Madrid, 1-10-02
Tous
se taisaient
les éclipses éblouissaient
facilitant les numéros
aux réponses
qui circulent dans le sang frappé.
Tous
se taisaient
le ciel divisé,
lumière perdue dans le chemin.
Ils ignoraient la dense
croissance d’un mot fragile
circonstances sans limite
de forme
d’éblouissement d’écorces enfermées
de prismes concentrés
entre les doigts
croix de retours inutiles
qui offrent un air perdu
au néant palpitant.
CLÉMENCE
LOONIS
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
Madrid, 2-10-02
Pòeme
à père, vieux loup de mer
submergé parmi les mois
Et
je ne dis pas vieux à cause de tes années
dans tes yeux deux choses brillent
de la jeunesse et une sagesse infinie.
Père,
je vais t’avouer
jamais jusqu’à présent un poème
ne m’avait ainsi résisté.
Des
semaines devant le papier
et cinq minutes avant la fête
rien,
ces pauvres vers sur le point de commencer.
Tournent
vertigineusement dans ma tête
de grandes nuits pour la poésie
des nuits d’histoires différentes
des morts dans les ombres et des amours perdus
des morts aussi à pleine lumière
des nuits de nostalgie et de cieux brisés
des nuits, indispensables pour la révolution.
Des
chemins différents de l’histoire
des vols impossibles.
JORGE
FABIÁN MENASSA DE LUCIA
École de Poésie
Grupo Cero
Atelier Samedis 17.30. Madrid
Coordinatrice: Alejandra Menassa de Lucia.
Madrid, 3-10-02
(I)
J’ai
les mains bleues,
j’ai bu de l’encre toute la nuit
pour empoisonner la soif et je vis encore en moi.
Je
regarde maintenant mes mains bleues
mes ongles bleus,
des lueurs d’une saison loin de ton corps,
et je répète dans ce séjour maudit:
trop de silence.
Le
feu propage ton absence
un éternel vocable,
une plainte du temps.
Rien
ne guide mon vol,
blessée de frison,
je suis un oiseau nu après la pluie,
aucune lumière ne tempère la douleur.
J’ai
les mains bleues d’intempérie
bleu de rugissement de mer
et cette perverse tentation
de regarder par les rainures de la cage
m’emplit de hurlements.
J’ai
décidé d’arriver au fond du brouillard,
il y a des cloches dans ma bouche hurlant un adieu.
Je suis dévalisée d’ombres,
agenouillé dans un coin attendant
celui qui ne viendra pas.
Je
regarde mes mains bleues
mes ongles bleus légitimes
pour cette nuit de l’âme
où tu n’es pas là.
(II)
Il
y a une nuit lente dans ma mémoire,
des portes ouvertes pour la lune
qui ne finit pas d’arriver.
Il y a une rumeur derrière les fenêtres,
le soupir retardé d’une femme moribonde
pour un amour
qui s’interrompt
chaque année
prolongeant une rencontre
qui sera cette fois définitive.
-Ne
tarde pas
c’est l’été, et l’arôme des orangers
me
rend folle.
Une
inquiétude gouverne mes blessures
il y a un silence en tous
pour tous
mais mon cœur crie
fête
le joyeux vacarme de ton arrivée.
-Ne
t’attarde pas
il y a une nuit lente dans ma mémoire,
des portes ouvertes pour toi
qui n’en finis pas d’arriver.
(III)
Ce
jeu est un dangereux réveil
d’une longue nuit, d’une épaisse léthargie
dans les bras du destin.
Ce
n’était pas nécessaire de rester muette en ta présence,
d’avaler le feu et le silence
jusqu’à la déchirure.
Ce
n’était pas nécessaire de me couvrir de bandes
de me cacher de toi
de faire la momie.
Ce
jeu est le clair revers du ciel
je devine tes parfums
derrière chaque masque.
Tu
as pour moi le privilège
de ne pas être
à l’abri des larmes.
Vêtue
de tes lettres
je suis la substance de tous les portraits
ton paradis terrestre.
Le
vent m’a susurré toute la nuit,
comme un écho perpétuel
me parlant de toi.
(IV)
Je
récupère mon corps d’entre tes mains,
enveloppant et soyeux il revient vers moi,
aux moments où tu te distrais
avec ces jeux que les hommes inventent
pour créer le monde.
Moi
je t’attends, féminine et totale
sur ton lit,
en tramant les rituels
que je déploierai nocturne
à l’heure du retour.
Je
me regarde dans les miroirs
que tu m’as laissé en partant,
et dans tous leurs contours
je devine tes yeux ouverts sur moi,
ta bouche s’ouvrant sur ma poitrine.
J’ai
perdu le chemin qui me guidait
dans le matin,
et le temps est une sentinelle vorace
chaque fois que tu t’éloignes.
Je
t’attends, chair et mot
plus nue de moi
que mon propre nom.
(V)
Où,
si ce n’est dans le tambourinement
non enseveli du vent
que j’entends ta voix
sortant de la mer?
Je
suis un serpent de mer,
Ève sortant de l’écume de ta
bouche
-indubitable amant-
Les
jours,
agneaux décharnés,
passent en rafales de vie
que je n’arrive pas à toucher.
J’ai
le corps
flottant dans l’océan
je suis un va-et-vient entre
l’aimé et le perdu.
Un poisson vaincu par le tonnerre
le tranchant sur l’écaille
et l’instant éternel qui honore la cendre.
Tant de splendeur et tant de peur
me trahissent!
Je suis dépeuplée
aucune lumière ne m’amène l’aube.
Où
sont les ailes, mon amour?
Où les miroirs nus de l’air?
MARCELA
VILLAVELLA
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredis 11.30h. Buenos Aires
Coordinatrice: Norma Menassa
Madrid, 4-10-02
Le
mot
éclate,
et dans ce va-et-vient
la matinée déclare le jeu terminé.
Les
oiseaux de glace préparent leur bagage de vol,
il faut chercher le froid,
la terre estompée.
Les habitations intérieures avec leurs flammes d’église abandonnée
sont amenées sur la pente de la mort.
Il ne reste plus de coins
ni de miroirs d’époques révolues.
Les
fenêtres s’ouvrent.
La
plaine est un animal qui apporte le sang du futur brûlant
dans ses entrailles.
HERNÁN
KOZAK CINO
École de Poésie Grupo
Cero
Atelier Samedis 17h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
Madrid,
7-10-02
TANT
DE FOIS NOUS NOUS RENCONTRÂMES
Tant
de fois nous nous rencontrâmes
furtifs à un coucher de soleil,
tant de fois mon corps de musc
était comme une feuille tombant
de son arbre,
ma direction, celle du vent le plus fort.
C’était
l’haleine de la mort caudillo de moi,
je sautai agité
et je crus être attaché à de petites illusions
qui explosèrent sans contrôle ;
je t’aimai et te détestai,
mille
fois pute et mille fois mère.
Repose
en paix
je suis un chirurgien de ta chimie
j’épuise ta peau mauve,
blessé par des épées
je te connus sur les hauteurs
je vis passer le monde entre mes pieds,
sur tes territoires
tombèrent des patries et des dieux
et maintenant toi, tu sonnes pour moi.
Héraut
vert de mes rêves,
attaché à ces piliers qui couvrent le corps
je monte à cru sur ton ventre
crin doré ;
J’arme des habits alors que tu danses pour moi.
Or
et magnolias pour accompagner
la façade austère de ma peau
terre péremptoire;
Mère
terre
aujourd’hui je plante mes racines dans ton ventre
et j’éteins les lumières de mon corps.
MANUEL
MENASSA DE LUCIA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17,30 h. Madrid
Coordinatrice: Alejandra
Menassa de Lucia
Madrid, 8-10-02
Écrire
comme quelque chose qui ne commence pas
comme une tourbe sans enfer.
Des océans de lettres
divaguent comme un adieu.
Je me rends aux flammes de la page
et je veux brûler parmi ses cimes.
Je
perds mon futur les mains pleines
et l’obscurité
n’est pas le chemin pour arriver
aux entrailles de la lettre.
Ce
qui n’a pas pu être
ne me conduit pas non plus au poème.
L’éternité reçue à la dérive
me fait revenir aux débuts.
Écrire
sans ciel, sans enfer, sans espoirs
toute la densité nue
sont les mots unis au hasard.
AMELIA
DÍEZ CUESTA
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier
Samedi 19h. Madrid
Coordinateur:
Miguel Oscar Menassa
Madrid, 9-10-02
À
travers l’océan nous nous faisions des signes. Jusqu’au jour où les
obstacles
dévastaient nos dos abandonnés à l’étreinte.
Maintenant reflotter sans va-et-vient, traverser les pierres, nous rencontrer.
Nous donner la main de l’amour.
Aujourd’hui
je t’envoie ce que pourtant je n’ai pas.
Aujourd’hui je désire impérieusement ton arrivée.
MARÍA
CHÉVEZ
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier dimanche: 11 h. Madrid.
Coordinateur:
Miguel Oscar Menassa
Madrid, 10-10-02
Devine
qui s’est mis comme un renard de miel
sur des chaussures de soupçon, et a mis dans le four
les pains bénis que nous lançons aux fauves
quand sa douleur était aussi grande que ma bien-aimée.
Je noue dans l’impitoyable bord des tempêtes
de petites notes arrachées au diapason du givre
alors que je forge de petits empires
à travers de lointaines plaines
où se reposent tes larmes
qui furent une fois givre de l’Olympe.
Je suspens quelques minutes ce courage,
qui aujourd’hui se laisse caresser par le doute,
pour regarder à travers la fenêtre
et me retrouver avec toi.
Un bleu de pluie se penche invétéré
et sur sa carapace laisse mon
regard attraper un sens
qui me sauve d’audaces spectrales,
des cornes élevées sur des têtes de mort d’encre sur mes rabats.
Au loin,
sur le coin du paysage
une autre prière glissent de ta ceinture
comme un nuage d’enfer ouvert au froid
dessinait en tourbillons de lumière
un mot en forme de femme.
Moi, je répétais le mouvement
et cette réponse sonore
divisait mon corps avec la précision
de cette question.
FERNANDO
ÁMEZ MIÑA
École de Poésie
Grupo Cero
Atelier: Samedi: 17 h.
Coordinatrice: Carmen
Salamanca Gallego
Madrid, 11-10-02
Une
année a passé, trois, dix, vingt.
Aujourd’hui c’est un anniversaire d’une chose que je ne sais pas.
Des années ont passé et ce matin est la mort.
Le temps s’ouvre comme une rose fanée.
Un village de province, de montagne,
de mer, de lointain,
pour passer le reste de la vie.
Il n’y a plus d’explications ni d’arguments,
de thèse à défendre.
Je me suis perdue dans le regard de l’enfant
à qui on vole l’enfance chaque jour.
Je me suis brûlée dans les incendies,
j’ai explosé sur mes morceaux dans un champ miné,
j’ai naufragé.
On sort de tout labyrinthe par le haut
mais je n’ai pas su lever les yeux.
Je me suis perdue.
J’ai été lapidée au Niger jusqu’à mourir d’amour.
Emprisonnée pour la vie à Istanbul.
violée en Bosnie jusqu’à enfanter des lézards.
Endurcie en cocaïne.
Désemparée sur la place Miserere.
Je me suis perdue.
C’étaient
des temps d’une beauté infinie, des éclaircies de tempêtes.
Des temps comme du soleil
entrant dans une chambre noire.
La
douleur tourne sur elle-même,
elle tourne en touchant mille mots dans son mouvement
et revient toujours comme pure douleur.
Celle qui m’habite depuis lors
écrit grièvement blessée
cet épitaphe des rêves.
INÉS
BARRIO
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 11.30 hrs Buenos Aires
Coordinatrice: Norma Menassa
Madrid, 14-10-02
Ton
corps était ce parchemin fouetté par le vent
luxure de l’avenir,
lettres écrites sang du sang,
parce qu’un homme est toujours resté dans ton regard,
parce que tes mains ont toujours été le fidèle amant de la femme,
celui qui ne l’a jamais trahie
parce que tu les aimais toutes,
parce que dans cet amour, dans ce joyeux vacarme
dans cette multitude muette le poème s’écrivait tout seul,
il allait d’une main à l’autre,
disait-on,
il allait d’une bouche à l’autre.
Et la peau était un beau parchemin
de corps fouettés par la pluie.
Et ce n’était pas des larmes qui tombaient,
c’étaient des cataractes d’amour, de longs
vents orageux,
des jungles tropicales qui se lançaient avec force
des oiseaux qui fuyaient en débandades
nuit prolongée, nuit artificielle qui m’étreignait.
Moi, je te questionnais
et ta voix ne dessinait qu’une pirouette dans l’air
et ma question s’élargissait rapide comme la perche
et se clouait dans tes yeux et implorait.
C’était les vers lucioles affamées, me disais-tu,
c’était le ver qui se submergeait dans la terre,
c’était juste midi en plein mois d’août.
C’était le longue tresse de la vie, cette chevelure au vent.
C’était ton amour qui à aucun amour ne ressemblait.
Un amour avec des interruptions et des silences.
C’était un amour qui à tout amour ressemblait
PAOLA
DUCHÊN REYNAGA
École de Poésie Grupo
Cero
Atelier Samedis : 19h Madrid
Coordinateur : Miguel Oscar Menassa
Madrid, 15-10-02
Ne
te perds pas dans le temps, Mère
submerge-toi dans l’humidité d’un vers
qui fasse savoir au vent le pouvoir de ton regard ;
vibre de nouveau avec la symphonie du violoncelle
qui tisse des espoirs avec mille pelotes de larmes.
Ne
te perds pas dans le temps, Mère
accroche-toi aux bras de la lune
qui te dira à l’oreille tout ce qui est tu par le soleil,
apprends un peu plus de ces vieilles notes
qui suivent en parcourant le monde avec ta voix.
Ne
te perds pas dans le temps, Mère
cherche-moi dans la mémoire infatigable de la fleur
qui conserve, jalouse, pour le monde
notre secret, maître et gardien de l’illusion
qui navigue, sans abandonner l’horizon, vers un océan d’amour.
MONTSERRAT
ROVIRA
École de
Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis : 19h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa
Madrid,
16-10-02
C’est
la nuit.
Des caresses vieillissent dans mes mains.
La vérité tombe comme une goutte de pluie
sur le cristal gris de ton adieu.
Elle tombe sur l’âme endormie,
sur ma peau fatiguée d’attendre l’aurore,
sans lueurs, sans d’autre annonce
que le creux froid de ton absence.
ALEJANDRA
MADORMO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 11,30 h. Buenos Aires
Coordinatrice: Norma
Menassa
Madrid, 17-10-02
J’aime
tes mains
quand elles caressent la poussière,
nos pains,
le travail quotidien.
J’aime
tes mains blanches
sur la lune,
quand elles ouvrent le futur
et caressent les plus petits bourgeons.
J’aime
tes mains noires
sur la mort.
Tes mains libres
sur mon sexe,
butineuses de rêves…
Tes
mains comme des tentacules
pleines d’attention, comme des soleils d’hiver.
Tes mains de printemps
au bord de la fleur,
brisant la tristesse.
Tes mains et le parfum
qui persiste dans son influence.
Et
surtout,
j’aime tes mains rouges
sur les lettres
tes mains, couleur révolution,
quand elles déplient
tous les chemins.
J’aime,
alors, tes mains
depuis le sang,
quand elles s’enroulent et inventent
les calculs de Dieu.
PAULA
MALUGANI
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis : 19h Madrid
Coordinateur : Miguel
Oscar Menassa
Madrid, 18-10-02
Aujourd’hui
j’aime un vers
une phrase infinie qui déchire le brouillard,
allège le silence qui dirige ses pas vers le rêve
fort et douloureux dans la chute.
Le
calme s’arrête et retire ses vagues
paresseuses dans le crépuscule du tremblement
du geste vif abandonnant le hurlement
assoiffé de voix qu’amène le temps.
Aujourd’hui
j’aime un vers
dans la jungle au pied de l’enclos
passion de nom de sentiers
vaguement sanguinaires dans le croisement.
Aucune
babiole attachée au sac à dos
ni de chairs de chasse formées dans l’eau sombre
pas d’abîmes nivelés dans les entrailles
seul un vers qui inaugure le jour.
Jaime
Icho Kozak
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier du dimanche à 11h
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa
Madrid, 21-10-02
Aimer
les échecs
les cruelles dissimulations
que le cube parfait
affronte dans chaque coin
et pourquoi pas, aimer,
désirer les triomphes
les triomphes du pacte.
définitivement inachevés.
EMILIO
GONZÁLEZ MARTÍNEZ
Atelier Dimanche 11h. Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa
Madrid, 22-10-02
Ombres
sinueuses
devinées parmi les brumes
elles marchent silencieuses
à travers les siècles.
Elles
apportent
des liens amoureux
hérités,
tissés de leurs mains.
Devoirs
aveugles
soutenus
par leurs corps aliénés
obéissants à des lois ancestrales.
Femmes
dans la brume
ou l’histoire de l’espèce?
Effrayées
par la force
de leurs sexes occultes
elles titubent entre les broussailles
de jungles inconnues.
Pressentant
d’inquiétants triomphes
elles font parfois demi-tour
devant tant de lumière.
Elles
se disent entre elles:
«Donner du sens à un mot
peut être un destin».
Et
elles marchent, silencieuses
dans la brume
que parfois, le temps
laisse derrière elles.
Elles
apprennent avec leurs mains
de mage visionnaire
à construire la beauté
qui transforme les broussailles
en champs de coton.
MARISA
RODÉS PUEYO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid.
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
Madrid, 23-10-02
Cette
question
qui me brise les tempes.
J’effeuille la marguerite,
oui, non, non, oui...
Et où est l’amour?
inutilement je cherche les traces.
Je m’approche du lieu magique,
déjà mythique,
qui connut notre enfance
et nos rêves,
quand nous fûmes vieux
et que nous regardions la mer.
Les nuits si longues,
couvertes par la brume.
Et à l’aube,
nous foulions le sable
et nous jouions à être des enfants.
Nous apprîmes à rire de nouveau,
en pleine liberté.
PILAR
NOUVILAS LARRAD
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier
du Samedi à 17h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
Madrid, 24-10-02
Ciel,
était le mot
qui approfondissait le poème.
Ciel vide, sans signification,
deux syllabes: rythme et désolation,
titanique tourbillon qui engloutissait les âmes
vers un destin inconséquent.
Ciel,
tu étais les mâchoires sanglants du poème
quand sur son corps il n’y avait
que de sèche écailles, de poissons
s’entretuant.
Lune
violacée de lait taciturne
ivre nuit sans ciel qui prononce
entre ses jambes
d’amères attaques; nocturnes
flocons de ciel
que l’air oublie bientôt
les lugubres résonances.
Que le ciel recommence à briller
sur tous les confins,
chaque fois que le poème
a besoin de ses deux syllabes.
-Que le nauséabond horizon
sente ta colère implacable
pénétrer le crépuscule rutilant.
Oh! magnanime poème
aux haleines meurtrières,
tu règnes sur les ferventes ruines,
sur les troupeaux d’anémones endolories
avec ta cruelle foudre victorieuse.
Foudre
de néant, de ne pas pouvoir,
foudre d’impossible perte,
manquez-moi en litres congelés
sur
un océan perpétuel.
KEPA
RÍOS ALDAY
École de Poésie Grupo Cero
Atelier du Samedi: 17 h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca
Madrid, 25-10-02
Je
me réveille parmi des bleus de cristal à l’aube
Vers
sentis avec le déchirement de l’homme
Dans la solitude sans noms
Ironie de mensonges pieux qui hérissent la peau
Et rendent muettes les bouches pour hausser les yeux sur des pages écrites.
Et la vie forme des sillons sans fin
Des traces de chemin, des erreurs franchies avec des pieds de boue
Qui moulent les silences comme des raz de marée de musique
Qui soutiennent un vent muet
Qui souffle vide
Sur des magnolias brillantes.
Hier
j’ai osé et je t’ai embrassé sur les lèvres
Aujourd’hui tu me laisses voler avec le baiser de la liberté.
MÓNICA
LÓPEZ BORDÓN
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 17h. Alcalá
de Henares
Coordinateur: Carlos Fernández del Ganso
Madrid, 28-10-02
Imprenable
figure celle de ce rêve
de panthère endormie,
qui tombe dans des orbites infinies,
gouttes frissonnantes
qui répandent délicates
ton sourire de cristal.
Les
rêves tombent, les mots
sur ta peau transparente
des sons endormis
glissant dans ton giron.
Entre tes mains des fabriques, de lointaines cheminées
se déplient dans le vent irrésistible,
de cet interminable soupir.
Vers
l’avant, simultanée, suspendue dans l’instant,
tu marches par des sentiers délirants
parmi des fleuves et des nostalgies, pierres et cendre
parmi des bois de cratères,
ou des cœurs de lune.
Et
même si nous n’étions pas toujours distants
aujourd’hui je ne pourrais jamais exister.
Mª
ROSA PUCHOL PÉREZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
Madrid, 29-10-02
Je
suis revenue, me diront-ils, je suis revenue.
Perdu dans les notes de quelque chanson.
Vivant une vie écrite quelque part.
Mais si au moins j’avais réussi cela.
Mais
je perdais seulement, je perdais. Je chevauchais
dans des délires de grandeurs,
marchant sur le chemin de la destruction.
Il
fut nécessaire de tomber
pour avoir un corps,
il fut nécessaire de pleurer
pour découvrir des sentiments.
Je
suis revenue, je suis revenue.
Il n’y eut pas de pitié pour moi,
je suis libre.
Et dans cette liberté, je suis revenue.
HELENA
TRUJILLO LUQUE
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 18h. Málaga
Coordinatrice: Amelia Díez Cuesta
Madrid, 30-10-02
“Dans
chaque baiser qui n’est pas sorti de la bouche”
Carlos Drummond de
Andrade
Une
flamme corail se dresse
sur les lèvres du paradis
mon âme se teint de sensations
timbres graves, hauts mâts.
Pirate
maure
Lyrique murmure de secrets
Métamorphose ardente
Aux aguets.
"brise
le silence de l’adieu"
Des
vents de veille
Île
obscure de la chair
Aveugle d’oasis
Je palpe sans temps mon contours
"j’avance
dans le corridor blanc de la lune"
Fil
à la traîne mon corps désert
Filets tendus de séduction
Écho tatoué dans la voix de la nuit.
"soif infinie"
MARA
BELLINI
École de Poésie Grupo Cero
Atelier de Portoalegre
Coordinatrice: Marcela Villavella
Madrid, 31-10-02
Je
suis revenue à cette douleur qui me parcourt toute entière,
immense et qui ne cesse pas.
À cette passion sans limites qui se déchaîne en moi
avec le va-et-vient des mots.
À cette lettre esquive sur la feuille blanche.
À ma peau, de nouveau, t’appelant.
Il
y a un terrible bleu qui me réclame
et les rues vides
et un silence derrière chaque nom
qui rend vain le cri déchiré,
et désolé chaque baiser dans l’adieu.
C’est
de nouveau mai tout le temps.
Même si je l’enlève une fois de plus du calendrier,
et de toi je m’éloigne d’un pas ferme,
sans me retourner, sans même regarder en arrière.
Quand
je partirai je ne reviendrai plus…
Si le départ était possible…
NORMA
CIRULLI
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h Madrid.
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa