Madrid, 1-9-01

DÉFINITION

Les mouettes,
menues et agiles
définissaient l’horizon.
Bleu aussi
ton regard perdu,
tes épais cheveux au vent.
Les rouges pétales
volant égarés,
mettaient la note de couleur.
La nuit avait été
immensément riche,
en paroles…
en rêves…
Nous avons vu sortir du port
deux voiliers harmonieux.
De retour à la maison
nous avons marché lentement.
La nuit fut si belle,
par définition.

PILAR NOUVILAS LARRAD
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 17 hs. Madrid
Coordonne : Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 2-9-01

SON DESTIN FUT L’OUBLI

Derrière les voilages
des silhouettes comme des nuages
dansent, devant les yeux du souvenir.
Des fils invisibles tissent
la toile des rêves.
Scène de choses impossibles
de désirs tronqués,
de louanges fanées.
Les cheveux blancs qui peignent l’âme
opacifient les couleurs de la terre.
Il n’y a ni temps de soleils,
ni temps de nymphes,
ni sirènes d’écume,
ni poissons volants.
Il y a des matinées de givre
dans le désert de l’âme.
Des paroles qui n’arrivent pas,
des mains ternes,
des yeux sans désir.
Des salines comme le relais vitreux
de la fatigue.
Des histoires qui reviennent
et remuent fantomatiques
entre des lettres dansantes.

OLGA DE LUCIA VICENTE
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19hrs. Madrid
Coordonne: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 3-9-01

 DÉFENDANT CE CORPS

Défendant ce corps.
Je demande pour cette peau
traversée d’adieux
pour ces pieds,
qui n’ont pas accompagné ma chute.

Je demande pour ce corps
malmené dans le combat
comme une antique pierre de l’oracle,
blessé à mort plus de cent fois
encore corps.

Je demande pour l’âme ingénue
trompée dans la raison ou l’ignominie.

Clémence pour les assassins.
Tu verras rouler une larme
contenant la peine du monde.

Je demande, enfin,
de la Poésie.
Unique aliment dans l’intempérie,
pour cette nuit,
en pleine obscurité.

ALEJANDRA MADORMO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi à 11.30 h
Coordonne: Norma Menassa


Madrid, 4-9-01

OCCASIONS ET REVERS

Esquilles du cœur,
vents multiples sur des aquarelles du temps.
Or et élixirs pour le Capitaine d’outre-mer.
Dans certaines occasions et certains revers,
je suis le lieu où habitent les profondeurs marines,
voiles blanches pour tes paroles.
Dans certaines occasions le désir devient infini,
infini envolé au vent.
Poète, je pourrai le futur,
j’ordonnerai ma vie,
je dévierai toute ombre aveugle qui déambulerait entre les flammes de l’enfer.
Et, dans certains revers du cœur,
j’arriverai jusqu’aux solitudes les plus atroces,
jusqu’aux ouragans du destin,
pour écrire ce poème.
Vol de Dieu parmi les sirènes.

BETINA ALFIERI
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Mercredi 11,30h. Buenos Aires
Coordonne: Lucía Serrano


Madrid, 5-9-01

COMME LANGAGE

Comme langage, rien d’autre,
comme temps de lettre
la mémoire
un peuple submergé.

Fondations qui étincellent
sans repos.

Comme langage, rien d’autre,
comme des vers
dans l’abondance de la nuit,
l’homme rêve.
Brament abyssal.

PAULA MALUGANI
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 19h.
Ibiza
Coordonne: Emilio González Martínez


Madrid, 6-9-01

VISIBLEMENT TRISTE

Visiblement triste
la princesse ne se rend pas,
bien que tout semble l’éloigner du bonheur.
Son monde est de l’autre côté, de l’autre côté,
inaccessible,
tristesse lointaine d’un héritage indomptable.
Elle veut des voiles pour toujours qui adouciraient son âme.
Condamnée à régner elle n’attend rien.

  JORGE MONTIRONI
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Mercredi 11,30 h. Buenos Aires
Coordonne: Lucia Serrano


Madrid, 7-9-01

RENDEZ -VOUS

Il est temps de tolérer nos gestes.
Désir ardent dans la queue du vent,
sans début ni fin.
Absorbée dans l’hypnose sinueuse,
elle descend à la carence de toute propriété.

Ténèbres frémissantes à la démarche calme.

Au crépuscule, sur la terre,
la brûlure de vivre
se rend au rendez-vous en souriant.

JAIME ICHO KOZAK
École de Poésie Grupo Cero
Atelier du dimanche à 11 hs. Madrid
Coordonne: Miguel Oscar Menassa  


Madrid, 8-9-01

SPHÈRES DE CRISTAL

Sol satiné
baigné par la pluie.

Grise couverture aux aguets,
le ciel déploie ses nuages.

Les gouttes,
sphères de cristal
tombant paresseuses,
sont des larmes transparentes
pleurées par le temps.

MARISA RODÉS PUEYO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 17 hs. Madrid
Coordonne: Carmen Salamanca
Gallego


Madrid, 9-0-01

POUR APAISER LA FAIM

Pour apaiser la faim, l’obscurité
tant de jours engloutie
les hommes clouent de méchants harpons
dans le sang de l’animal blessé
qui se renverse et mugit dans un dernier soupir
sa chanson d’adieu. 

KEPA RÍOS ALDAY
École de Poésie Grupo Cero
Atelier du Samedi: 17 h. Madrid
Coordonne: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 10-9-01

PORTRAIT

Je suis née sans naître
assaisonnée d’aïls et d’oignons
et de lait récemment tiré.

Je suis arrivée mal en point
fissure
portant le froid de l’aube dans ma gorge

Avec la grâce de la vague à l’air
elle m’a annoncé son nom
et j’ai élargi la pulpe de mes doigts
au tact subtil de la parole.

Terre orpheline de fruit
j’ai dû me confesser
venir d’un rêve
plus profond
plus rêve
que la mort elle-même.

RAQUEL FERNÁNDEZ DOMINGUEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier  Dimanche à 17 h. Alcalá de Henares
Coordonne
: Carlos Fernández del Ganso


Madrid, 11-9-01

FOLIE

Je suis dans cet état de folie
qui m’amène et m’emporte
dans un devenir de dieux.

Libre et enchaînée à la liberté
à la condamnation de la page blanche
de chaque jour et de chaque instant.

Enfermée de paroles
comme une inculpée à l’obscure cellule
et humide de salive.

Immergée dans l’exaltation
d’une écume qui baigne l’abîme
tandis que je cherche une fleur
qui puisse grandir avec mes baisers.

MÓNICA LÓPEZ BORDÓN
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 17 hs. Alcalá de Henares
Coordonne : Carlos Fernández del Ganso


Madrid, 12-09-01

GESTE INCOMPARABLE

Bien que revienne,
passagère du monde,
cette douleur …
ici, sur cette terre
je pleurerai son absence.

Humain,
cauchemar incessant
brisant les doigts.

Extensions des yeux,
grandes dévastations de l’horreur :
geste incomparable
dans cette mansion vide
d’oubli infini.

Mª ROSA PUCHOL PÉREZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h. Madrid
Coordonne: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 13-9-01

ANGES V

Esclave d’un ange égaré
j’étends mes ailes sur la multitude.
Je rêve.

Démon d’un faux héros
je réveille de coups une même douleur.
Je me tais.

Nuage gris,
sur ton haleine dorée.
Je vole.

MÓNICA DE LUCCIO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Mercredi 11,30h. Buenos Aires
Coordonne: Lucía Serrano


Madrid, 14-9-01

UN AUTRE PORTRAIT

Tes yeux sont la mousse surprise en automne.
Ta voix parle à mes autres oiseaux
avec des mensonges de cristal.
Tes paroles ne blessent pas
parce qu’elles ne sont ni à toi ni à personne.
Tes lèvres jaillissent sur les miennes
quand je me mords en t’oubliant.
Ton corps est la pluie
qui pleure si quelqu’un y pose la main.
Je me rappelle de toi
comme un mystère qui tombe sur un livre,
comme un après-midi lisant un ruisseau.

SERGIO APARICIO ERROZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanches 17 hs. Alcalá de Henares
Coordonne : Carlos Fernández del Ganso


Madrid, 15-9-01

ET LA MER

Suspendue, altérée, ouverte bravoure de l’océan
palpitation aiguë, effilochures de phrases comme des rafales
désarroi de nouveau, désir de me sauver de ma propre furie.

C’est la raillerie de Dieu face à mon fragile château de papier.
Toutes les phrases éparpillées après la tempête
fragilité comme de petits navires en mille en morceaux
brisés en mille morceaux.

 Il y a un regard qui reste serein face au naufrage.
Quelqu’un en moi est encore debout, abasourdie par le vide.
C’est le regard de l’idiot, pour qui ces fragments ne signifie rien.

ELEONORA D’ALVIA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Mercredi 11,30h. Buenos Aires
  Coordonne: Lucía Serrano


Madrid, 16-9-01

CHEMINS DIFFÉRENTS

Des chemins différents pour des vies différentes,
De petits sons qui se répètent,
Des couleurs qui se rénouvellent dans leur répétition,
Des tas d’histoires personnelles entrelacées,
Formant un tissu social
Qui forme à son tour des millions d’histoires personnelles,
Qui déchaînent à leur tour un tas d’événements sociaux,
Malgré ça, l’homme vit dans une solitude immense,
l’homme vit et meurt de faim,
De guerre, de peste, de tristesse,
Et personne ne peut éviter que ça arrive, personne,
Nous sommes là, gelés,
Morts de peur à cause de la cruauté,
Barrières cosmiques  qui traversent des pensées,
Petites tentatives de normalité,
Un peu d’amour, un sourire,
Une assiette de nourriture pour chaque affamé,
Quelque pensée pour les idiots,
Quelque dialogue avec le voisin de temps en temps,
Quelque raison de vivre pour les déprimés,
Une lumière  parmi les ombres de la forêt,
Un cri sans fin demandant de l’humanité,
Générosité  et respect commun,
Une pratique de la conversation
toutes les possibilités,
Un sourire immense qui inonde tout,
un commencement, une rénovation,
Accompagné par la vie, je vois de mes yeux
Une grande lumière, un futur qui renouvelle tout.

ANTONIO MENASSA MERLINI
École de Poésie Grupo Cero
Atelier du samedi à 19 hs. Madrid
Coordonne: Miguel Oscar Menassa


                                                                    Madrid, 17-9-01

MÊME SI JE REVIENS UN SOIR

Soudain, la mer, reste sans verbes
pour te dire, dans le silence soutenu,
que je veux seulement t’envelopper dans le bleu
qui se repose sur la ligne du ciel.

Et mes mains, qui nichent dans ton printemps,
sont des vagues qui caressent ton ventre nu
dans une arithmétique de mots et de frissons,
dont la mathématique est un chant infini.

Bleu et plus bleu encore,
pour la rythmique délicatesse de tes baisers.
Bleu
comme la brise de ta voix pour mes oreilles.

Je suis venu pour une goutte de sang, larme vive.
Et j’ai trouvé mon cœur en train de battre
vers le versant lumineux de ton abîme.

Quelqu’un éveille en moi, un frisson, un espoir,
avec le soin de celui qui dévoile un crime,
un passage secret à une irrésistible géographie.

Et tout est mer, mer sauvage, cheval dominant.
Et je parcours tes pas sur le sable.
Et dans la nuit, chantent en moi, les premières étoiles de demain. 

ISMAEL RIVERA NAVAS
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 17 hs. Madrid
Coordonne: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 18-9-01

DÉSORDONNÉ

Il y a un tout petit point noir dans le fond de la nuit.
Un tout petit point noir criant des silences inconsolables.
Personne ne semble le voir, personne ne semble l’entendre.
Lui, il n’arrête pas de bouger les bras et de crier.
Personne veut le voir, personne veut l’entendre.

Ses bras sont comme ces cris, courts et superficiels.
Ses larmes sont froides, d’une souffrance pénétrante.

La nuit apporte des étoiles profondes qui attendent.
La nuit saigne des points noirs et tout petits.
Je vais laisser voler ma douleur jusqu’à cette étoile.
Je vais éteindre son insolence.

Un tout petit point noir brûle au milieu de la nuit.
Un petit point noir entouré d’étoiles insolentes qui le regardent.

FRANCISCO MANUEL GARCÍA PALANCAR
École de Poesía Grupo Cero
Atelier Samedis 17 h. Madrid
Coordonne: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 26-9-01

 DANS LA CAVE

S’évanouir, descendre à la cave
où tu m’attends,
où distrait tu te perds dans les livres,

où tu te déguises en femme apeurée,
et tu as l’air de prolonger les instants,
et tu te lances décidé
dans l’impossible entreprise de me trouver.

Le sol froid de ciment,
et la banquette où j’appuyais la pointe
de mes pieds pour que mon sexe
soit à la hauteur de ton sexe.

Nous nous trompions,
nous croyions que ce serait pour toujours, tu te rappelles?
Chaque vers une manière d’embrasser,
chaque mouvement un mot.

Nous nous disions des phrases avec la hanche,
avec les dents, avec tes bras dans mes bras.

Chaque photo, le déguisement de clown,
les parapluies, les lettres jaunes
de l’étreinte du temps,
chaque grain de poussière, garde les vibrations,
le tremblement des corps.

Ensuite vinrent les jours
où ils ne fut pas nécessaire de fabriquer
l’amour en secret,
et cependant, ce lieu
était un refuge du désir.

C’était respirer cette odeur d’humidité,
sentir le ciment gelé sous les pieds,
la température toujours constante,
comme s’il s’agissait d’un monde en dehors du monde,

et alors je détachais mes cheveux
et je les agitais comme une tempête,
et j’enlevais à peine les vêtements nécessaires.

Toi, tu avais ton style je suppose,
je ne sais pas si c’était la même chose qui incendiait ta poitrine,
et je ne suis pas niaise au point de penser
qu’un lieu sale puisse ce que
ne peut pas un mot,

mais il y avait des phrases que moi, je pouvais seulement
dire dans le grenier.
Des phrases comme de titaniques ressorts,
des phrases comme des troupeaux détachés,
des phrases qui semaient la folie dans ton sexe.

Et ensuite, l’odeur d’humidité,
se mélangeant avec la transpiration
et avec la distillation des corps,
comme des alambics brisés.

Et ensuite, les langues tournant
en héliotrope.
Et une autre phrase, à la fin,
qui effaçait tout,
qui faisait, des traces, une écriture.

ALEJANDRA MENASSA DE LUCIA
École de Poesía Grupo Cero
Atelier Samedis 19 h. Madrid
Coordonne: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 27-9-01

VIEILLE TENTATION

Je traîne d’intimes cadavres entre les yeux
de lourdes toiles d’araignées de longue portée
dans l’impraticable miroir de la nuit.

Étourdie par la lutte, je fouille
des vides clôturés à contrecœur,
de prétendues convictions et la douleur,
farouche, d’une trahison.

J’ai fait eau dans un  silence rigoureux,
j’ai refusé des hymnes de colossale envergure,
des corps soutenus sur la limite, précise,
de leur chute spectrale.

Avec la vie au cou,
je rejette de feintes raisons,
voiles de soie dans le regard
et la saveur liquide de la défaite.  

Vieille tentation, me muter une trace,
fil accroché aux fentes du temps.

 CARMEN SALAMANCA GALLEGO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 19h. Madrid
Coordonne: Miguel Oscar Menassa


Madrid, 28-9-01

GESTE  INCOMPARABLE

J’ai dit partir et je suis restée nue au milieu du désert
J‘ai pleuré la légèreté de certaines heures et je n’ai jamais appris à voler.
Je me suis reposée dans un oasis trois jours et trois nuits
et je suis restée vivre parmi les palmiers.

Je regarde l’horizon blanc de la neige dans les montagnes
l’horizon bleu d’un ciel clair près de la mer.
Je m’abandonne aux lettres, ma vie.

Je construis un pont de pierre pour tes mains
et un cœur de chair pour la douleur.
Geste incomparable celui de la mort quand il appelle
quand en silence je détruis toute vérité.

CRUZ GONZÁLEZ CARDEÑOSA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid.
Coordonne: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 29-9-01

GUETTE LA GUERRE

Guette la guerre
et tes mains chaque fois plus proches,
lis couleur de mort,
se promènent dans la ville
tandis que nous parcourons en paroles
la folie et l'amour.
Il n'y a pas de malédiction
seulement des étreintes qui s'étendent
comme les restes presque éternels
d'un jour cloué dans le regard.
Je banderai mes yeux parmi des vers entrecoupés
et je laisserai ma peau être la scène.
Guette la guerre
et la peur sera des baisers sur ton visage
douces mélodies de canons
visant juste le centre du coeur.

MAGDALENA SALAMANCA GALLEGO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17h Madrid.
Coordonne: Carmen Salamanca Gallego


Madrid, 30-9-01

POUR ASSOUVIR LA FAIM

J'ai emporté en partant ces famines d'octobre,
cheminant vers les côtes sensibles des nuages.
Je suis arrivé jusqu'aux épaules perdues de la mort
et du haut des cimes je contemplais les hommes
errant à la recherche d'aliments.
Elle, elle me recevait silencieuse tout en accouchant des cris.
Moi, j'étais lointain
et j'arrivais à arracher des morceaux du néant
que je mastiquais follement.
Cependant, les hommes désespérés
ont commencé à déterrer de brutales quantités de terre
qu'ils enterraient de nouveau dans leurs bouches.
Ils ont pris les premières racines et les derniers insectes,
certains sont restés paralysés, entre les coups de l'humus,
dévorant leurs défunts.
Et il n'y avait rien pour assouvir la faim.
Je me réveillais atterré une étoiles entre les dents,
je me réveillais, et baisant les pieds de tout appétit
je me fanais solennellement,
je commençais à transiter vers les hautes épaules de la mort
pour contempler la souffrance humaine.
Les hommes avaient dévoré les terres
et ils se débattaient déjà avec les ongles le noyau,
la dernière chair de la planète.
La gravité fut aussi aliment
qui lançait de grans gémissements de cendre.
Je m'étais déjà tellement éloigné de moi-même,
ce n'était pas le même qui habitait mon squelette,
c'était ma dernière miette qui parlait,
et moi déterré j'escaladais frénétique les épaules
pour contempler comment bouche contre bouche
se trouvainet déjà dans son centre les hurlements humains.
Tous s'abritèrent dans le corps d'autrui,
le dernier aussi disparut dans leur bouche,
jusqu'à ce qu'il ne reste ni une seule parole de la rencontre.
Lentement, je me dressais.
Je ne m'étais pas rendu compte,
j'avais commencé à dévorer
le visage de la mort.

ANDRÉS GONZÁLEZ ANDINO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedis 17 hrs. Madrid
Coordonne: Carmen Salamanca Gallego


Selección de Poemas Inéditos

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