Madrid, 3-6-02

ILS ONT OUVERT LES COUTEAUX

Ils ont ouvert les couteaux et de leurs portes ont surgi
les multiples visages de la mort.
Comme dans l’arène
quelqu’un a lancé ses pleurs à l’espace en espérant sauver
son corps dans le mot,
rouge mot sur la main esquivant l’attaque,
mais les pleurs ont été dévastés par les bêtes du tranchant.
Lentement,
ce qui gisait enfermé
sur leur propre front, finissait par surgir en fleurissant
déchirure à déchirure sa voix
à l’infini,
et les recoins qui cachaient la rumeur hors de l’histoire,
la rouille, le gaspillage inhumain,
ont pu éclairer les arènes de déserts,
les langues oubliées dans la sanglante frontière
et les morts silenciés ont occupé de nouveau
les angles du chant matinal.

La cannelle s’est ouverte et la couleur verte a éclaté sur le vent,
un éclair inanimé commençait l’orage
qui laisserait tomber des aiguilles sur le visage convexe.
La feuille métallique de l’arbre déchirait l’automne
et s’ouvraient les amants dans les escaliers
cherchant un refuge à leur regard caché,
et s’ouvrait la rue dans les villes blessées
dévorant les corps convoités,
et s’ouvraient les balcons terrorisés
sur les immenses roses de tristesse,
et s’ouvrait l’applaudissement de la mort
à la fureur insatiable de la vie.  

Le sang du cadavre s’unissait à ma salive
le sable des arènes nous a offert son corps,
l’air transportait l’odeur des cendres,
nous avons ancré notre vol dans l’éclat de l’épée.
Ouverts,
à la solitude du deux.

Andrés González Andino
 École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17 hrs. Madrid
 Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 4-6-02

AGGLOMÉRATION

J’ai les lèvres scellées
anéanties,
noires comme la poudre noire.

Crispées par la colère,
tues
comme des pierres d’os…
                ¡ fils sculpturaux !

Deux fois le silence veut parler,
deux fois ses fils d’ombre
divisés par la hache.

Un soleil aux yeux vengeurs
débâcle
son cœur imaginaire,
tous les cheveux de l’air peignés
par un cahier bleu…
              ¡misère des lèvres !

Il y a une montre de feu qui tresse les heures,
moi, je propage les heures.

Moi, je prolonge la nuit,
je marche sans pardon
sous son ombre ébranlée.

PILAR GARCÍA PUERTA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego 


Madrid, 5-6-02

JE RENONCE À TA CHAIR

Je renonce à ta chair.
Pas au corps.

Et je reviendrai dire au revoir,
sur des pages de lisse écume
la brume du silence.

Né dans la patience,
je conserve une muse,
violon tempéré
d’acajou et de four castillan.

Il y a la guerre sur notre planète
je le sais, ma chérie, moi aussi je suis né
après l’amour.

Dans le jardin,
les roses cet automne,
sont des tapis.
Des oiseaux morts
ceinture paisible
l’annoncent.

Ne crains rien, amour
livre sont nos pierres
de ciel obscur.

La candeur est destin
et l’histoire notre risque.

Je renonce à ta chair.
Pas au corps.

CARLOS FERNÁNDEZ DEL GANSO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19hrs
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa  


Madrid, 6-6-02

ENDORMIE DANS UNE PYRAMIDE

Je cherche la trace de ton nom,
étoile du destin, doux frôlement du
vent sur mon corps. Je m’acharne sur
les souvenirs, je tourne à gauche,
je tombe sur des atrocités impassibles, j’accomplis
mon devoir et je meurs. Je tourne à droite
le sang circule follement en
direction contraire, je perds connaissance et
je meurs. Arrêtée, sans bouger un seul muscle,
je regarde fixement la mort, allongée au
centre d’une pyramide, endormie sur
un catafalque qui cache mes restes. Sans
vaciller, je lui demande ce dont elle rêve. Elle gémit
sans furie et prononce le mot « toi ».

CONCEPCIÓN OSORIO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 7-6-02

CETTE NUIT

Cette nuit,
je la passerai avec toi.

J’ai ouvert toutes grandes les fenêtres
j’ai mis les vêtements les plus précieux
pour mieux me déshabiller.

En bas la ville oublie.

Que chacun fasse ce qu’il peut
pour ne pas pleurer de tristesse
pour oublier l’aube.

Nous accompagnent
pour la fête d’obstinés paysans de l’âme.

Voix sur voix.

Ne crains rien
cette fois
personne n’y échappera.

Embrassons tout d’abord sans désir
chaque lettre
chaque virgule.

Dans les silences
silence
la mort rôde tout près.

Regarde ses mains d’écume
c’est mon cou qu’elles cherchent.

Je me laisserai faire.

Je laisserai mes yeux se voiler
jusqu’à l’aveuglement
jusqu’à la note finale
d’un poème.

Claire Deloupy
École de Poésie Grupo Cero
Atelier du samedi à 19h.Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa 


Madrid, 10-6-02

ENDORMI DANS UNE PYRAMIDE

Le temps, fatigué, ne sait rien de moi
ses juges implacables ont renoncé à inspecter mes mouvements.
Cependant, une fois, j’ai été la splendeur du matin,
la première fleur que distilla l’amandier au printemps.  

Endormi dans une pyramide
mon nom est moins réel que les sables du désert
et mon corps repose défait sur les fils d’un mouchoir,
comme un fossile, comme une monnaie éloignée de tout commerce.

Mon destin survit dans un poème impossible à lire deux fois.
Ce mot qui dit eaux, la deuxième fois dira feu.
Toute la réalité se défait dans sa langue prodigieuse.
Là où j’ai dit ciel on entend maintenant retentir le perfide enfer.

Je suis le prophète et mon nom….
mon nom le répètent les sables incessants du désert.  

RUY HENRÍQUEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17 h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 11-6-02

MA RÉPONSE DE CIRE

Des fleuves tumultueux d’espérance
brouillard dissipé de questions vaines
corps de mortelle liaison.

Des pas d’histoires politiques,
des guerres pas encore commencées
rossignols brisés dans la trille
sucre éparpillé sur la terre.

Fils de ventres bouffis par la lutte,
bagarre de la dent avec la pierre,
ivoire cassé,
albâtre taillé,
cercueil de rimes.

EVA MÉNDEZ HERRANZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego 


Madrid, 12-6-02

LUI, IL AIME SA FATIGUE

L’extase qui enivrait les heures de ma vie, n’avait plus la curiosité obsessive
     de tous les commencements.
Il cherchait les abîmes où ne pas tomber, les déviations certaines, la plus forte lumière entre les 
     ombres.
Le démon ne me tente pas trop.
Sensuelle, je doute des apparences.
Je cherche dans de grands amours que je n’ai pas à pervertir les déceptions.
Je ne représente personne et des excentricités du temps, réveillent toute paresse.
Sans attaches, je fais de ma brutale solitude un étendard précieux.
Lui, il est complice de ne pas pouvoir obtenir ses grands désirs.
Livré à une histoire vulgaire, il se nomme de nouveau abandonné.
Ce ne sera pas moi, la fée qui consacre ses heures aux orphelins d’esprit.
Lui est un homme idiot parmi les méchants
Lui, il aime sa fatigue.

LUCIA SERRANO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 11h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa
Du livre inédit “Une légende d’amour »


Madrid, 13-6-02

LE COEUR EST ARRIVÉ IVRE

Le cœur est arrivé ivre ce matin,
traversant des rafales de fatigue,
et abusant de la vie la plus humaine
il a dessiné la grande imposture.
Un nuage est descendu et a existé entre nous enroulant des figures
entraînées par masses de vent humide
courrant sans hâte
parmi les fantômes pressés vêtus de pauvreté
qui allaient et venaient sans savoir quoi faire
dans cette folle ville abattue par
les grandes capitales qui ordonnaient de tuer.
Il n’y avait pas d’ordres précis
mais les corps se mettaient dans un coin, se rassemblaient
formant des paquets de chiffon et d’étoupe
où l’amour fuyait profitant des fentes
et l’échiquier d’ombres dessinait
la partie finale, l’échec et mat historique
où la reine d’argent succombait
laissant dans mes oreilles le toc sec
comme un son sans échos
qui traversait l’espace de l’ennui.
Moi, je me cherchais dans des destins ignorés
et il me restait seulement entre les mains
une odeur de mitrailles, de fer et de sang
battant le pain avec colère et tristesse.
Une entre beaucoup
et des millions venaient m’entraîner
et c’était une rame luttant avec l’eau
cherchant dans ses dessous l’or liquide
le vin de messe pour tous
guérissant les gorges,
soulageant la douleur avec des sacrements,
heurtant avec l’angoisse
et la moral esthétique,
séduisant des âmes,
genoux fleuris
tombant par terre d’ivresse
sans taille de malice.

NORMA MENASSA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 19h
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 14-6-02

RIEN N’EST RÉEL

Quand de ton profil
j’obtiens un vers, un battement de barbarie
une respiration enflammée
un écroulement de dicton
un souffle que je lèche pour la fidélité.

Quand de cette réalité de pas
les flambées diminuent
la frénésie pour un vers de plus,
pour atteindre la main qui touchera
dans l’incertitude un plagiat rétroactif.

Quand sa caresse me conserve pour un instant
goutte à goutte me laissant traverser, croiser, enlacer,
j’épèle mes spasmes
mon manque d’air
le courrant de la réalité
qui palpe mille visages.

Quand rien n’est réel
quand flotte le soupçon que tout geste
peut arriver
j’abandonne les points
et je meurs là
dans le dénouement.

CLÉMENCE LOONIS
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego 


Madrid, 17-6-02

NUIT À NUIT

Nuit à nuit je contemple à une distance immensurable
entre loin et près,
ton silencieux profil.
Je parcours pli à pli ta nuque et la tête
et la nuque de nouveau tombant dans ton dos,
assis face au feu.
Peut-être si je pouvais trouver un mot.
Il y a des miettes sur la table d’un festin attardé,
j’arrête mon regard sur la coupe de vin que reflète tes mains,
je descends des genoux aux pieds déchaussés
et ton profil, silencieux.
C’est bien la même maison que nous construisons ensemble :
blancs les murs blancs,
des balcons avec des géraniums
les toits vibrent encore de cette passion-là,
et ton profil, silencieux.
Peut-être si je pouvais trouver un mot
qui ferait que ta nuque me regarde,
un mot dont je ne me libère pas
bien que me pousse une pression de sang,
donner ma pauvre bouche à un mot, syllabe lumineuse
son guttural
quelque chose pour faire taire les cris du silence.
C’est bien la même maison que nous construisons ensemble
mais la maison vit au-delà de nous.
Le feu a vieilli devant tes yeux.

INÉS BARRIO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 11.30 hrs Buenos Aires
Coordinatrice: Norma Menassa


Madrid, 18-6-02

LA PROCHAINE FOIS

Je divise ma nuit
j’ouvre ma poitrine à la lune
je compte les liens,
ils volent
sur le saumâtre échafaud
du temps brisé.
Ce délire de patrie rauque
blessée dans ses ombres
ourdit et fait échouer ma décision :
Elle s’ouvre sans retour.

La mort quiète
me présente son enveloppe
parce qu’elle rêve pendant le jour
pendant la nuit elle abandonne cette laxité
qui ouvre l’espérance.
Tard arrive cette passion pour mourir
en parlant d’amour.

PILAR IGLESIAS NICOLÁS
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17hrs Madrid.
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 19-6-02

POÈMES D’AMOUR

Elle, elle voulait que je lui écrive des poèmes d’amour
avec la force d’un volcan en éruption :
lançant des vers au ciel, qui fondent,
les entrailles de la terre.

Emmène-moi dans ton vol, disait-elle,
volons avec passion, confondons-nous en un;
moi, je serais le fleuve,
toi, tu m’attendras mer assoiffée, passionnée.

La rencontre brutale parmi les eaux,
feux de toutes les couleurs illumineront l’événement.
Danses joviales et vertigineuses de la montagne vierge,
où les règles sont archaïques
et la danse cosmopolite des grands océans
dans la pupille vibrante du désir.

Tu écriras toute la journée s’il le fallait,
nous serons un éclat universel dans un poème
ma beauté et tes vers,
mes jambes de danseuse française et tes vers.
Mes yeux regardant à l’infini et tes vers.
Ton chant hallucinant l’immortalité,
ma peau frémissante par ton chant.

Tu te rends compte, mon amour, ce que je veux :
tu m’écriras des poèmes d’amour
et tu hausseras ton chant jusqu’au ciel
pour que tes vers fondent les entrailles de la terre.

JORGE FABIÁN MENASSA DE LUCIA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17.30. Madrid
Coordinatrice: Alejandra Menassa de Lucia.


Madrid, 21-6-02

PEUT-ÊTRE LE SAVIONS-NOUS

Peut-être saurions-nous
dépouiller les murs de boue sèche,
éloigner le passé
et son miséreux paradis,
peut-être nous déshabiter
de qui nous fûmes…
Il était impossible de savoir
qui arriverait d’abord.
Peut-être le savions-nous,
jours et nuits,
nuits et silences
peut-être l’aurions-nous su…
Sous les paupières
une brève lumière
s’insinuait.
Quelques yeux
quelques huîtres
ne sont de l’eau ni du feu
quelques herbes
grandissent avec la lumière.
Qui arriva d’abord?
Impossible de savoir dans les longues nuits
les rituels du feu,
peut-être les fondations de la peau
et ses mystères,
la source de l’avenir
peut-être le savions-nous,
l’aurions-nous su.
Qui trembla d’abord ?
La mémoire n’arrive pas au rendez-vous
elle descend par les grands fleuves
jusqu’à son repaire et elle se consume,
mais le temps ne s’extermine pas,
écho de nous,
échos que nous sommes.
Ceux-là et pas n’importe qui

nous serons de l’amour,
ceux-là,
et puis notre ombre.

MARCELA VILLAVELLA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredis 11.30h. Buenos Aire
Coordinatrice: Norma Menassa   


Madrid, 24-6-02

POÈME

Qui n’a pas un ami dont le squelette soit une chaise?
Qui n’a pas d’échafaudages et de nostalgies de précipice?
Qui peut dire en toute sécurité que dans le mot amour
il n’y a pas de puerto?
Qui se cache fauché dans le séisme du six?

Évidemment,
l’oiseau à la voix bleue
qui sait la tristesse en conserve
son poids, sa couleur.

HERNÁN KOZAK CINO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 24-6-02

J’AI TOURNÉ AVEC MES MAINS

J’ai tourné avec mes mains  
les astres célestes
d’anciennes histoires
qui me condamnaient,
je suis aussi
une étoile ancrée
dans le firmament
et la vie, de loin
me regardant nu
s’étend entre mes bras.

MANUEL MENASSA DE LUCIA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17,30 h. Madrid
Coordinatrice: Alejandra Menassa de Lucia
 


Madrid, 26-6-02

JE ME SENS COMME CHEZ MOI     
DANS LA VILLE D’ASPHALTE

                                                                   Bertolt Brecht

Je suis née œcuménique et précoce, sans maison et sans pardessus  
sans lettre et le mot incorrectement parlé.
Je suis née mystérieusement selon les saintes écritures
avec une kyrielle étonnamment précise
disaient les sciences et autres machines courantes.

Je suis née le jour dont je me souvins demain.
Le lys et la neige applaudirent arriver
après d’autres phrases firent mon corps.
Seul les mots affligèrent mon cœur nocturne
seul les sons traversèrent mes lèvres.
Aucune rancœur ne vainquit le mot
aucun sexe n’a retenu mes pas
aucun argent n’a fermé mes mains
aucun vers n’a obstrué mon regard
aucune mort fut le paradis terrestre.
Après pas à pas, tout en niant, en aimant
j’ai tourné en rond vers nulle part.
Aujourd’hui je suis née,
aujourd’hui je suis mortelle.

  AMELIA DÍEZ CUESTA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 19h. Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 27-6-02

 “DEVANT CE QUI EST VÉRITABLEMENT SAUVAGE...
                                            IL FAUT HURLER »                                                                                Cesare Pavese

I

  Retranché, sourire gelé, regard fuyant.
Voilà un homme amarré à son destin.

Menacé par lui-même, cet homme persiste
répétant à l’infini les erreurs qui l’ont fait différent.
Il devrait transiter les meilleurs avenues,
ne plus chercher des ruelles mal odorantes, des femelles de passage, des hommes de poulaillers.
Mais lui, il insiste.
Jusqu'à ce qu’un jour prochain, il fera des ordures un horizon.
Jusqu’à ce que disparaisse comme un bois harassé par la magnitude
des incendies, en été.
Cependant cet homme n’est pas l’homme,
ce n’en est qu’un qui vivait dans ma rue.

  II

Calme plat,
                  et le vent violent harassa
                  tout ce qui était possible d’harasser.
Sur les eaux et dans les nuages les grands navigateurs capables de rêver
-nous nous sommes dit- un peu c’est mieux que tout
Quelques-uns mieux qu’aucun.
Un regard de Dieu
commença à se répandre sur moi
                                                   sur nous.
Un arc-en-ciel resplendissant, pacte et accord
où le poète vit avec le poème et sa lumière.
De solides murs m’appartiennent, me protègent.
D’amples enceintes où l’air propre est oxygénant.
Des mûriers exhibant leurs fruits parmi les taches du carnaval
Dalila ratant le dernier coup
secouant avec compassion les descendants du mal.
Des palmiers inclinant la nuque, des taureaux aux cornes brisées, imparfaites
À qui écrirait-elle comme épitaphe :
« mielleuse voix pour soprano, tu étais
la clé sans porte, pauvreté du cœur ».

  Il pleut des cendres Disparition.

                           III

Nous persistons,
ni moelleux ni commode.
Persistance, permanence, résidence
habitude de vivre en pleine lumière, où l’ombre découpe sa compagnie.
Des bestiolles abasourdies s’abstiennent.
S’accrochent avec crainte à un cercle de cristal qui éclate en morceaux minuscules.
En pièces.
Avec célérité nous les rendons à la jungle.
Presque banal le mouvement
Tous et eux encore se vantent. C’est naturel
BIEN QUE NON HUMAIN QUELQUE CHOSE SE FAUFILE DANS LES INTERSTICES
en essayant d’endormir ce qui peut encore respirer
ce qui au milieu de la puanteur généralisée
de la stupidité fortifiée, de l’ignorance comme monnaie d’authenticité
ne vacille pas et nous appelle
voix murmurante et séductrice elle prononce.
Au-delà.

MARÍA CHÉVEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier dimanche: 11 h.
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Selección de Poemas Inéditos

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