Madrid, 1-8-02

L’ANGE DU NÉANT

                                                     “Le feu ne dit qu’une fois ce qu’il veut dire”
                                                                                                                             Louis Aragon

Aimer l’autre côté du désespoir
AVOIR ÉTÉ LÀ.

Le corps fait encore mal
comme un néant d’hélices interminables,
chaque pore une étoile éclatant dans les yeux,
le firmament calme, BRÛLE.

Mais moi j’ai soif, j’abandonne ton pied
en montant le long de ma poitrine, je jette ta main
à l’infini, « je renonce à la lune ».*
Je jette tes mélodies encerclant mes oreilles,
la solitude
sont ces muscles se démembrant par de cruels labyrinthes,
ce sont les clairons de l’eau
m’appelant à terre.

La solitude sont ces lèvres.

Moi, j’aime cette minute de serpent de l’oubli,
je renie, comme le ferai un fou
condamné à ta longue chevelure.
Des siècles vont passés démuraillés, inermes,
et j’abandonne ce feu, cette faim, cette audace.

La solitude seront tes yeux
qui ne portent plus tes petits mots :
-mais moi je t’aimerai jusqu’à la pure extinction des mondes-.
Fuir,
désespérément fuir
sans d’autres murailles que la nuit,
sans guerres fuir, sans drapeaux fuir,
sans ramasser du corps ses mousses vaincues.

La solitude sont ces doigts
qui n’ont pas pu te donner forme.

PILAR GARCÍA PUERTA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego 

*”Je renonce à la lune” est un vers du poète Leopoldo de Luis.  


Madrid, 2-8-02

SANS MOI

De temps en temps
je néglige le gouvernail, je lève l’ancre.
Le monde est vaste et je le parcours
libre de préjugés, de jours, de travails.
Je retire le regard de ces choses
que je suppose miennes et l’envoie loin,
sans rien voir.  
Alors je vais et je viens, étrangère à mon nom.
Je perds l’opacité compact de l’accord,
je me laisse traverser par ce qui vit.
Je suis moi sans moi.
N’importe quel cœur
bat lent dans la poitrine
et c’est seulement dans les autres que je vis vraiment.
De temps en temps
je me dépouille des sabliers,
des calendriers, des quadrillages
et la couleur de ma peau s’évanouit
dans la rugueuse écorce des bananiers.
Je vais dans les ruelles
et je reviens toujours pour un vers étranger.
Je suis un homme perdu,
avec plus de vent que de voile
avec plus de sommeil que de rêves,
avec moins d’espérance que d’agonie.
Je lâche les amarres de l’âme, de temps en temps.
Je regarde passer la vie
d’une hauteur bizarre, qui n’est ni haute ni basse,
c’est plutôt un abîme qui m’avale
dans le désir maladroit d’être unique et seul,
dans la honte quotidienne d’avoir caressé
mes phantasmes privés avec trop de convoitise.
J’aime ce n’être personne
comme si j’étais mort.
Gêné, l’après-midi s’incline dans le bleu intense des ombres.

INÉS BARRIO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 11.30 hrs Buenos Aires
Coordinatrice : Norma Menassa 


Madrid, 5-8-02

J’AI TELLEMENT VOYAGÉ QUE...

J’ai tellement voyagé que
j’ai planté des enfants sur la mer,
aujourd’hui, ce sont des dauphins
au ventre blanc
des oies marines complètement bleues.
Et j’ai écrit des arbres
de giron
sur des plages nues
regardez, quelle plaine d’ombre.
Et j’ai eu des livres
comme des draps,
les pavés de ma ville
couvrez-vous si vous voulez
ce sont des nuages sans forme définie.

J’ai été, je vous dis
fidèle et balance d’orchestre.

Maintenant, une autre soif
calme mon âme.

Avez-vous déjà salué
de faim,
étroitement,
un manchot
sa boiterie religieuse?
Connais-tu
un drapeau
sans couleur?
As-tu aimé un instant chez les maladroits
au crayon tordu,
leurs sourcils d’arc-boutant,
peuplés d’ignorance?

Moi je n’ai jamais brûlé
de billet de monnaie,
ni retenu avec la poitrine
un tramway ivre
sans frein, en pleine descente.

Je ne connais pas cependant
San Francisco.
Mon boulanger s’appelle Paco,
il est court de pattes. De farine il me salue
aux aurores
derrière son comptoir de bois.

As-tu visité un
monastère sans pierres?
connais-tu un clocher
qui n’ait pas d’enfant de chœur
polisson?

Ma mère faisait des croquettes
avec ses mains.
Mains bénies de huit et de tourbillon.

Moi, je visite toujours les
fleuves, pour leur marge droite
et je salue le soleil
les paumes fermées.
Je prends soin de mes yeux
je n’en ai que deux qui m’accompagnent
depuis tout petit,
je les connais bien,
ils regardent ce qu’ils ne voient pas.

J’ai tellement voyagé que
sur des photographies je chante
d’ironie et d’humour proche.

Parfois homme taciturne
parfois femme volée.

CARLOS FERNÁNDEZ DEL GANSO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19hrs
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa
De son prochain livre »Rêves de divan »


Madrid, 6-8-02

  ELLE A DES POUVOIRS

Sans le savoir, elle va et vient comme elle veut
comme mon pain, elle me laisse un goût
acide sur les lèvres. Sans le savoir,
elle remue ma chaise, elle retourne les données,
écrit son histoire sans papiers.
Elle croit que je suis proche, ses mains
la vibration de la paupière, un grain
de poussière entravée sur la larme.
Elle vient à des heures intempestives, au milieu
du rêve, accrochée à une étoile
errante, nuées, feinte
tendresse. Elle va directement troubler l’âme,
elle prend ce que je ne veux pas lui donner et se moque
de mon désespoir quand je la perds.
Elle a des pouvoirs, de prodigieux moyens de
me faire parler, de balbutier des choses
incompréhensibles, d’empêcher que tombe
l’ancienne malédiction et qu’elle tue mon être.

CONCEPCIÓN OSORIO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego 


Madrid, 7-8-02

EAU FRAÎCHE

“Oh! Fragilité de celui qui se sait
tenu aux mots par un fil »
Olga de Lucia

Tu coules, lumineuse
par le mouvant paysage de la vie quotidienne.

Les vents jouent sous tes pieds.

Ils ont ouvert
entre tes yeux
un rêve indélébile.

Tu te répands
généreuse et secrète
par les silencieux plateaux dénués
de nos cœurs assoiffés.

Tu ouvres avec persévérance des frontières à la vie.

Ancrée
entre silence et mot
sève des jours
ton sourire.

Claire Deloupy
École de Poésie Grupo Cero
Atelier du samedi à 19h.
Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa 


Madrid, 8-8-02

CETTE QUESTION

Avec cette question s’inaugure la série et l’intrigue,
l’algèbre des combinaisons impossibles,
le labyrinthe réticulé de mes pas dans le monde.

Cette question suspendue comme une épée sur mon front,
la tête tremblante sous le joug de son doute
interrogé depuis toujours par son signe lacérant
comme un hameçon déchirant la sphère de l’angoisse.

Qui si ce n’est moi craint sa réponse?
Qui si ce n’est moi tremble devant le doute?
Qui doit être sinon moi, celui qui s’égrène
lettre à lettre comme un fruit ouvert devant l’automne?

Ma matière est la langue avec laquelle s’écrit sa réponse,
sa lente mémoire prodigieuse, le signe de ses agonies infinies.  

RUY HENRÍQUEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17 h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 9-8-02

LUMIÈRE

Lumière d’un moment,
cristal brisé perdu dans la mer,
naufrage transparent des ombres,
ainsi nous étions mon cœur et moi
le jour où nous sommes arrivés sur ta plage.

Lumière d’un moment,
tu t’es chargé d’être :
soleil pour les jours,
lune ou absence pour les nuits…
et les mots laissaient des marques,
traçant un destin sur le sable.

Tu instaures la limite précise,
la différence nécessaire,
pour permettre le battement,
l’incertitude de mes pas,
le tremblement de me reconnaître
œuvre de tes mains,
visible espoir
mer inquiète
qui joue avec les vagues.

EVA MÉNDEZ HERRANZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 12-8-02

JE T’ATTENDS ENCORE

Oh! aurores sans amants et cependant aimées!
Moi, je sais bien que les passions troublent l’âme du Poète.
Cet  instinct profond de monter fait que je te cherche et si je ne te trouve pas,
mes désirs seront la fureur des promesses distantes.
Moi, je sais bien que notre calice n’a pas de martyrs.
Et si l’amour me trompe, je déclarerai le suicide un des beaux arts.
C’est la fièvre du guerrier qui fornique mon esprit.
Sublime, la bête continue d’attendre les pas du poète.
Le seigneur du château manie les épées et il est attentif.
Lancelot est délivré par le vaisseau lumineux.
Oh seigneur que l’ambition principale ne s’élève pas si haut!
Je ne regrette rien, tout vit autour de moi.
Je ne suis à côté de personne, je t’attends encore.  

LUCIA SERRANO
École de Poésie Grupo Cer
Atelier Dimanches 11h Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa
Del libro inédito "Máscaras"  


Madrid, 13-8-02

ADIEU

Qu’assure le temps?

L’absence d’un déguisement.

Qu’est-ce que j’épèle dans chaque adieu
pour que s’évanouissent les rues étroites
les couleurs de la peau
et cette solitude, cet essaim qui respire
dans chaque décision.

Quoi si égal que la terreur
de deux temps séparés
deux limites qu’agrandit
la pureté inventée?

Quoi de ta lumière distraite?
Tu as oublié les recoins de la ville
en t’en allant avec le temps de renaître.

CLÉMENCE LOONIS
Escuela de Poesía Grupo Cero
Atelier Samedis 17 h. Madrid
Coordonne: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 14-08-02

AU POÈTE

L’amour déchiffrait
dans son écume,
étranger à la mer
être vent et nuit cosmique
dans la limite de la chair
te fondant à l’humain,
poésie.

Loup de mer
fait d’eau, vent et corail
les vers naissent chaque fois
simples sur tes lèvres.

Ta bouche, ouverte toujours
à la naissance du multicolore:
d’autres poètes.

Opales de tendresse extrême,
fouet de la langue.

Tu appartiens à cette race
consacrée depuis des siècles
à l’homme, la poésie.

PILAR IGLESIAS NICOLÁS
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17hrs Madrid.
Coordonne: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 16-8-02

IMMENSITÉ

Tu es grande,
intouchable dans ta vaste immensité.
Des morceaux de ton corps,
lancés dans toutes les directions,
se mélangent à l’air
comme l’eau des grands océans,
humidifiant l’atmosphère
                               de leurs particules
et ils livrent leur bataille avec le monde.

Ce n’est pas une bataille sanglante qu’ils livrent,
sinon tout le contraire.
Ce n’est pas une bataille avec des armes qu’ils livrent,
sinon tout le contraire.
La bataille n’est pas contre des ennemis,
sinon tout le contraire.

Il n’y a pas, non plus, de grands militaires,
ni de chars de combat,
ni de bombes qui tombent du ciel,
seulement des lettres unies entre elles
qui forment, à chaque instant
le mot adéquat.
Ensuite, les mots,
qui jaillissent de tes lèvres
s’ordonnent eux-mêmes
et livrent leur bataille
mettant dans nos vies:
                                      poésie!

JORGE FABIÁN MENASSA DE LUCIA
Escuela de Poesía Grupo Cero
Atelier Samedi 17,30 h. Madrid
Coordonne: Alejandra Menassa de Lucia


Madrid 19-8-02

LES JOURS PASSENT

Où sinon dans le tambourinement
non enseveli du vent
j’entends ta voix
sortant de la mer?

Je suis un serpent de mer,
Ève jaillissant de l’écume de ta bouche,
amant sans équivoque.

Les jours, agneaux décharnés
passent en rafales de vie
que je n’arrive pas à toucher.

J’ai un corps
flottant dans l’océan
je suis un va-et-vient entre
l’aimé et le perdu.
Un poisson vaincu par le tonnerre
la brèche  sur l’écaille
et l’instant éternel
qui honore la cendre.

Tant d’éclat et tant de peur
me trahissent!
Je suis inhabitée
aucune lumière ne m’apporte l’aube

Où sont les ailes de l’amour?
Où les miroirs nus de l’air?

 MARCELA VILLAVELLA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredis 11.30h. Buenos Aires
Coordinatrice
: Norma Menassa


Madrid, 20-8-02

LA COLOMBE DE LA PAIX

Je suis la colombe de la paix,
un oiseau des places en l’honneur des morts,
un rêve aux ailes brûlées,
le concert après l’horreur.
Je suis la colombe de la paix,
aliment pour les tanks,
un élan économique.
Je suis la colombe de la paix,
l’uranium fleurit en mon nom,
et j’aime avec frénésie la misère.
Je suis la colombe de la paix
je suis morte il y a des siècles.

HERNÁN KOZAK CINO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h. Madrid
Coordinatrice: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 21-8-02

JE GRANDIS

Je grandis entre les immensités de ta peau,
je me rappelle dans les pas de mes yeux
tous tes mouvements,
des mots avant le pacte,
encore, après, plus de mots;

et maintenant ni les concessions
ni les vagues illusions
accrochées aux oreilles
ni les vieux passants
ni les bateaux de métal
seront suffisants.

Des aiguilles de cristal dans nos yeux
pour nous rappeler légère humanité.
Qu’est la vie?
Peut-être le parcours
Entre ta peau et un je t’aime,
ou la fragilité du temps
mort entre mes bras
Entre l’idée et l’artifice,
ou tes mains,
tes mains comme vie.

Fermé par les coudes par dedans
je me pends au plafond
et j’annonce ton arrivée
diamants dans tes yeux
et le mot travail
tatoué sur ta peau.

Aujourd’hui tout ton corps est une fête,
ensuite,
le poète laissera sa marque.

MANUEL MENASSA DE LUCIA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17,30 h. Madrid
Coordinatrice: Alejandra Menassa de Lucia


Madrid, 22-8-02

LA MÊME TORCHE QUI 
DANS LA NUIT ÉCLAIRE,
SERT POUR L’INCENDIE ET LA DESTRUCTION
Almafuerte

Aimer,  devenir forts
réduire à l’unisson la bonté qui niche
dans le secteur des serpents.

Arrondir l’ignorance.

Quand il s’agit de savoir
détruire la sapience qui porte des jugements.
Chasser les lumières et les ombres
amoindrir l’action
faire du rêve une vertu.

Abandonner tout caractère
qui ne soit pas lettre et tout amour
qui ne soit pas masque.
Ensuite comme les feuilles mortes
qui servent au repos,
comme la poussière
qui fait chemin,
s’envoler
vers la veille
d’autres mains.

AMELIA DÍEZ CUESTA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 19h. Madrid
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 23-8-02

MONDE  RAPETISSÉ

Le monde rapetissé, me regarde d’Internet.
La virtualité est un grand jeu quand elle fait éclater entre mes doigts, des fragments de l’humain 
infini. Espèce colorée et tintinnabulante entre les secteurs d’un temps vide.
Vivre ente les lettres du réseau, réédifie mes contours. Je dois le dire, j’ai toujours rêvé des
hauts vols et des sauts, des distances interdites parce qu’insurmontables, pour bouleverser par 
instants les barrières comme des chaînes du calendrier.
Quand je voyageais dans les trains je désirais le faire à la vitesse vertigineuse des poteaux 
télégraphiques qui défilaient aux fenêtres.
Serrant les restes d’un désir impossible, trouvant quelque chose de moi qui évidemment
n’était pas en moi, je trouve un moteur et sa barque.
Quelque chose bouge, quelque chose glisse et ce n’est ni mer, ni désert ou marais. Ce n’est pas territorial ni spatial.
C’est un autre de mes masques me dit-elle silencieusement. Ta voix incessante:
TEMPS

MARÍA CHÉVEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier dimanche: 11 h.
Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 26-8-02

JE NE COMPRENAIS RIEN

Seul, je parcours les chemins de l’adieu
le pâle aller et venir de la nostalgie.
Un pas vacillant jamais fait
mord ma main,
lugubre blessure,
une explosion qui laisse indemne
mon corps mis en pièces.
Le soleil se lève tous les matins
réveillant la bête dans chaque homme.
La mer soutient de grands transatlantiques,
elle coule de petites barques solitaires.
La mort chante des romances
de faim et de liberté.
Moi, je ne comprenais rien
je voulais aller au désastre
arrêter le temps
marquer une limite
savoir de chaque infortune
la raison.
Et je me suis perdu dans un tourbillon
absurde.
Je me suis perdu…

FERNANDO ÁMEZ MIÑA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier: Samedi: 17 h.
Coordinatrice: Carmen Salamanca


Madrid, 27-8-02

ATLANTIDE

Deux étoiles de mer succombent à la voracité de l’espadon.
Temple entre des coraux, soutenu par de violentes contractions.
Sexe de lignes lunaires, corps tendu à l’infini, laisse en paix mes lèvres.
Atlantide aujourd’hui, clame un rituel d’amour.
Sa voix demande peut-être  de plonger, non, le temps rassemble les grappes du rêve, il ne peut rien contre lui.

 STELLA CINO NÚÑEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier du dimanche à 11

Coordinateur: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 28-8-02

IL Y A LONGTEMPS

Un pronom solitaire,
une voix traversée par le vent
cherche un corps, un horizon maritime,
un drapeau qui s’étendrait,
toutes les mains qui sont aussi des voix
cette escalade près des ombres,
la perche avec laquelle je saute du silence.
Page ouverte, page que j’écris maintenant.
Les cristaux de points cardinaux sans défense,
nus comme des jungles dévastées,
je suis vivante et quelque chose me fait frémir.
Comme des arbres taillés ils sont tombés
douces mélodies et avec eux ce sont envolés
ces oiseaux qui les peuplaient.
La couleur et le sang des lèvres,
ce battement,
sombre rêve de sourires,
par la rue de l’amour arrive le poème,
et ouvert comme la brise et sa furie
il n’a plus peur de voler
près d’autres mots,
près du mot mort.

PAOLA DUCHÊN REYNAGA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier du samedi à 19h
Coordonne: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 29-8-02

SALUE

“Salue le soleil et offre-moi tes seins”
a dit une aurore
en regardant fixement le passé
sans une ombre de doute dans la voix.

La nuit n’était plus jeune,
le regard incertain ouvrait un monde d’illusion.

Des palais de cristal logeaient des mots, des souvenirs.

Derrière sont restés les échardes du silence.

MONTSERRAT ROVIRA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier dimanches 19h. 
Ibiza
Coordinateur: Emilio González


Madrid, 30-8-02

VÊTUE DE BLEU

Un rire, un ut de poitrine,
fait tourbillonner des vents,
des plaines de baisers
qui approfondissent le temps.

Que dire
quand les heures cavalent sur les noirs coursiers
et que les enfants d’hier rient
enveloppés dans des couvertures de couleurs neutres ?

Que dire
quand les bombes éclatent en clavecins,
et tous tremblent
d’un tremblement véritable ?

Soutenue par la silhouette obscure
de qui vole des rêves sans risque,
je me laisse emmener par ce même geste
qui dénude l’horizon,
moi-même :
prêtre et victime
du sacrilège.

Vêtue de bleu,
je déambule dans les rues,
qui conduisent à ton nom.

ALEJANDRA MADORMO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 11,30 h. Buenos Aires
Coordinatrice: Norma Menassa


Selección de Poemas Inéditos

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