Madrid, 1-2-02

LE NOUVEAU

Le silence n’est pas le ventre dense du soleil
ni ce tourment n’est étranger à la lumière:

Je n’ai jamais fait l’amour avec toi
et ça m’enchanterait de le refaire
.

Nous avons dessiné dans le sable des faux pas sereins
nous avons élucubré des prisons et des dortoirs
et le venin enroulé aux tripes,
nous avons éventé avec persévérance notre intestin.
Cloués dans les neurones de cette langue
nous venons faire germer le défi.  

Nous savons qu’elle, elle sait ce qu’elle veut :
tout comme ça s’est passé, arrêter le temps, 
faire du paysage une vérité
et du présent un nuage de toxines.

Nous sommes sur la crête éphémère de la soif,
guetteurs, traqués par nos mots,
infectés dans la sagesse du nouveau.

EMILIO GONZÁLEZ MARTÍNEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanche 11h. Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 4-2-02

PORTRAIT DE VIVE VOIX

A Miguel Oscar Menassa

Il a demandé au vent: Sang ou encre?
Et il s’est fait poète du coin le plus humain
poète de chaque mot
échelon creux
de la chaîne qui nous attache.

Braise du vingt et unième siècle
où le froid nucléaire gèle la moelle
tempère et accompagne.

Antidote contre l’ennui historique
il offre le brillant du gris,
il teint de désir
la toile blanche.
Je tremble avec ta voix
brisée par l’amour,
je marche sur la terre
jusqu’à ouvrir un chemin
et fêter que nous sommes vivants,
nous habitons une voix,
nous sommes de la poésie
ses tendres mains….

EVA MÉNDEZ HERRANZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego 


Madrid, 5-2-02

RÊVES DE LA PRISON

Tu t’enfonces
tu t’évanouis
tu te déshabilles
tu te pends
tu te répartis

L’irréalité
des apparitions
a fait que tu as perdu
ton nom
ta langue
ton regard.

Il n’y a pas eu de festin
sur l’horizon.  

LUCIA SERRANO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 11h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa
Du livre inédit “Rêves de Prision »


Madrid, 6-2-02

MA RÉPONSE DE CIRE

À Olga Orozco

Revenir à toi bien que tu ne sois plus la même
revenir avec les poings liés et les malentendus,
les oublis ayant échoués.

Perforer ce qui reste attrapé
délimiter sans préambule ce qui a été dit.

Dans la seconde de la virgule
dans ce temps où inconcluse ma réponse
prend vie dans la cire.

Sans mains sur la taille
suivre le bord de ta lettre,
un pas heureux sur ma peau.

Sur le balbutiement de l’image
expirer avec les lumières
la tremblante, la ténèbre,
la réponse désenchaînée dans l’impossible.  

CLÉMENCE LOONIS
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 7-2-02

PRENDS NOTE

Prends note
de ce temps obscur,
de l’acide cruauté
cadence mal blessée
de chaque mot.

Prends note
des violons
rauques de rancune,
de la douleur,
les instants éternels.

Du futur les temps multiples
Anémones bleues.  

Et en pleine horreur
l’amour dans ton regard.  

PILAR IGLESIAS NICOLÁS
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17hrs Madrid.
Coordinateur: Carmen Salamanca Gallego 


Madrid, 8-2-02

J’AI PU VOIR SUR LA VITRE

J’ai pu voir sur la vitre,
le sang
avant de mourir,
il coulait de mon corps,
troué, sans pitié
pour teindre tous les mots.

Agenouillé, appuyé sur les mains,
(qui chaque fois
se submergeait davantage dans le sang.)

Je m’évanouis,
pour mourir, noyé dans cette douleur.

Après avoir écrit tant de vers à tes côtés, je ne crois pas que soit possible la
non rencontre.
Peu importe la distance, comme dirait un sentimental :
tu es toujours avec moi,
tout le temps,
                 dans ma tête.
Parfois je pense à toi pour prendre une décision, je pense ce que toi tu ferais, après,
je fais ce qui me semble,
                 mais je pense à toi.

 J’aimerais écrire une lettre dont seuls toi et moi nous connaîtrions l’existence,
une lettre avec amour,
sans aucune haine,
                            adieu remis jusqu’à la satiété :

Quelque chose meurt pour me laisser grandir
et fleurir comme une violette
absorbant du monde,
la vie,
            Jusqu’à mes limites

Il est difficile à expliquer ce conflit d’émotions où je navigue actuellement :

Je t’attendais belle et seule,
                        pour toujours.

Je t’attendais belle et mienne,
                        pour toujours.

Et, cependant,
J’ai pu me rendre compte,
                      je ne t’ai jamais attendue.

mort bien-aimée.
Peux-tu le comprendre ?, je suis l’être le plus heureux du globe et je me sens, en même temps, le plus malheureux.
Je me cache dans les coins.
Les gens, m’incommodent.
Je m’accroche à un sourire
volatil, insoumis.
Je m’envole jusqu’aux nuages
et je suis, une comète
tombant en piqué:
je me brise?: une reprise.

Et c’est comme ça que je vois toutes les choses, tu le comprends maintenant ? tu te rends compte quelle force la contradiction?

Je m’efface du miroir,
je me tais et ne continue pas.
Je dors dans les lauriers.
Je me cache dans les coins;
je déchiffre la devinette,
je m’inonde de souvenirs,
je me lance vers le vide,
je me brise dans mes fragments
je m’écris et je ressuscite.

JORGE FABIÁN MENASSA DE LUCIA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17.30. Madrid
Coordinatrice: Alejandra Menassa de Lucia.


Madrid, 11-2-02

LA CONFESSION

Aujourd’hui je suis venue tout confesser,
et ce n’est pas le hasard
qui réunit mes mots
dans cette nuit froide et lente d’agonie,
c’est qu’enfin est arrivé
le temps de mettre au soleil les secrets,
déplier les papiers jaunis
témoins de cette histoire.

J’ai menti autant de fois que j’ai parlé,
et la vérité a gouverné ma vie toujours en absence.
J’ai aimé avec passion tous les hommes
et j’ai été fidèle seulement à l’homme que j’ai trouvé en eux.
J’ai senti la peur de tuer.
J’ai senti la peur et j’ai tué.

Aujourd’hui je suis venue me confesser,
détacher les nœuds avec lesquels j’ai maintenu captifs
tous les rêves,
je suis venue
livrer mes faiblesses aux loups
mon corps à la science
mon âme, cendre à la mer.

MARCELA VILLAVELLA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredis 11.30h. Buenos Aires
Coordinatrice: Norma Menassa


Madrid, 12-2-02

POÈME À FERNANDO POUR SON ANNIVERSAIRE

« Ce que tu es
me distrais de ce que tu dis »
Pedro Salinas

Sa jeunesse,
brûle,
métaphorique et animale,
entre sa sérénité médiévale
et ses clairs-obscurs séducteurs.
Le sperme effervescent

interprète
des manières
tournoyées
de lumière
de chair
de cataractes insaisissables
qui marquent le rire et la soie
d’un corps de femme
déchiffré par ses lèvres.

HERNÁN KOZAK CINO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 13-2-02

AUJOURD’HUI JE SUIS VENU TE CHERCHER

Aujourd’hui je suis venu
te chercher,
nu,
avec une odeur de jasmin et de liberté.  

Je suis venu
seul,
sans engagements, sans idéaux.  

Je suis venu sans mots ; presque mort,
je les ai laissés enchaînés à un poème,
après, je l’ai brisé en mille morceaux
et mille poèmes sont tombés,
dans la grotte brisée de désespoir.

Aujourd’hui j’ai pleuré
tout le XX siècle
et j’ai pu voler
libre presque heureux.  

Aujourd’hui, je t’ai trouvée,
parfumée,
vorace,
vêtue de blanc.

Je t’ai vu comme tu me voulais,
sans mots,
sans homme.
Et toi, petite amoureuse,
amante des heures insensées,
tu as laissé dans mon regard,
comme unique condamnation
ton empreinte, le mot.  

MANUEL MENASSA DE LUCIA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17,30 h. Madrid
Coordinatrice: Alejandra Menassa de Lucia 


Madrid, 14-2-02

LA DOLENTE TROUPE HUMAINE
VEUT PLUS ET DEMANDE PLUS !

On ne demande plus comme on demandait hier
les matins non plus ne bercent pas
du même son.
Ce sont les temps suspendus
dans une supposée candeur
amalgames de misère
parmi tant d’éclat.
Tu me demandes des vers et je suis
un chant qui se répète
ancré dans une fiction.
Je ne laisse rien empêcher
cette circulation:
ni l’oppression de la douleur
ni le faste de l’opinion
ni l’investigatrice raison
ni le gémissement de la misère.
L’admiration ne calme pas non plus
la soif de l’ombre
qui réclame comme un rêve
qui lutte comme l’éphémère
vers un réveil éternel.
Sans autre il n’y aurait pas de moi
sans destin il n’y aurait pas de pas
voilà ma candeur persistante
voilà mon saule pleureur.
Nous avançons sans chemin
nous sommes des voyageurs sans voyage
nous sommes un simple intervalle
dans une histoire de mains.

AMELIA DÍEZ CUESTA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 19h. Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 15-2-02

TONDS LA VIGOGNE POUR LA SAUVER

Le cou dressé, le regard perdu dans le lointain
nous faisons nos adieux à la pampa, sans l’abandonner.

Ton corps sur le cheval, un demi sourire, regardant un soleil
qui ne tombera plus.
Dans le dos, le sourire du jade dans la prairie
laissait apparaître un fragment de mer…
Le regard rond faisait des yeux une alcôve incandescente
où batifolent des chevaux de pain.
AMÉRIQUE, cime de merde et de possibilités. Plateaux de l’inca, montagnes du quechua
pampa de tehuelches et araucans. Îles de myrtilles en pleine pauvreté
bredouillant des fortins dans des chants plaintifs, éloignés du vent dans tes roseaux les plus doux.
Tonds, Amérique, la vigogne si tu veux la sauver.
Avant l’hiver tout recommence…

MARÍA CHÉVEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier dimanche: 11 h. Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 18-2-02

UNE D’ELLE SE REFLÈTE DANS MES YEUX

Un voile de souvenir apparent devient vigoureux
il insinue au crépuscule des choses mortes
une vitrine de lanterne magique
qui plie sur ma peau une particule de ton âme.
Je m’arrête sur des falaises où la nuit
frappe son absence avec la contradiction
perpétuelle des couvents.
Chasseurs de têtes en gros,
oiseaux noirs rapides comme les conflits
ils aperçoivent une cadence de solitude.
Une question d’air traîne des peines,
me réveille comme si tout d’un coup
tout état recommençait.
Alors qu’en pleine faillite
elle, elle s’arrête enfin sur ce bateau
comme si le rêve reprenait des proportions
des statistiques avec une latence chargée d’illusions.
Une blessure de vide rythme d’attente
comme un masque respirant la haine
vieilli silencieuse dans chaque complaisance.
Avec la tragédie de ma vie et une très grande tête
(cependant un homme qui n’arrive pas à dormir)
veut se choisir guide des fantasmes aveugles.
Une marionnette se parlant à elle même
exorcise une preuve d’histoire,
cependant dans la cuisine un fakir
se rend responsable du massacre.
Il s’agit des mots interdits
qui se sont échappés par les saignants
récifs taillés dans ma poitrine.

FERNANDO ÁMEZ MIÑA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier: Samedi: 17 h.
Coordinateur: Carmen Salamanca  


Madrid, 19-2-02

MON TISSU PERD

Mon tissu perd, il n’arrive pas à trouver de la vie, son rythme.

STELLA CINO NÚÑEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier du dimanche à 11
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 20-2-02

CRÉPUSCULE

Crépuscule,
je te cherche en vain
sur le brouillard,
dans la multitude
et les chemins.  

Anonyme, j’attends.

Tu chemines l’obligation
entre sourcil et froncement
et la bouche sans engagement
l’image.

LIDIA ANDINO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 11 h. Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa  


Madrid, 21-2-02

J’AI MAL DE ...

Une douleur infernale enveloppe ma poitrine.
Je sens mon cœur emprisonné par une idée
qui le conduit vers une mort sûre.

Quelle douleur de connaître ta fin avant le moment.
Tu ne peux pas arrêter les mots qui à gros bouillons
comblent d’anxiété ton vivre.

Seule au milieu d’un univers d’âmes errantes
je cherche quelqu’un qui m’arrache de la folie
et pouvoir écrire des vers qui sillonnent l’abîme.

Poème immortel, tu as mal de l’humain
pour ne pas l’être,
fuis, toi qui peux.

HELENA TRUJILLO LUQUE
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 18h. Málaga
Coordinatrice: Amelia Díez Cuesta  


Madrid, 22-2-02

PIERRE DE L’AMOUR

Plate-forme aérienne de mes rêves
je vole à ras de l’immensité de ton univers
mots boulversés, lambeaux au vent
fleurs qui en s’épanouissant dans ton regard
dessinent des buées chatoyantes
des nuits où la couleur,
-comme un pinceau amoureux-
joue à écrire les lettres de ton nom.
Partition, alinéas, lignes ailées :
je te cherche dans cet espace ouvert, amour
et je reviens aux longues avenues
pour réfléchir un silence,
un divertissement de mots.
Pour tisser machinalement la mémoire,
celle qui dans les après-midi aigus germe
comme un torrent inépuisable,
sans regard et sans nostalgie
malgré les fractures
et les cordillères de l’âme
cette obscurité vorace qui me désarme
ce fouet d’amour qui me marque.

PAOLA DUCHÊN REYNAGA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier du samedi à 19h
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa
Atelier du samedi à 19h
Coordinatrice: Carmen Salamanca


Madrid, 25-2-02

LUNE

Quand la lune me regarde
je suis le dauphin de tes rêves
disent les coins des vers,
tissés dans chaque lettre de ton nom.
Et le vent ….
élève le feuillage,
résout les tiroirs
de la forêt de souvenirs,
caresse quand elle nomme
chaque instant oublié
dans le puit du silence.

MONTSERRAT ROVIRA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches : 19h Ibiza
Coordinateur: Emilio González Martínez.


Madrid, 26-2-02

POÈME SUR LA FEUILLE DE VIE

Jardin d’ombres,
je brise ma peau sur tes murs.
Je choisis un nom écrit
entre tes lèvres.
L’amour de la corolle,
les étés sans automne,
le jaune sans ocre.
Lentement je reviens
d’un passé abyssal,
et je raconte le bleu
du vent sur la mer,
de l’éther sur les roches,
des petites pierres,
son odeur.
-Le son de l’érosion-
et tu es arrivé toi,
amour de tous les jours
et tu m’as offert,
le pain et le sel de toujours,
ensemble jusqu’ici nous sommes arrivés.
Le futur?
je l’écris dans le silence.
Et cependant,
au-delà du mur,
grandit un jasmin.

PILAR NOUVILAS LARRAD
École de Poésie Grupo Cero
Atelier du Samedi à  17h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego 


Madrid, 27-2-02 

NOCTURNE EN LA MINEUR

Que la nuit ne meurt pas.
Tu ne secoues pas les lettres
qui te sillonnent le dos.

Que tout d’un coup un vent t’emmène
loin de moi, si loin,
comme l’aurore et le ciel.  

ALEJANDRA MADORMO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 11,30 h. Buenos Aires
Coordinatrice: Norma Menassa


Selección de Poemas Inéditos

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