tu étais d’un éclat ténu bleu
habitant jusqu’à la fin
le vol initial ou la chute.
Tu avais la lumière impavide,
l’innocence
de ce vieux rêve
se penchant sur tes oreillers.

Il a soufflé, cyclone, le vent de la vie
et t’a éloigné enfin
avec peu d’effort
à de lointaines occupations.

Je t’ai toujours cherché.
En cachette,
dans la nuit la plus précoce
où dans une aurore
qui n’a pas eu lieu.

Dans le sud du chemin
d’une autre ombre
dans le dire du silence,
dans l’épouvante.

Dans les pourpres
avenues du couchant.
Avec le regard en arrière,
sans que tu me voies.

Entre le plaisir et la douleur
des souvenirs.
De l’autre côté du miroir
me regardant me regarder.

NORMA CIRULLI
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinatrice: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 24-2-03

NOTRE HOMME À LA HAVANE

Tu as changé l’étoile du Berger
Pour une étoile rouge d’espérance
Ton destin aristocrate
Pour un béret campagnard
Sur ton dos, tu nous as tous emmené
À travers ces terres d’Amérique
Ta voix douce, nous rêvait
Dans nos lointains cauchemars
Tous nous avons subi ton air retenu
Sur cette poitrine, qui a su
aussi héberger un continent
Ton opiniâtre manière de nous aimer
Dans cet exil fatal
Tu as été citoyen d’un monde
Que tous nous ambitionnons pour toi
Un après-midi dans des fourrés arides
Ils t’ont tissé une couronne d’épines
Nous avons tous souffert ton sang, tes douleurs
Ta fin solitaire
Sans une mère
Sans une femme
Sans un enfant te disant adieux
Personne n’a pu soutenir ton dernier regard
Ils racontent qu’aujourd’hui encore
Dans les après-midi où le soleil
refuse de décliner
Résonnent dans ces contrées
Tes derniers mots:
Soyez serein et visez bien
Vous allez tuer un homme.

ROBERTO MOLERO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 11.30h Buenos Aires
Coordinatrice: Norma Menassa


Madrid, 25-2-03

LA LICORNE BLEUE

“Que morde et vocifère vengeresse
ta tête, roulant déjà dans la poussière!»
Almafuerte

Quand le mot tombe
le temps est un deuil
qui entraîne des larmes
comme des fleuves.

Il y a un autre univers
pour moi
gouttes de couleurs
pinceaux soufflant
dans les anneaux sanglants
qui m’habitent,
il y a une chanson
née de tes traces,
écho de la chair.

LÚCIA BINS ELY
École de Poésie Grupo Cero
Atelier de Porto Alegre
Coordinatrice: Marcela Villavella


Madrid, 26-2-03

VIVRE AU SOLEIL

“...tremblement de terre
tu abats les étoiles."
Rafael Alberti

Pour vivre
j’ai mille visages
mille fleurs aigre douces
tous les éclatements du soleil
Pour vivre…
j’habille des rues avec de la terre
je peins des bois avec des pierres
des mousses
m’étendant au soleil
Pour vivre
je m’étonne du néant
je me brise
comme une heure aveugle
ma propre bohème
dormant au soleil
Pour vivre
je nais d’un rêve obscur
nocturne mort
faite en marchant.

CARMEN PRESOTTO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier de Porto Alegre
Coordinatrice: Marcela Villavella


Madrid, 27-2-03

CEPENDANT ELLE RIAIT

Flambeaux d’amour
illuminant la vie des étoiles
guident avec ses paupières
la terre qui doit grandir.

Animaux et bêtes dociles
humains sauvages
coquelicots qui veulent courir.

Pas retardés
sur la crémaillère du diable
jaunes murailles
des châteaux sans créneau.

Un lieu
un dire
un caméléon sans couleur
l’arrêt sans destin
guidera mon sourire
couvert de mystères lointains.

CRISTINA FERNÁNDEZ ARGUDO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 15.15h Madrid
 Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego 


Madrid, 28-2-03

LA PROSTITUÉE

Comment ne vais-je pas aimer, Marie
ta nudité de fugitif!

On voit ta chaîne, attachée au rêve,
la chaîne translucide.

Ouvre les jambes Marie!
et il y a un tiroir qui garde
le sperme des enfants et un autre tiroir
qui garde la peur des enfants.
Tournez la clef!
Il n’enlève pas son tricorne,
il n’ouvre pas sa soutane,
il n’a pas une seule caresse
entre les mains.

Appuyez sur le bouton!
Il ne nettoie pas la graisse,
ni la syphilis, ni la goutte matinale.
Appuyez à fond sur toute votre ignorance!
Un homme triste est venu aujourd’hui.
Il a caché son alliance..
Il chantait et remuait la pelvis
avec un son sourd.
Marie l’a presque aimé un moment,
alors qu’il sèche son étrange sueur
la cravate de travers, solitaire.
Le pauvre homme se regarde dans le miroir
et de l’autre côté
il voit comment l’autre qui est presque lui-même lave
les taches farouches de carmin.
Et il pense, doucement cette fois-ci:

Comment ne vais-je pas aimer, Marie
ta nudité de fugitif !…

 ALEJANDRA MENASSA DE LUCIA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinateur: Miguel oscar Menassa


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