Madrid, 1-12-03

ÂGES PERDUS

Aujourd’hui je ne te veux que pour moi,
mes dents embrassent ta chair tremblante.
Une lumière sort du nombril de la vie
comme voulant se baigner dans ma luxure
laisse que l’odeur de notre amour
dessine sur les rives de mon chant
d’anciens habits orientaux
âges perdus
oubliés dans la mer.
Aujourd’hui je t’ai voulu parmi d’autres pour moi,
tes mains se montrent sur ma peau
et de tes lèvres se répand le futur,
univers attrapé entre tes jambes
ouvertes en cascade vers la nuit.

FERNANDO ÁMEZ MIÑA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 15.30h Madrid
Coordinatrice: Alejandra Menassa de Lucia


Madrid, 2-12-03

AUJOURD’HUI J’AI SELLÉ UNE VAGUE

Aujourd’hui j’ai sellé une vague et j’ai touché la tendresse
de l’oiseau fugitif.
De nuage en nuage, une locanda m’abrite
la nuit.

Parmi les étoiles, j’ai écrit crachat,
et il est tombé, despote, il a perforé la vie.
J’ai écrit enfant et résolu je le vois partir
chaque matin au travail.

Petite fille j’ai écrit.
Il n’est resté aucun mot non lu,
ni de tendresse à pleines mains
qui prodigue à son monde.

STELLA CINO NÚÑEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 11h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 4-11-03

À PART

L’arôme du temps penche ton regard
quand tu attends la caresse aimée,
effeuillant des pages blanches
pour croire à la vie marquée.

MONTSERRAT ROVIRA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
 


Madrid, 5-11-03

S’ÉLOIGNANT DE LA DOULEUR

Musique s’éloignant de la douleur
battement qui s’empare des heures quiètes
et les fait tourbillonner.
Des mots scellent des pactes.
Ce sont mes pieds sur cette terre.
Des toiles d’araignées du désir tirent leur voile
illuminent impitoyablement cette vérité:
Tu n’es pas où je te vois
tu ne peux non plus te reconnaître dans ce que je dis
et tu marches à mes côtés
tu ris de mes maladresses
tu essaies de leur trouver un sens
et quand le voile tombe définitivement,
musique, couleurs, corps et mots
dansent pour fêter
ce nouvel univers que nous devrons vivre.

OLGA DE LUCIA VICENTE
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 9-12-03

ANDANTE

 Ce n’est pas pour demeurer
dans l’amour
que nous aimons
Juan Gelman

Un vent chaud t’écrase
contre le firmament.
Et surgissent mille atomes
attachés entre eux.
Cela éclate et multiplie.
C’est l’amour.

Après…
            Partir  

 ALEJANDRA MADORMO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 11.30h Buenos Aires
Coordinatrice: Norma Menassa


Madrid, 10-12-03

CE QUI TOMBE C’EST LA PEAU, LE MIDI

Ce qui tombe c’est la peau, le midi.
Si je pouvais embrasser ton corps aimé
la fumée grise de la mélancolie,
tout vent, l’aurait bouleversé.

Toute pluie et chanson, impétinente,
tombant sur le monde et son agonie.
Fertile et travailleuse du verbe urgent
j’ai rencontré ta nuit et je l’ai fait mienne.

Je l’ai ensorcelé avec des alcools mystérieux,
je l’ai frôlé avec la lame du couteau ;
elle s’ouvre encore au rythme voluptueux

et elle perd quelque paillette…
Ce qui tombe c’est la peau, son léger éclat,
ce n’est pas le vers fait de la peau, de toujours verte.

PAULA MALUGANI
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 11-12-03

UN PEU DE CHALEUR

J’ouvre les yeux et tombe dans ma main,
ta vie, sauvage crépuscule,
violent d’ambitions, hors temps.

Ta peau voulait un peu de chaleur.
Une voix de liquides organiques
rappelait la cérémonie de l’amour.

Dans le cœur du sperme
tu gis amoureuse. Discrétion et monologues.
Nue et infinie, loin de tes rives.

Dans le parcours nocturne de l’omoplate,
je freine des cris noyés.
Doute stupéfiant, ton rire dans les pleurs
et je sépare tes ailes et mes contours.

Jaime Icho Kozak
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanche 11h Madrid

Coordinateur : Miguel Oscar Menassa
 


Madrid, 12-12-03

LA MAIN

Une main émerge
du lac
entre les sinueuses crêtes
empoignant un fusil.
Les menus hexagones
de la peau sage
d’un dos de velours
caressés
par une autre main
qui hier soir
dessinant des odalisques
dans l’air
inventait
une autre réalité.
Le soleil s’élevant
à l’aube
fulmine de sa lumière
la couronne de jointures
de la tremblante main
qui se balance
sur le blanc du papier.

MARISA RODÉS PUEYO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego    


Madrid, 15-12-03

HISTOIRES QUI EFFACENT LA MÉMOIRE

La mémoire lointaine des peuples
demeure dans l’histoire battant
posément avec les siècles
tintement mélancolique qui resurgit.

Peut-être que dans la mer on trouve
sur la rive où la peau se charge de leste,
les morts à peine oubliés
avec une force intempestive ils nous entraînent.

Voilà ! voilà la mer teinte en noir
elle embrasse déjà l’aurore fulminante
le chant austère des oiseaux
et le fatidique rugissement des missiles.

Voilà ! offre déjà tes éloges sauvages
à la pulcritude des seigneurs de la guerre
ils mettront sur la mort les présages
et ne laisseront pas même de ciment sous la terre.

Voilà ! déjà le sang qui danse
son rythme démentiel dans les tranchées
et l’enfant attrapé par sa faim
une photo dans le journal les attend.

Qui déchire l’arctique matin ?
Là où les dirigeants corrompus
se lèvent avec la cruauté humaine.  

Qui réclame dans les rues leurs semences?
Ils ne sont pas calmés par le pouvoir obtenu
de noirs diamants.  

Qui transforme en or le corps mutilé
sans payer de tribut pour la méchanceté
en laissant l’homme enchaîné ?
 
Qui te dit –bonté- ?
Tu ne connais même pas mes dieux
et me laisses orphelin.
 
Qui connaît le dernier des grands hommes ?
celui qui viendra avec le cri de l’homme
illuminant de verbes tes adieux.

MANUEL MENASSA DE LUCIA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17,30h Madrid
Coordinatrice: Alejandra Menassa de Lucia


Madrid, 16-12-03

LE TORSE

Il entre dans l’air avec sa flamme invincible,
il agite son torse blanc dans l’épaisseur
en réveillant le caïman et le serpent
parce qu’il a des ongles de gazelle
et des yeux sous le Soleil.

Son torse blanchit ma sueur
quand j’entoure ses cheveux de face
et que j’essaie de respirer à l’intérieur.

J’enfouis ses mains dans le calendrier
en contenant la soif
jusqu'à ce que de son torse,
par une blessure infinie vienne le souvenir
boire dans mon âme
le choc des torses.

Il grouille entre ses paupières
salive magistrale et entre ses mains
la cithare se tend
annonçant
le temps du concile.  

KEPA RÍOS ALDAY
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca  


Madrid, 17-12-03

TEMPÉRANCE*

Je continue à rêver la tapisserie
de tes mots
dans la peau de la voix.
Des pronoms d’hommes qui ornent le départ.
La nuit est lumière furieuse.
Je vole les yeux bien ouverts
attachée à tes crins blancs.
Cavaliers et boucaniers cherchent l’indigo de l’illusion.
Les racines de mon être
caressées par tes traces de sang
font vibrer l’écume de la mer
avec la demi-lune.
Je désire me perdre dans la tristesse,
ne pas l’éloigner de mon ombre
être l’art
qui tremble dans tes entrailles
au rythme du point
au pas du vers.
Je reviens rêver
la couleur de ta voix.

MÓNICA LÓPEZ BORDÓN
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanche 17 hs Alcalá de Henares
Coordinateur: Carlos Fernández del Ganso

*Tableau de Miguel Oscar Menassa- Vous pouvez le voir à l’exposition «MENASSA 2003» www.momgallery.com


Madrid, 18-12-03

BOIS INVERSÉ*

Nu-pied,
sur les versants des ombres,
tu viendras,
tacite et soumis,
bois de lune,
couché dans le pourpre
balancement des jours.

Dans les falaises tourmentées
d’un mythe indéchiffrable,
tu te promèneras,
ignorant,
parmi les effluves sacrés
de quelque rêve équivoque.

Pays du froid traqué,
cercles de gris glacé
ils foncent impitoyables
imprégnant de soif tes joues.

Tu viendras bois inventé
planter d’incertitudes
la mémoire.

Brouillard vespéral qui s’adosse,
humide,
aux visages du néant.

Bois de soupirs,
ténébreux tu domines
le crépuscule :
ce murmure de lumière
qui se dilue
passionné
dans ce bois inversé.  

Mª ROSA PUCHOL PÉREZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca

*Tableau de Miguel Oscar Menassa- Vous pouvez le voir à l’exposition «MENASSA 2003» www.momgallery.com


Madrid, 19-12-03

LE MARIAGE

Maintenant il faut
se séparer
de jour en jour.
La lucidité du volcan
peut revenir au silence
sans qu’on le note.
Il faut continuer
à enterrer des graines.

SERGIO APARICIO ERROZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis: 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca


Madrid, 22-12-03

LE FANFARON

J’aime le murmure rauque
de tes mots qui m’inventent.

Maladroit fils de la culture
tu souffres les plaies insoupçonnées
de voix sauvages,
qui veulent chanter à tes côtés.

Équilibre soutenu par des feux d’artifices,
des regards rasés
par le vertige fumant des esclaves.  

Incidences chez ton frère.  

Photographies incrustées dans des tableaux,
voix tuant les poètes du désert.

Farceur et fanfaron
pyramides d’or et de sel,
sourires mutilés
sur les étoiles de la mémoire.  

Toujours l’ombre légendaire,
les générations de cendres
répétant le tintement de la sagesse.  

Mes dieux de l’aurore
ne m’ont pas laissé voir le coin de l’aube
qui menace la fin d’une année.

C. CRISTINA FERNÁNDEZ ARGUDO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis: 15h15 Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 23-12-03

L’ODONTOLOGUE

Et dans chaque larme je sentais
que quelque chose de moi mourait.  

Se brisait pour toujours,
(étrange tableau de cristal brisé
en mille morceaux).

Quelque chose de moi, sortait de moi,
je voyais comment il parcourait mes joues
et sautait au plus absolu des abîmes.  
Chaque larme était comme une petite mort,
où respirer était spasmodique et les hommes
se confondaient avec des mirages.

Où les mots ont été rêve et l’épée
de Damoclès caressait inexorablement mon cou.

LUIS RODRÍGUEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis: 15h15 Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 26-12-03

RÉVEILLER

Rêve de paix et d’amour
douleur
âpre attente.  

Dans la recherche d’un bonheur
il y a des épines, des fugues éthérées
d’humanité.

Nue
vêtue de chair
saigne la vie
pour moi.

Je suis née déesse de la mer
je suis tombée femme.  

 CARMEN PRESOTTO
Escuela de Poesía Grupo Cero
Taller de Porto Alegre
Coordinadora: Marcela Villavella


Madrid, 29-12-03

TOURBILLON

Je détruis le rêve
de la danse avec la lune.
J’ouvre une lumière dans la vie
-il faisait froid ici dedans-
Je ne contenait pas mes pleurs
la fenêtre très haute
accentuait le vertige
et j’ai volé.
J’ai dit au revoir à d’inestimables blessures
et j’ai sauté au ciel nuages ouverts
mes propres hurlements m’étaient étrangers
je me suis laissée bercer.
Des ailes de sons m’ont soutenu longtemps.
Je suis arrivée, comme beaucoup de rêves,
à voler mais je regardais en bas
je croisais de si près les arbres
que je me sentais feuille au vent
détachée, sans poids, terrestre.
Je joue à atteindre le non sens
oiseau, sexe flottant.
Nouée sans référence
je me suis réveillée dans la chambre, pièce,
tout conjugué style romance
ma vie était stupéfiée.
Là est le nœud
habitée de cinq, six… quarante-quatre,
le tableau du quatre
deux quarts d’années
sortir dans la rue, boire du café
une noisette, bien forte.
La noisette était commémorative.
Je ne voulais pas la saveur
mais son nom.
Vacarme,
remous,
désespoir
comble de cruauté.
C’est insuffisant
de dire : il est trop tard
la blague est passée
il n’y a pas de solitude
le jour m’appelle
sillonnant de larves le chemin
les rayons du soleil
rapides sons autour de moi
ma carence.
Je ne sais pas qui je suis
des voix
sonnent en moi…
dans mon corps, je tombe.

MARA BELLINI
École de Poésie Grupo Cero
Atelier de Porto Alegre
Coordinatrice: Marcela Villavella


Madrid, 30-12-03

VITRES BRISÉES

L’air court dans la chambre
la fumée se dissipe et le regard s’éclaire
la lumière est brillante
le vert, terriblement vert.
Un bleu intense
sur lequel se découpent
des édifices de terre et de vitres brisées.
Entre les éclats s’affine un nouveau paysage
de mots concis comme la lame d’un couteau
sur la peau transparente des poupées.

NATALIA BLASCO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Mercredi 19,45h Madrid
Coordinatrice: Paola Duchên


Madrid, 31-12-03

LES MAINS

“La main 
est l’outil 
de l’âme, 
son message »
 Miguel Hernández

Frôlant les mains,
rythme de musique
doigts d’os
couvert de plumes.
Vous,
        subtiles,
            cultivatrices,
                        artisanales,
mesure au vent
d’une chevelure.

Vous avez dessiné le profil
des seins endormis,
aimant furieux des sens
source diffuse du temps.

Rêvant d’éternité
blanches mains d’hermine,
geste implacable
sur des lèvres de silence.  

Main de lune
après-midi d’été,
caresse qui vole aux pleurs
main,
            touche,
                        demande,
                                    pardonne,
                                                pense.

CARMEN ORTIGOSA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 17h Alcalá de Henares
Coordinateur: Carlos Fernández del Ganso


Selección de Poemas Inéditos

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