Madrid, 1-7-02

POÈME

Les capitales m’oxygènent,
leur bruit vierge, jungle taillée luit de ciment.
Leurs bourrasques mouillent en une douce salive le prochain pas.
Je t’aurai, tes entrailles, teintes familières, dans des coupes de santé.
Tes petits pas éclaboussent des charmes.
Je veux un collier de présences, des chambres en chêne où écrire
ces vers en plein centre.
Le travail multiplie, découvre des présences.
Calme-toi femme, le blanc laisse les pas en macules,
dans cette lumière de papier.

  STELLA CINO NÚÑEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier du dimanche à 11
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 2-7-02

  LA RETRAITE DANS LES LIVRES

     La langue végétale presque vivante fait semblant.      
Vicente Aleixandre

Arbre et papier, comme deux cœurs poussiéreux, comme deux boites
presque humaines, deux colonnes, un clavier de vertèbres féroces,
tout le squelette de mots.
D’un battement, d’un pouls sans crépus cule, d’un bois sans peau
tu arrives, et les lèvres sur le sable, nues, comme des draps brûlants
pâle souvenir qui se loge dans les oiseaux, commencent à embrasser
les escaliers de ton nom, le détour bleu, infini de ta peau.
Quelle ombre, quelle perche, tes yeux déshabitués
tout le toucher triste, au sol froid, tu avances, comme l’odeur entre les vitres.
Et il n’y a pas de bord où je n’écoute ta parole,
il n’y a pas de traits qui ne soient ce vivre,
une page décrochée de la pluie,
cette cloche qui prononce la mémoire
le feuillage de ce chêne,
les décades alignées sur ces lettres.

  PAOLA DUCHÊN REYNAGA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier du samedi à 19h
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 3-7-02

  UN INSTANT D’ÊTRE

Ciel gris.
Novembre.
Des vitres embuées.
Des pas brefs.
Brouhaha dans le marché.
Pourrais-je me peser cette larme ?
Des pièces échangent des baisers par nostalgie.

Et cette belle inconnue,
du miroir,
trinque pour notre futur incertain.

MONTSERRAT ROVIRA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier dimanches 19h.  
Ibiza
Coordinateur: Emilio González
 


Madrid, 4-7-02

  NUIT DE MIRACLES

Tu me regardes
sous ton épaisse chevelure nocturne,
ciel glacé que j’adore.

Front neigeux
sur trait obscur.
Nickel taillé au feu.
Voilà ton visage.

Aujourd’hui je ne veux pas
de rose, ou de roche, ou de baiser ardent.
Aujourd’hui je ne veux pas
de mots, de promesses, de sortilèges.

Rêver, nous avons rêvé
d’inracontables rêves.

Quelque vérité :
Ta main caressant
la peau de mes jours.
Mes mains
t’offrant le miracle.

ALEJANDRA MADORMO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 11,30 h. Buenos Aires
Coordinatrice: Norma Menassa


Madrid, 5-7-02

  ELLE A DES POUVOIRS

 

Tu étais si fragile
et si blonde,
ton doux profil
ceinture brisée.

Ton regard perdu
franchissant des mers
et des horizons bleus,
déserts de sable chaud
continents jusqu’à arriver
au fond.

Tu étais si fragile
cependant, tu ensorcelais
et au crépuscule de l’après-midi,
de ta chambre
jaillissaient d’étranges odeurs,
des bruits assourdissants
brisant le silence
de cette énorme bâtisse,
toujours au crépuscule.

  PILAR NOUVILAS LARRARD
École de Poésie Grupo Cero
Atelier du Samedi à  17h.
Madrid
Coordinatrice : Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 8-7-02

  TA VOIX VIENDRA ENFIN

Je me suis réveillée assise dans la gare
buvant ton silence.
J’ai respiré à fond,
j’ai senti siffler le train de distances
et je me demandais…

Ce sera peut-être le temps
qui défait la chanson ?
Ta voix viendra enfin
appelant du fond des jours ?

Le cyclamen est mort.
Seul la soif persiste.

Premièrement, j’ai vécu la douleur
comme une automate
mangeant tes cendres.
J’ai vécu, avec l’espoir sur le dos,
tout tremblement.

Ensuite, j’ai fui de moi

et je n’ai jamais plus pu
te parler.  
Je n’ai pas voulu lâcher au vent nos amours.
La fumée de ton rire
monte encore
les échelles lumineuses de ma peau.

J’aime de toi
ton corps ciselé par la lettre,
le tiède pentagramme de ta voix,
la musique du sang qui témoigne :
il est encore temps, faisons l’amour !

PAULA MALUGANI
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 19h. Ibiza
Coordinateur : Emilio González


Madrid, 9-7-02

PORTRAIT D’UNE GUERRE

Je me rappelle une photo en noir et blanc.
Pièges de lumière et d’ombres
explosions du désir qui clôture le temps.
Des gens debout, à genoux, sous le soleil.
Décombres, siècles
roulant furtivement les noms du saut.
Les lamentations silencieuses se sont terminées, le muet flétrissement.
Le reste est quelque chose qui me concerne.
Loin des bénéfices et des doutes, à plusieurs reprises,
nous ne nous perdions pas dans d’adverses circonstances.
La chaleur de l’âme engourdie dans l’encerclement des heures.
Dans la rancune qui naît dans l’impuissance, la haine,
dispersant des prières et des curiosités.
Dans l’agonie, vaut la tentative de reconstruction,
dans la lumière artificielle, qui est aussi lumière.
Dans le bulletin des sens, petits espaces.
Dans la tempête sans attribut du passé,
l’ombre couchante, le rire caché.
Libération fugace de tout désir pratique.
Compulsion dans la répétition de la douleur,
dans l’érosion suggérée, effroi partiel.

Jaime Icho Kozak
École de Poésie Grupo Cero
Atelier du dimanche à 11h.
Madrid
Coordinateur : Miguel Oscar Menas
sa  


Madrid, 10-7-02

LE NIL

Des dunes interminables
à l’est et à l’ouest
d’un cours puissant :
Mer d’une direction
majestueuse et virile
lit et source de vie
couleurs et mouvement
rires enfantins
salutations adultes
succession d’images
baignées par l’eau aimable
qui adoucit les rayons du soleil
équidistant
de ses miroirs aqueux
sur la superficie propre.
Le sphinx
immense
surveille la grande ville
fourmilière allongée.

  MARISA RODÉS PUEYO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid.
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 11-7-02

IL A DES POUVOIRS

Il doit répondre
à plusieurs relations
pour pouvoir vivre.

Il doit soutenir
avec son travail
sa propre vie.

Il doit écouter les indications
de gens amoureux.
Il doit arroser son amour,
préparer quelque rencontre.

Il doit être ce qui vole,
ce qu’il a vu passer devant lui
un matin inévitable.

Il ne sait pas maudire,
il ment quand il croit.
Il a des pouvoirs.

KEPA RÍOS ALDAY
École de Poésie Grupo Cero
Atelier du Samedi: 17 h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca  Gallego


Madrid, 12-7-02

  QUE FAIRE AVEC CETTE BOMBE QUI 
EST TOMBÉE DANS MES BRAS ?

  Aujourd’hui j’ai tâté les blessures de l’éternité.
 J’ai vu comment la haine s’écrasait
contre le cœur de New York.
Grinçaient les murs et grinçaient les gorges,
ils chancelait en toile de fond les flammes.
Tout était délire.
Délire consumé avec la précision d’un assassin.
Et moi qui suis du peuple, je me demande :
Que faire avec cette bombe qui est tombée dans mes bras ?
Un vent gelé tissent les couleurs
de la mort et moi, je l’aime !
accrochée à son dessein,
je suis là nue,
comme les nerfs sans leur gaine
Tout fait mal :   cette haine pour l’humain
                          cet amour pour l’humain.

Cette passion violente qui aveugle mes sens,
cette manière si brutale de traverser
les substantifs avec leur nom.

           OLGA DE LUCIA VICENTE
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19 h. Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 15-7-02

ILS PARLENT

“Ce n’est pas un verbe mais un vertige”
Alejandra Pizarnik

Cette nuit je ne comprends rien.
Je tourne au coin de la rue les mains dans les poches et
      l’air me semble un peu froid et un peu creux.
Ils parlent du lieu, de l’amour et des baisers.
Ils parlent et je ne comprends rien.
Enveloppée dans une mante de tristesse je commence un épilogue.
      Vertige dans la gorge.
            Ils parlent de l’océan de la voix.
                            Je ne comprends rien.

Allons-y.
Et j’ai remonté la rue en marchant. Un avion s’est écrasé et une vieille
      est morte, et la chaleur d’une main m’a rendu triste dans le déchirement
      d’une passion.

Ils parlent.
Et j’ai crié un hurlement de douleur, de guerre, de deuil, à genoux.
Et au sommet du vertige commence un épilogue arraché au soleil, son berceau ,
qui pleurait comme un enfant, quand il l’a vu partir.
Dans ce vertige je ne comprends rien.
Le froid était légèrement humide.
Et le creux, un abîme.

MÓNICA LÓPEZ BORDÓN
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 17h. Alcalá de Henares
 Coordinateur: Carlos Fernández del Ganso


Madrid 16-7-02

CETTE QUESTION

Cette question qui parcourt ma peau,
silencieuses gouttes de sueur qui m’interrogent,
un cri tremblant,
s’installe dans mon giron.

Ce sont de petites finesses visuelles
éclatant comme des cristaux
se clouant sur la future rétine de mes années.

Comme une force étrange,
un feu inexistant dilue les incendies.
Merveille encerclée.
C’est la douleur aiguë de se sentir vivant.

Mª ROSA PUCHOL PÉREZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 17-7-02

UNE NUIT SUR LE TOIT

Pleurer n’a rien produit pour l’homme.
Ça lui rappelle seulement à chaque instant
comme sa vie est vide
face à l’opulence du passé.

Les pensées sont des bâtardes
qui martèlent la tête du clou
face à son miroir.

Cette soif pour les vertus perdues,
pour les vieilles étreintes maternelles.

Seul les pleurs produisent plus de pleurs,
un tribut à la fécondité pourrie,
un fils mort entre les mains.

Oublie, eau de mes yeux,
oublie maintenant ces poignards.
Je serais brave, comme une dépouille,
vers la bouche, affamée,
des loups.

HELENA TRUJILLO LUQUE
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 18h. Málaga
Coordinatrice: Amelia Díez Cuesta  


Madrid, 18-7-02

SANS RAISON

La boussole de mars chante un visage nouveau.
Les oiseaux aquatiques rêvent de dessins aérodynamiques de liberté.
Des bruits étranges peuplent ma face dévastée.
J’écoute les sons anciens d’une flûte égarée dans un bois de mouettes.
Il pleut cœur, il pleut chatoyant sur le gris dans les boussoles de mars.
Un bateau sans raison perdu dans l’épaisseur de ses ailes.
Une chute tourbillonne sur le fond d’elle-même.
Un fer à cheval parfait pour cette folie de l’âme.
Un égarement désespéré sur des gris de silence brisés par une voix sans fond.
Cœur chatoyant sur gris intense, il pleut sur mars sans réconfort.
Un vert est une ombre, un pont suspendu sur le soleil.  

ELEONORA D'ALVIA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Encore. Buenos Aires
  Coordinatrice: Lucía Serrano


Madrid, 19-7-02

RETARDANT LA VIE

J’ai retardé ma vie
te cherchant dans des symétries et des fragrances
dans des mots abandonnés au hasard.

À peine aperçue dans les rêves,
dans de fugaces déviations dans d’obliques multitudes
dans d’anciennes photos de famille
que le temps efface inexorablement.

Dans la sainte impossible
dans la pute improbable
dans une dépense imprudente.

Aujourd’hui, où je renonce à te trouver,
où j’accepte de te dessiner dans ces lignes
ainsi, presque négligemment
léger d’illusions.

Je promets de visiter ton corps du sud au nord
surprendre en un instant
ton regard absent.

Te serrer dans une phrase
dans un silence, faire taire mon âme.

ROBERTO MOLERO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Encore. Buenos Aires
Coordinatrice: Norma Menassa
 


Madrid, 22-7-02

  JE SERAI LÀ

Si je te rencontre et
l’amour gagne
sur le croisement fou
de toute aurore,
si je me laisse aller aux insistances,
si je n’erre pas en cherchant ce tremblement,
si je naufrage dans un regard de non-rencontres,
si ma voix tremble pour te mettre un nom,
et les coins de l’âme se cachent,
où presque en morceaux ils insistent encore,
si la nuit ne nous couvre pas,
si je frôle timide ta peau,
si je ne t’oublie pas…

NORMA CIRULLI
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 19h Ibiza
Coordinateur: Emilio Gonzalez Martínez


Madrid, 23-7-02 

LE NUAGE EN PANTALONS
                                                Vladimir Maiakovski

Aujourd’hui la poésie a réveillé mon cœur.
Mes entrailles crient :
la lutte est contre soi-même
voilà ce qu’est gagner !

Aujourd’hui je pars en suivant les mots
Par les chemins d’étoiles
Par les escargots du temps.

  Je suis un apprenti
           d’habitudes
j’arrive au zénith
en nuages habillés
en pantalons

je tisse avec l’araignée ma toile
de bout en bout
       horizontale
ma toile éthérée

poésie dans mon propre coeur !

  LUCÍA BINS ELY
École de Poésie Grupo Cero
Atelier de Porto Alegre
Coordinatrice: Marcela Villavella
 


Madrid, 24-7-02

  LA BACCHANALE

Je viens des saisons dorées,
je viens de manger le pain des sans pain.

Sept jours et sept nuits nous avons bu
des breuvages impossibles,
qui trompent l’esprit
et troublent la mémoire.

Sept jours et sept nuits
nous avons forniqué tous avec tous
et chacun nous avons été le cocher
débauché de notre propre bête.

Je viens de la région septentrionale,
je viens de dévorer l’humus des démunis.

Chaude haleine dans la bataille,
nous avons tué tous ceux qui
nous regardaient de haut,
et nous avons trinqué avec la coupe
de leur sang chaud.

Nous avons violé les vierges
et notre regard dépouillé de culpabilité
nous a étonné.

Nous en avons fini avec tout ce qui grandit,
les enfants, les jeunes arbustes qui ravitaillent,
les animaux tendres, dont les mamelles
ont cessé de donner du lait et se sont remplis de sang.

Nous en avons fini avec tous ce qui allait naître,
des bombes contre les ventres des mères
pléthoriques de vie, poison dans les
graines dorées du blé à germer.
Des fleurs qui n’engendreront jamais leurs fruits.
Des poètes sans main et sans gorge.

Je viens de jeter du bois dans le feu du volcan,
qui enterra sous sa lave ma mémoire.

Tant de crimes de Guerre, tant de crimes de sang…
Les héritiers du supplice me tueront,
ceux qui m’ont vu trancher le cou du père,
ceux qui m’ont vu violenter l’hymen de la fille,
ceux qui ont vu mon visage jouissant dans la pénombre
de la dernière extermination,
ceux qui ont vu mon sexe,
se dresser uniquement devant la mort.
Ceux qui ont vu mes atomes d’hydrogène et de carbone,
s’alimenter uniquement du sang des autres.

Mon frère, mon père, mon fils, me tuera,
le volcan que j’ai nourri, calme et patient
de mes mains me tuera.
Sept nuits de fornication me tueront.
Des breuvages impossibles me tueront.

Elles, elles me tueront, avec leur hymen
comme un arc, et leur virilité
comme une flèche qui traverse mon sang.

ALEJANDRA MENASSA DE LUCIA
École de Poesía Grupo Cero
Atelier Samedis 19 h. Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 25-7-02

  POUR CONTINUER À RÊVER

  « Il a gardé peu de plumes, mais les siennes »
À Olga de Lucia

Des miettes de souffle contenu
échappent au cœur de la nuit
où des squelettes ayant mon nom
déjouent des conjectures de trahison.

Je mélange les cartes du souvenir,
je rejette des passions grièvement blessées,
des doutes conçus sur la limite
de cette soif, couverte de chimères.

Je cherche dans les commissures de l’âme
la matière inanimée du savoir,
chaud croisement du destin
arrachant, à la peur, son audace.

Sur les plaines de mon visage
je dessine des cabales de temps congelé,
des spectres assemblés au mauvais moment
et la semence gelée de l’horreur.

Derrière la dense muraille du miroir,
un désert tenace inachevé,
je résiste aux batailles impalpables,
pluie répandue en syllogismes.

J’extrais des résultats et de l’apparence,
de vieilles querelles de la chair
et, face à l’étonnement de mes yeux,
je mue la peau pour continuer à rêver.

Carmen SalAmanca Gallego
École de Poesía Grupo Cero
Atelier Samedi 19 h. Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 26-7-02

  FATIGUÉE

Fatiguée, un peu de mer dans les oreilles et des perles dans le fond de la chaussure
je glisse pressée dans les ruelles du silence
et sans croire aux retrouvailles
je reprends la carte des rêves
de ces inquiétudes quotidiennes
où un vent me pousse dans le monde des imprécisions.

Partagée, plus que fatiguée, partagée en mille morceaux.

Sans savoir dans quel lieu, quel monde, dans quel morceau j’habite,
quelle terre me condamne à chaque temps,
quelle mère a refusé les soins,
que ne me demande-t-elle pas.

Je viens réchappée d’un gaz raréfié
que j’ai trouvé dans les sépulcres où vivent
les victimes du temps, les corps
des hommes qui chantent au silence
avec une voix qui emporte des échos des vapeurs x distendus
qui heurtent la lumière et reviennent gouttes de sève de la vie
troublant les vitres où une femme se regarde et ne se trouve pas.

Chansons.
J’écoute des chants devenus chansons dans la bouche des peuples
qui dansent de faux pas et des arabesques de ceintures sans formes
d’épaules courbées par des sac à dos énormes
dans lesquels ils portent leurs propres morceaux gardés comme de l’or,
une boîte d’allumettes, un morceau de pain, deux crayons,
les petites pierres d’un jeu,
le souvenir d’enfance qui fera que l’enfant revienne
régulièrement pour le sortir des profondeurs et le jeter dans la cour
où habite en son milieu le soleil qui chauffe les corps
le soleil qui est toujours dans le ciel
qui toujours se lève et tombe
le soleil qui quand l’homme a perdu la foi
est toujours en bonne santé.

NORMA MENASSA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 19h
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa  


Madrid, 29-7-02

  LA RETRAITE DANS LES LIVRES

Je me retire de moi d’un pas,
une phrase tournée
ce qui n’a jamais été imaginé pour moi
ici, à la portée de mes mains.

Laisser que cela arrive et partir
traverser la mer infinie
et revenir sans moi,
pour vivre.

CRUZ GONZÁLEZ CARDEÑOSA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17 h.
Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 30-7-02

  INADVERTANCES

Du mot amour, j’ai défait des plantes grimpantes
sous l’éclat d’un mirage,
des esprits dignes de gloire
ont enterré des époques dans les chants de Vénus.

J’ai taillé dans les os des vies d’amidon,
des géants de bois pleuraient leur épée
plantée dans ma poitrine,
doux adieux dans l’encadrement de tes lèvres.

J’ai couronné mon règne de vergers et de vitres brisées
des voûtes de diamants ont fait de Chronos
un applaudissement turquoise,
alors que sonnaient des flûtes de noblesse.

Des monts pâles sur mes tempes
gémissement misérable venu à la guerre
tenace docilité d’absence
silence harmonieux, inadvertances.

MAGDALENA SALAMANCA GALLEGO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17 hrs. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 31-7-02

CETTE QUESTION

Cette question: Qu’est-ce qu’il y a de l’homme dans nos mains?

Je dois corrompre mes fondations sauvagement
pour répondre. Je prends deux mains avec les mains
et je les étrangle.
Son silence m’impressionne, c’est admirable comme elles supportent
sans ces courants de sang, des tempêtes de volonté
qui ont réussi à renverser tant d’embarcations.

La main a existé avant de connaître l’assassinat.
La main connaît la condition d’un homme qui disparaît
quand son cœur éclate sans faire de bruit.

Cependant, rien ne dévie l’attention de la question :
ma main détruisant l’imminente
végétation qui nous sépare du futur,
ma main fermant les vertigineuses portes du passé
d’un coup identique à celui que produit l’ange
qui s’écrase dans le vide.

J’ai oublié qu’entre les mains j’avais mes mains capturées.
Elles en ont profité pour se lever et fuir
dans toutes les directions qu’indiquaient leurs doigts.
Hors de l’écriture et de l’assassinat
mon corps s’est embrasé.
La cendre a emporté la question jusqu’à un autre homme.

Andrés González Andino
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17 hrs. Madrid
 
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Selección de Poemas Inéditos

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