Madrid, 3-5-02

L’HOMME

Ouverte la terre du nord au sud
par l’énorme ciseau de la vie,
germent des sources de son ventre
qui est l’eau que je poursuis
dans mes nuits.

Seul Ulysse sait
le chant des sirènes,
seul Cronos connaît la faim féroce
et crache des restes de peau
sur la planète.

Des dieux de marbre
dans la ville endormie
gardent l’homme
de sa propre soif de vengeance.

C’est l’histoire.

Certains viendront
triompher sur les tristes d’esprit,
ils déploieront des drapeaux
et des larmes s’épuiseront
dans des sillons de cendre.

Les rivières sécheront les peaux
et les grives ne chanteront plus de bon matin
pour réveiller Dieu.

Les amours sur des couches empoisonnées seront étendus
et aucun ventre ne donnera aucune lumière.

Des peaux et des restes de peaux
germeront, enfin
la terre sèche
de tant de passion stérile,
tant de crépuscule divisé.

Et les hommes reviendront
ressusciter de vieilles histoires.

Tout recommencera une fois de plus.  

Certains viendront triompher
sur les tristes d’esprit,
les larmes s’épuiseront
dans des sillons de cendre.
Et des dieux de marbre
gardent l’homme
de sa propre soif de vengeance.
Et rien n’aura de fin,
tout recommencera une fois de plus.

Voilà l’histoire.

ALEJANDRA MADORMO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 11,30 h. Buenos Aires
Coordinatrice: Norma Menassa


Madrid, 6-5-02

INSOMNIAQUE

Dans cette nocturnité, je perçois l’aube
qui écrase les derniers éclats de la noirceur régnante.
Elle avale le met exquis, nuit,
d’éternité
et tremble.
C’est la lumière qui inaugure ta fin.

MARÍA CHÉVEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier dimanche: 11 h. Madrid.
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 7-5-02

RIEN N’EST RÉEL

L’après-midi tombe lent
et doucement je m’approche
de ton profil.
Je veux t’imiter et sentir
l’estime des jours
qu’ensemble nous aimions
les brises et l’éther.
Les matins en silence,
s’écoulant sur le visage.
Les nuages imprécis
dessinant sur l’horizon
les grotesques et aimables figures
que nous avons appris à aimer
comme s’il s’agissait de quelque chose à nous.
Ensuite sont arrivées les étoiles filantes,
qui étaient comme de la lumière mise en pièces.
Parfois elles nous transperçaient le cœur
et les larmes nous pleuvaient.
Et les joues déjà fatiguées
accusèrent le coup.
De notre amour,
il nous est resté seulement cette douleur sourde
qui parfois surgit,
inespérée.

PILAR NOUVILAS LARRAD
École de Poésie Grupo Cero
Atelier du Samedi à  17h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 8-5-02

J’AI PLEURÉ DE SOLITUDE ET DE JAUNE

J’ai pleuré de solitude et de jaune.
L’hiver délayait le monde par la fenêtre.
Les pages dégageaient une poudre dorée
de jeunesse passée, de liaisons avec le soleil.

Elle posait sans chaleur le midi, taciturne.
Une musique à peine audible se perd en goutte de rosée.
Les voix infantiles, étrangères et proches,
convoquent mon rire.

Le chant fort de ceux qui entrant dans la vieillesse
se dépossèdent des peaux usées,
me pousse à la vie,
m’arrache à l’ennui obstiné.

Et cependant, tu sais? Je t’attendais.
J’ai pleuré de solitude et de jaune,
je continue à chercher des papillons dans le brouillard
je m’écarte avec mon filet, au cas où la poésie surgirait.

PAULA MALUGANI
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 19h. Ibiza
Coordinateur : Emilio González


Madrid, 9-5-02

ELLE ATTENDAIT DERRIÈRE LA COLONNE

Elle attendait dans l’aurore des coups interdits
dans les déchets de la tempête proche,
entre le vent de l’aventure et les faubourgs fermés
où la panique halète quand nous nous trompons de chemin.

Quand le voyage commence ça ne vaut pas la peine d’attendre
l’encens s’est pourri dans les boîtes en cristal
et les innocents gisent étendus dans l’herbe
tandis que la rumeur se remplit d’abandons.

Je ne peux me guérir d’un appel insensé
ni de la mer qui se soutient dans une crique
dans un visage sans crainte brillant à feu lent
comblant sa naissance sur la lune.

La marée monte, elle aspire à des formes terrestres
elle garde sa vie pour inventer des livres qu’elle n’écrit pas.
Tout était son absence décharnée vulnérable
son pas infiniment répété.

Jaime Icho Kozak
École de Poésie Grupo Cero
Atelier du dimanche à 11h. Madrid
Coordinateur : Miguel Oscar Menassa


Madrid, 10-5-02

ILS ONT OUVERT LES COUTEAUX

La nuit est déjà arrivée
pour faire taire les voix
blessantes comme des rayons d’argent.

On n’entend plus les lamentations
des jeunes soldats
heureux avant
sur le champ de bataille.

La lune s’est déjà cachée
pour obscurcir
les réponses désirées.  

La peur s’est installée
au lieu de l’espérance.

Rien n’est pareil
depuis que tout à coup
ils ont ouvert les couteaux
scellés les lèvres
cœurs assombris
et le silence a régné
engendré par la peur.  

Une vague furieuse
a effacé violemment
les mots gravés dans le sable
de cette plage vide
quand enlacés par l’amour
ils croyaient vivre en paix.

La beauté de la guerre
les a rendus muets
blessés sur tous les flancs
les mains ensanglantées
couteaux ouverts
à la douleur.

MARISA RODÉS PUEYO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid.
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 13-5-02

FEMMES DANS LA BRUME

Elles attendent d’être reconnues
par un chasseur de talents au comptoir d’un bar.
Elles rêvent pendant qu’elles font l’amour
et boivent en cachette du monde
tous les venins.

Femmes sous forme de colombe,
femme sous forme de robe de mariée;
sous forme d’aéroplane tombé dans l’océan
où se posent les mouettes.

Il y a une femme dans chaque jour de la vie.
Une femme maltraitée par elle-même.
Des cendres volcaniques révisent leurs contours,
femme de jambes ensoleillées
et de seins de corail.

Une femme grimpe
par les décombres à la recherche de son sexe.
Elle se haussent grillant des mèches d’idées
dans une imparable ascension.
Elle appuie ses pieds sur les restes
pour prendre son élan.
Elle cloue ses ongles dans des sources sèches
et les fait germer.

KEPA RÍOS ALDAY
École de Poésie Grupo Cero
Atelier du Samedi: 17 h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego 


Madrid, 14-5-02

LA MENDIANTE

Je t’ai laissé partir sans te remercier.
Un vil orgueil fermait mes lèvres,
tendait sur les souvenirs des draps arides.
Et j’ai construit ma prison.
En écumant de rage j’ai atterri un jour
aux pieds de Satanas,
ainsi, nue,
sans les somptueux ornements de la cour.
J’ai pourri seule.

OLGA DE LUCIA VICENTE
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19 h. Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 16-5-02

DEVINETTE

On peut te chercher
sous l’amandier
dans les tours et
         les retours
            de l’air
dans les circulations
d’une gare.

On peut te chercher
dans les notes
d’un violon de métro
dans le cyprès ancien
dans le cadre échoué d’un train.

Je t’ai vu parfois
brûler les vitres
te faire corps
dans ma bouche
scruter l’air
entre les échos
et les coins
du châssis.

Pour toi la lumière
s’élève à midi
et les oiseaux boivent
à la lune
de ton ventre
amour
où ton sang griffe
l’horizon
chaque jour.

RAQUEL FERNÁNDEZ DOMÍNGUEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 17 h. Alcalá de Henares
Coordinateur: Carlos Fernández del Ganso


Madrid, 17-5-02

LA ROSE DES VENTS

Lèvres douces
Corrompues en caresses
Entre-ouvertes
Humides,
Qui cherchent la subtilité d’une main
Lancée au vent.
Il tonne 
Il pleut
Et tout est clame
Dans ce calme qui brille
Quand il peint le ciel  bleu.
Bleu entre les coraux
Entre les nuages qui ne sont pas là
Entre les étoiles qui ont volé
En partant
Dans l’intempérie d’un après-midi.
Où des sexes d’autres sexes
Se cherchaient pour ne pas échouer
Entre les lèvres sucrées
Corrompues
Et entre-ouvertes.
Signalant le rythme des vagues
Tremblant la voix
Avec la voix
Traçant
la rose des vents…….

MÓNICA LÓPEZ BORDÓN
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 17h. Alcalá de Henares
Coordinateur: Carlos Fernández del Ganso


Madrid, 20-5-02

TEMPÊTES

Tempêtes de tremblement sont tes lèvres,
insomniaques cicatrices qui nous parlent
d’une horreur insoupçonnable.

Ton regard surpris, avance ambré
vers la limite de sa passion.  

Il n’y a plus de lamentations
qui te fléchissent ou te fasse reculer.
Jouée dans ton destin tu assumes la partie.

Ta voix se plie dans le creux précis,
elle s’engloutit dans le mot,
permettant le transit continu
de chaque transformation.

Mª ROSA PUCHOL PÉREZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego
 


Madrid, 21-5-02

RESTE-LÀ

Reste-là, parce que l’éternité s’évade avec personne.
Reste-là pour ce que tu ne veux pas encore, ou pour le plus trivial ;
les mers illuminées depuis le fond par des hommes et des femmes,
les enfants qui savent barboter.
Reste-là pour consoler les jeunes qui n’ont pas flotté à tombeau ouverte.
Reste-là pour ne pas lire ni effacer ton credo d’erreurs
mais t’arranger avec un nouveau Dieu chaque nuit.
Reste-là pour la jungle où le rire est couronne,
pour le travail et son moignon d’épines ou de farine,
pour l’automne d’un ami ou la brise des feuilles.
Reste-là pour la sève de l’amour répandu,
pour la lune de mot, inaccessible,
qui naufrage face à ses côtes
et coule ce baiser.

SERGIO APARICIO ERROZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier du Samedi 17h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego. 


Madrid, 22-5-02

POUR COMMENCER

Ma douteuse manière de commencer
se rue avec une passion déchaînée.
Je diffuse avec un contrôle exact l’encre de mes vers.

Doutes et contrôle, antagoniques plaisirs
auxquels je renonce à ta rencontre.
Je sais que ma recherche restera vide,
que les nuits sans toi
aveugleront mon cœur.
J’abandonne mes vastes plaisirs,
le poids de la chair
pour me lancer face à toi.

La pluie de mes lèvres cessera,
puisque l’exactitude de tes mots
arrachera ma peau.

HELENA TRUJILLO LUQUE
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 18h. Málaga
Coordinatrice: Amelia Díez Cuesta
 


Madrid, 23-5-02

AVEC IMPIÉTÉ

Je reconnais l’inutilité
de l’absence imprécise.
Les éclats dévastés
d’un silencement.
Le corps bouleversé
par le vide.
Les yeux morts
par un désir arraché.
Hors jeu.

Je découpe de cette nuit
un fil imperceptible
pour me trouver.
Réveille-moi mon amour
fouette-moi avec l’ignorance.
Avec impiété,
arrache-moi de cette solitude sans moi.  

ELEONORA D'ALVIA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Encore. Buenos Aires
Coordinatrice: Lucía Serrano


Madrid, 24-5-02

MON CHÉRI

Je voudrais écrire un vers d’amour.
Comme si naviguant le mot,
une nouvelle émotion
pouvait parler de nos vies.
Comme si pour laisser fixés sur l’oreiller
ces rêves passionnels
de bouches ouvertes au désir,
ces nuits amantes
de cailloux roulant parmi les rires
et ce réveil continu
enveloppés dans des plaisirs nouveaux,
nous devrions les ancrer
dans un sable ferme.

Je voudrais me surprendre sur la photographie
de draps bruyants
couvrant les bribes d’autres vies.
Garde-toi dans les étourdissements
de matinées parfumées
chevauchant une monture emportée
de dieux et de zèle.
Nous avons arrosé dans des gorges
d’obscures liqueurs traversant des voix
qui en nous nommant
chantonnent, sans pitié, des Ave Maria.

Je voudrais désenchaîner entre tes jambes,
sans préjugés,
une danse avec les noms aimés
et le tien, amour,
qui m’impose la condamnation
d’affronter enfin, lumières et brume
et tous les départs
et l’étouffement permanent
de ne savoir de toi
rien que ces lettres.

NORMA CIRULLI
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 19h Ibiza
Coordinateur: Emilio Gonzalez Martínez


Madrid, 27-5-02

DES CENDRES

Quand devrais-je m’abandonner
Oh, mon ombre!
Un murmure
que je ne sens pas.
Une histoire pour une autre
m’accompagne.
En tournant au coin de la rue tu disparais de mon corps.
Cet éclipse m’aveugle.
J’oublie un vouloir
dans cette ombre à moi
qui étant fumée évanescente
offusque mon être.
Je suis ton futur.
Tu me manques
je t’attends
dans la maison vide d’esprit,
à la fenêtre
seul des fantômes
de qui je ressurgis.

MARA BELLINI
École de Poésie Grupo Cero
Atelier de Porto Alegre
Coordinatrice: Marcela Villavella


Madrid, 28-5-02

LE VISAGE DE CENDRE

Il y a des jours où le chemin est impossible,
un vers sur le point de ne jamais s’écrire.
Des lieux où on arrive seulement de dos
ou bien le visage couvert de cendre.
Il y a des printemps sans Avril,
et des sourires aux lèvres mortes.
Des lèvres mortes sur des visages morts.
Le monde devient parfois,
subitement gris.
Du brouillard dans les yeux,
des yeux de brouillard sur des visages de brouillard.
Même penser fait mal ces après-midi
où la solitude n’est à personne
et une idée, comme une épaisse boue,
impose son règne dans la mémoire.
Il y a des lieux où le verbe arriver
a un autre nom,
peut-être partir.
Un homme vêtu de sombres instants
nous offre une tombe pour un prix raisonnable,
avec vue sur la mer, dit-il.
Et il nous fait rire,
et l’air en s’échappant entre les lèvres,
éparpille la cendre
dans toutes les directions,
le visage disparaît.

ALEJANDRA MENASSA DE LUCIA
École de Poesía Grupo Cero
Atelier Samedis 19 h. Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 29-5-02

AU BAS DE LA PAGE

Il y a une âme qui fait mal sous la peau
et répète, chaque nuit, son gémissement sans visage.
Des énigmes démesurées sur mon corps,
cerné, en position d’attente.

Douleur apprivoisée dans le regard
orpheline d’espérance et de pupilles,
rythmique dégoût tourmenté
dans la bataille impose son silence.

Des crimes comme des magnolias désuets
lâchent dans ma gorge leurs tempêtes,
l’oubli dans de furieux ouragans
exhibe le cadavre de ma voix.

Désespérément je cherche des recoins,
des creux de somnambule égaré,
je parcours des tunnels et des artères,
viscères vaincues par habitude.

Des traces, je sépare, unies à mes doigts,
je défie légères de sagesse puérile
et je dénonce l’envoûtement de la chair
ma peau est comme un nom
                                    au bas de la page.  

Carmen SalAmanca Gallego
École de Poesía Grupo Cero
Atelier Samedi 19 h. Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 30-5-02

JE VENDS MON AMOUR POUR QUELQUES PIÈCES

Je vends mon amour pour quelques pièces,
pour quelques pièces je loue mes mains,
pour quelques misérables pièces j’arrête
sur un point lointain la lettre qui écrit
sans savoir, ton nom.

Des mots interdits exécutent chaque jour
le rituel divin du mystère :
la pluie tombant sur tes cheveux.

J’ai voulu caresser ta douce peau et je me suis coupé les mains,
embrasser tes lèvres rouges et je suis restée sans sourire.
Je suis l’air irrespirable que chacun rencontre
une nuit, un jour, une heure. Le serpent
qui envenime ton obscurité quand il te nomme.

CRUZ GONZÁLEZ CARDEÑOSA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17 h.
Madrid
Coordinatrice: Carmen SalamancaGallego


Madrid, 31-5-02

MA VILLE NATALE

Je me rappelle cette ville illuminée par la couleur ocre des silences,
des rues transies qui sillonnaient les misérables concavités de ceux qui y sont nés.

Des pierres échouées comme échouent sur la poitrine ces moments
de distances cachées, quand encore petite fille nous jouions
parmi les fers froids qui dirigeaient les rêves de la main de quelque amour,
des rêves bercés par le vertige du vide suspendu par des chaussettes trempées.

Je me rappelle les traces de croissance sur ses sables,
sables de plâtre et tuiles où mes mains ont fait avant cette poussière
des palais avec des jeunes filles et des seigneurs qui naïvement forgeaient une vie
entre des cotons d’imagination et des baisers de pâte à modeler.  

Des rues d’autrui avec un regard rieur,
peut-être avec la nostalgie de la vieillesse dans des yeux de larmes suspendues
par le futur qu’ils ne devront pas vivre.  

Je suis née sur une terre qui a germé de la mer,
je n’ai pas d’identité j’aime seulement les mots que j’ai recueilli des versants
tous ces après-midi de ciel ouvert,
temps croisé par l’air, tracé en vingt deux vers faucon
sortant de pages en fuite.

Je sens encore la chaleur du bois se dessinant dans des planches de passion,
des flambées de cris éclosent leur immense beauté vêtu d’espoir agenouillée
face à l’image du Christ tissé dans le feuillage.

Il n’y a rien derrière cette ville où le temps gît presque sans battre,
parmi les pas de trois des vieux
et les folles courses de plus de mille enfants
courant tous en même temps et dans la même direction.

Les années ont passé et je n’ai pas trouvé le moment d’y retourner
pour frôler ma peau avec son arôme, arôme de cascade vierge,
chevelure longue et argenté, pommettes forées dans la majestuosité de leurs ruines.  

Une fois j’ai pensé me clouer au vent,
me nicher entre la modestie et l’oubli à trois rues seulement de l’absence
pour ne pas pleurer ni une de ses pierres,
pour ne pas blesser le silence avec le son d’une passion désespérée.

15 ans de souvenirs sont passés,
je ne sais pas encore de la douleur profilée dans les restes de ce lieu-là,
je n’ai rien su de toi, après ta mort.

MAGDALENA SALAMANCA GALLEGO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17 hrs. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego 


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