Madrid, 1-6-01
“Parle-moi
m’a dit doucement l’univers”
Cruz González
Je
veux que tu amènes dans tes mains
les sons du vent,
le déchirant adieu s’ouvrant dans le ciel
comme une litanie.
La densité du mot interdit
et le couteau qui décore les têtes des amoureux.
Je veux que tu coupes
l’air indifférent de l’après-midi
avec ta voix,
ton imprévisible voix de saut, d’épée,
de femme et de point cardinal.
Je veux que tu arrives
parmi les syllabes brisées de ton étoile,
parmi les rues pavées
à l’instant de tes lèvres nues,
à l’instant de tes lèvres langue,
tes lèvres d’entrailles et d’échafaud
par où monte et descend l’éternité.
Que tu arrives dissoute dans ta ceinture
couleur de longitude,
je veux
dans l’intermittent bois
que décrivent tes pas,
sauter de solitude en solitude,
entre les pulsations,
la nuit
et ton silence déchiré.
PILAR
GARCÍA PUERTA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 17h. Madrid
Coordonne: Carmen
Salamanca Gallego
Madrid, 4-6-01
Il
est arrivé un jeudi d’avril.
Il est arrivé à l’heure
où tous les oiseaux
abritent leur treblement dans le feuillage,
l’heure des lézards au soleil,
l’heure à laquelle se brisent les chrysalides
et descend la marée,
je ne l’oublie pas.
Je n’oublie pas que le temps s’est arrêté
juste à cette heure-là,
de ce jeudi d’avril,
où il y eu un pacte
que nous n’avons pas accompli ni brisé.
Je n’ai pas regardé l’heure depuis lors:
il y a des signes évidents
de son absence.
INÉS
BARRIO
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier
Vendredi 11.30 h. Buenos
Aires
Coordonne:
Norma Menassa
Madrid, 5-6-01
LE CŒUR EST UN FRUIT SANS NOYAU
J’ai vu dérailler des cœurs
pleins de fraîche
marchandise
et de juteuses années à venir,
explosés, disséminés
tout au long
de rigoles malodorantes
près de vertes
vierges
leurs
derniers battements.
Mélangés en taille
et torsion
cavités couleur de vide
ils haussaient
leurs bouches ouvertes au soleil
demandant du sang.
Des
cœurs de style carte
européenne,
affilés et très âgés
comme de la fumée de flambée noire
et cachée à la passion.
J’ai
vu des cœurs comme
des foies lévogyres
pleins de cicatrices du temps
non vécu.
Rongés par des coups de bec
des cœurs sans âme
dénudés de carcasse
tombés, tassés
par les nuages
mis en morceaux, effilochés
par une pluie acide.
Sous
les pierres
les plus petites,
près des grandes roches
j’ai découvert
des cœurs d’ivoire
impavides,
du style statue millénaire
impassibles
anorexiques de sourire
pâles comme la lumière
du phare au couchant.
Des
cœurs de tout type
quelques-uns entre les mains
inquiets, dansants
entre les doigts,
joueurs de peau pamplemousse
et caresse fraîche,
des cœurs lascifs
et écervelés.
Mais
le plus impressionnant
l’ineffaçable
-à part le cœur de ma mère-
le seul pour sa splendeur
fut
parmi des soies et des pétales
d’œillets rouges,
assister à la danse
apex ventricule
en demi-cercles
tournant comme un cône
lunaire en sphère de montre
une systole à la
ceinture tranquille
comme sept voiles
descendant sur ta hanche
tremblante
comme la fièvre de ma peau
quand tu t’approches
et tu baises mes yeux amoureux
et tu baises de mes mains
les paumes de faim
et de sueur nocturne.
Ce
baiser anonyme à pas de loup
sur la tempe,
cette étreinte maritime
dans la colonne agrafée
d’années et de labeur,
ce cœur de
près et de marée haute
de bateau perdu
entre tes muscles millénaires
dansant comme un indien ivre
dans ton sexe vierge
chaque fois.
CARLOS
FERNÁNDEZ DEL GANSO
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 19h. Madrid
Coordonne:
Miguel Oscar Menassa
Madrid, 6-6-01
JE RETOURNE À LA TRISTESSE
Je
vais à l’arrière des temps, étrange
situation pour ceux qui naissent victime
du futur. Ma voix s’élève dans des déserts
peuplés de douleur, sur des sommets préhistoriques,
témoin
des atrocités d’une race.
Je suis fulminée par des sentiments doubles,
je péris parmi les pétales calcinés d’une
fleur arrachée au printemps. Je brûle
avec
le napalm, je mouille mon dos dans des fleuves,
un débit de pluie acide qui extermine
les poissons de couleurs. Je mange des mets exquis:
le
pain des maudits, la chair folle
de bestiaux maltraités. Je retourne à la
tristesse où prononcer mon nom.
CONCEPCIÓN
OSORIO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 17h. Madrid
Coordonne: Carmen
Salamanca Gallego
Madrid, 7-6-01
J’ai
tellement joué avec les touches que j’ai tout perdu.
J’avais habitué le matin à des états de mon âme
et j’étais en train penser certaines choses
qui disparurent dans le quartz céleste de l’image.
C’était
comme une rumeur de vents
qui arrivaient avec rythmes et
parlaient
de l’oubli d’un temps où
assise à la table de quelque chambre
j’écrivais.
Mes années défilaient
et cédaient des histoires avec leurs solides forges
et c’était la permanence celle qui m’anticipait.
Il
y avait une métaphore de la mer…
à laquelle je ne sais pas comment j´étais arrivée
et un vert froid comme du cristal et de l’écume
enveloppaient mon corps
et faisaient une robe mutable
qui m´érigeait en reine.
Reine
de moi,
et dans un seul instant je tombais
de mon image éphémère et je me moquais.
Après
je parlais d’une distance qui parcourrait en vers
d’un orgueil de brillants engoués,
d’une existence qui en même temps
me précédait et ne m’atteignait jamais.
Ils étaient beaux les vers,
c’était profond de sentir ce matin,
mais j’ai appuyé sur des touches de trop
et l’écrit s’est effacé.
Transiter,
disait une phrase,
comme survivre peut-être après un point,
serait adéquat,
mais une rage vitale, une fougue,
ne pas vouloir peut-être ma poésie,
quelque chose en trop sans raison, m’a éclaboussé les mains.
Une à une j’ai choisi
et il y a eu des mots qui ont été bien cherchés
j' ai remplacé l’extermination,
et j’ai mis le verdict comme vérité de l’acte.
J’ai utilisé la liberté comme si j’étais faible,
de façon réservée,
je lui ai donné un temps fugace
d’une existence de final et ailée.
J’ai mis le chiffre sur pied,
je lui ai donné mon nom et lui ai remis mon ombre,
mais je n’ai pas pu soutenir ce qui en moi n’était plus,
ce rêve qui est mort d’oubli.
Il
m’est
resté des fragments de chemin
juste les plis où je me trouvais,
tout juste le vert de ce froid hautain,
tout juste cette chaîne détachée qui s’est perdue de moi,
qui a supplié une absence,
qui n’a pas trouvé de mémoires adéquates.
Cristal fut le poème et il se cassa dans l’après-midi.
NORMA
MENASSA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 19h. Madrid
Coordonne:
Miguel Oscar Menassa
Madrid, 8-6-01
OURAGANS ENDORMIS
Tu
portes dans la peau
des
ouragans endormis
des rêves qui réveilleront la tempête.
Des
parfums inachevés t’amènent à la faim
à l’exil sans égal.
Horizon
sans patrie, qui se taît,
tu tourmentes la peau avec ton silence
avec le venin noir de tes baisers.
Tu
es
sous le brouillard
la
flambée morte qui mange la lumière.
Claire
Deloupy
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 19h. Madrid
Coordonne:
Miguel Oscar Menassa
Madrid, 9-6-01
De
cette pierre
naîtra l’amour,
les profondes spirales du temps
sur lesquelles ta main tissera sur ma main
l’ombre et le mot,
la quiète magnitude de ton sein
respirant le vent de ma voix.
De cette pierre,
arrachée de la terre,
naîtra l’orbite nuptial des planètes
et le cycle pressé des constellations
deviendra d’or.
Les atomes dispersés
de leur figure minérale
brûleront en ta présence,
rendant leur lenteur et leur infini
à l’éphémère miracle de l’amour.
De cette pierre, nous l’ignorons,
grandit le poids et la matière
du nouveau et du possible,
de l’incessant mouvement de ce qui vit.
RUY HENRÍQUEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 17h. Madrid
Coordonne: Carmen
Salamanca Gallego
Madrid, 10-6-01
Les cymbales ont sonné atroces,
les
sales clairons du cirque
et le trapéziste est venu rêver
d' être un trapèze
gainé en maille de lumières
de la tête aux pieds,
aveugle à la piste
et aux lions féroces de tristesse.
Debout sur le cheval blanc
et au galop des jours
et la musique effilochée,
tu paraissais un vestige de demain
une ombre citrine
une croupe derrière la mort,
le tournant ancestral des planètes,
inutile, juste, frugal, implacable.
EMILIO GONZÁLEZ MARTÍNEZ
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanche 11h. Madrid
Coordonne:
Miguel Oscar Menassa
Donner
un usage à la langue,
je pense,
que pour attrister la nuit,
se serait lécher quelque étoile.
Ensuite
le crépitement sourd
des tulles nocturnes
qui soupèsent des doutes, des rêves,
des questions qui ont fouettés des millénaires
et tes yeux.
À
la fin du tunnel,
doux comme des pénombres
veloutées,
de féline insistance,
cloués dans ma pupille,
lumière déchirée
de fin de cauchemar.
Tes
yeux,
ces précises
machines du regard,
guettant depuis n’importe quel tableau
la possibilité
de te submerger dans le désir.
Et
tes cils
arbres d’automne
irréductibles
éventent la fuite.
EVA
MÉNDEZ HERRANZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 17h. Madrid
Coordonne: Carmen
Salamanca Gallego
Madrid, 12-6-01
Le
roi des murmures
couvre la voûte de roses
pour que son corps en mourant
n’ait pas l’odeur de putréfaction
des morts.
Après,
il continue à vivre mort.
LUCIA
SERRANO
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanche: 11 h. Madrid
Coordonne : Miguel Oscar Menassa
Du livre inédit « Rêves de la Prison »
Madrid, 13-6-01
Cette
nuit
entre les souvenirs tumultueux
je vais avouer.
Sur ce chemin de murmures
où il sera nécessaire que tu cries
aussi pour moi.
Je vais avouer.
Les craintes ne clouent pas les lumières
la frénésie est passagère
et j’étire mes désirs dans l’attente
de quelque tragédie inavouable.
J’ai abandonné les angles du passé
pour te regarder de plus près.
Une passion me traque
et je ne peux pas continuer à distribuer des bruits.
Nue comme une princesse préparée
dans la sinistre obscurité de tes mains.
Aujourd’hui je vais avouer :
Une passion me traque
je cherche la page
j’épèle coup sur coup
le lieu
défendant chaque interstice de ta peau.
On ne peut pas arriver en retard à la
passion
la parole n’attend pas.
Le rêve
les plis de ce murmure
sont des fragments où je cherche
une autre passion.
CLÉMENCE
LOONIS
École de Poésie
Grupo Cero
Atelier Samedi 17 h
. Madrid
Coordonne:
Carmen Salamanca Gallego
Madrid, 14-6-01
Nous
pourrions dire,
que
je fais des sauts bleus
que ta poitrine d’arbre
m’ouvre un cœur au sud.
Que je chante déserte à volonté
et un jasmin d’une nuit amère
vomit ton nom.
Les réverbères m’épient
me traversent avec leurs épines
avec leur silence.
Et mes pleurs se font d' acajou
pour conjurer les miroirs,
où un oiseau sans ombre
m’apporte le vide de la douleur
le profil de ton absence.
PILAR
IGLESIAS NICOLÁS
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 17h. Madrid
Coordonne:
Carmen Salamanca Gallego
Madrid,
15-6-01
Ne
me demande pas que je t’aime.
Je vole seul vers nulle part,
je n’ai pas besoin de compagnie.
Je suis un fou rêveur
qui ne rêve plus,
ne me demande pas que je t’aime,
je ne pourrais pas.
Sois
simplement heureuse dans la rencontre
entre lentement dans mon lit,
laisse-toi aveugler par mes caresses.
Demain, demain...
Ouvre les yeux,
échappe-toi.
Je
suis l’exilé de l’amour,
expulsé sans pitié d’entre tes jambes.
Je suis l’oiseau chanteur qui ne chante plus
ne me demande pas que je t’aime,
je ne pourrais pas.
Je
suis l’ombre obscure du passé
qui
ne trouve pas la lumière dans le présent.
Je suis le naufragé perdu
qui ne trouve pas de planche de salut
et aime seulement, sur le moment,
l’embarcation perdue,
ne me demande pas que je t’aime,
je ne pourrais pas.
JORGE
FABIÁN MENASSA DE LUCIA
Escuela
de Poesía Grupo Cero
Atelier
Samedi 17.30 h.Madrid
Coordonne:
Alejandra Menassa
de Lucia
Madrid, 16-6-01
Aveugle
est la mémoire du soir
quand se termine le soleil.
Le ciel que nous avions planifié ensemble
n’avait pas de mesures.
Il y avait entre nous
une éternité tendant les promesses.
D’épaisses
cogitations,
des doutes sur l’origine de l’amour.
Quel poème pourrait nous nommer?
Il y avait des manières de vivre.
Des moulins infatigables amants du vent,
faisant avec les passions ce pain.
À l’oreille du temps du soir
le monde fleurissait.
Marcela
villavella
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier
Vendredi 11.30 h. Buenos Aires
Coordonne:
Norma Menassa
Dans
les adieux
elle me regardait avec tout son corps.
Le silence était tel
que nous pouvions écouter
l’engrenage du temps
mis en marche de nouveau .
À
un mot, elle m’offrait un autre mot,
et
ainsi nous faisions la vie.
Tu vas me rendre folle,
me disait-elle.
Folle d’amour,
amante désespérée,
dans le défilé de l’impossible
je livre ce qui m’appartient,
sans que m’importe
de revoir le soleil.
HERNÁN
KOZAK CINO
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 17h. Madrid
Coordonne:
Carmen Salamanca Gallego
Madrid, 18-6-01
Un
trait de
rêve
presque parfait
tombe par terre
au moment
où ton nom
fait écho dans ma gorge.
Une
pierre à l’air
cherchant du sang,
et dieu de l’autre côté,
ou dans le centre de la terre.
Où
sont les morts
qui meurent dans
tes bras?
Chair
oubliée
qui ne vit pas, au-delà de la parole.
Cercueils,
comme des aiguilles
qui s’enfoncent
dans la grotte ambrée
des non sens.
Laisse-moi
échapper
une fois de plus,
des vérités ankylosées
que dictent nos dieux;
des rites futuristes,
des balles assoiffées.
De
la lumière qui se déforme
peu à peu
sur les contours de ta peau,
des traits flexibles au cristal opaque de ton regard
arrivent à ma rétine.
J’arrache
des échardes de temps
et je laisse s’évanouir, au milieu de la confusión,
pour qu’elle m’attrape
la légère tendresse du
dernier pleur;
larme infinie qui explose dans ma poitrine
et laisse à découvert
des anges vendant de la liberté,
ta propre folie.
Y-a-t-il
par hasard, plus de liberté que celle-ci?
voler toujours dans n’importe quelle direction.
MANUEL MENASSA
DE LUCIA
Escuela
de Poesía Grupo Cero
Atelier
Samedi 17.30 h. Madrid
Coordonne:
Alejandra Menassa
de Lucia
Madrid, 19-6-01
Ce
siècle cavale sur le bruit
de millions d’humains demandant un
place.
Quand la machine envahit le mystère
quand s’effondre l’énigme parmi les évènements.
L’angoisse imparfaite est née
la boue qui ne tache pas est née
l’escroquerie qui est petite et se répand
parmi des manteaux de peaux non baisées.
La nostalgie court imparable
elle ne s’arrête plus dans les regards
seul le vent accuse la distance
le sillon demande une rencontre à l’aube.
Nous oublions que l’oubli noue
que la mémoire règne dans la structure
que nous mourrons dès que nous naissons
que personne nomme en somme le mot.
Un siècle se penche sur un autre siècle
la misère se noue à l’empire du digit
il s’étend et je m’étends dans l’infini.
sillon du vie
pomme incomestible
marge inévitable
interminable finitude
viens à mon désir
et donne-lui ton nom
oh poésie, lumière sans dimension.
AMELIA
DÍEZ CUESTA
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 19h. Madrid
Coordonne:
Miguel Oscar Menassa
Madrid, 20-6-01
Quand
la douleur est forte et empêche de rêver,
je délivre des corniches de l’opprobre,
ta tendresse incomparable.
Les veines remplies de pitié et de violence
ton geste dans l’immensité, ton courage,
ta force d’oiseau sauvage protégeant les petits.
Une
mante de tristesse parcourt cette île citoyenne,
même hurlant le vent transporte un avenir.
Une eau sale de boue et de prestige
est poussée jusqu’au bourbier.
Des crocodiles de peau couleur d’argent guettent de nouvelles proies.
et les verts aplatis de la jungle deviennent fous de sons.
Vie découpée, peau déchirée
tu recomposes cette terre
où la mer aussi pourra arriver,
comme la joie la plus complète
dans le centre même du soir.
MARÍA CHÉVEZ
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanche 11 h. Madrid
Coordonne: Miguel Oscar Menassa
Madrid, 21-6-01
Pour
assouvir ma faim:
elle crie
depuis ma scène impossible:
chant heureux,
vide ouvert par ses ailes.
Je
rêve, je rie, j’écris,
parfois une rencontre inattendue
brise ton silence:
un vers amoureux
devient univers dans tes yeux.
Pour
assouvir ma faim:
mes pleurs entraînent
l’insistance de ta peau
contre ma peau:
corps frappés,
puissants va-et-vient,
titans assombris
face à l’exubérance
que ta voix annonce.
Pour
assouvir ma faim
je réveille la nuit
au bord de cette page,
je brise furieux le mot: couleur.
Pour
ne jamais assouvir ma faim:
j’extraie de tes pas
les ombres, les baves,
les distances étendues
sur le bûcher de l’oubli.
FERNANDO ÁMEZ MIÑA
École de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 17 h. Madrid
Coordonne: Carmen Salamanca
Gallego
MÈRE,
AUJOURD’HUI JE M’UNIS
À
L’ÉCLAIR DE TA LARME
J’ai
bercé le bonheur qui se perdait en criant dans les alcôves.
Ébauchant des mots dans le céleste rituel de la captivité.
Personne n’a pu voir comblée de festivités ma voix,
Pour
t’offrir de la chaleur j’ai effeuillé la tiédeur rituelle jusqu’à
l’étonnement.
Tes longs cheveux en blanche écume sortent du linceul,
verts se glissent les os piquants,
n’en doute pas, je prendrai tes mains dans les miennes.
Ce poème en larmes sera un sourire dans la rencontre,
écho du silence.
STELLA CINO NÚÑEZ
École de
Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanche 11.
Madrid
Coordonne:
Miguel Oscar Menassa
Madrid, 23-6-01
Un
siècle sur ta peau de profonde nostalgie
déshabille la vie pour toujours.
Sont
tombées abattues les mille paupières,
l’éternité,
une chaîne de mots.
D’interminables
raisons abritent
ce lointain
infatigable et ouvert.
Les pas que l’on a faits masquent des ombres
en un hasard qui n’existe pas comme tel,
en un amour perdu dans les temps
d’un autre amour,
en un rire qui point
dessiné dans le temps.
LIDIA ANDINO
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier Dimanche 11 h. Madrid
Coordonne: Miguel Oscar Menassa
Madrid, 24-6-01
Je
suis une division inexacte,
un pot de peinture renversé
qui
sillonne le sol en y laissant sa trace.
Je
suis le masque du vent,
incorruptible cauchemar qui
enveloppe tes rêves.
Je
suis le résultat d’une union impossible,
des marasmes brisés de folie
qui se sont unis en un cri.
Je
suis une particule minuscule
qui se perd dans le
mécanisme, indestructible,
du désir.
HELENA
TRUJILLO
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier de Málaga
Coordonne: Amelia Díez Cuesta
Madrid,
25-6-01
À
la Gérante de Editorial Grupo Cero,
C ‘est
possible que la nuit tombe près du transatlantique
et que je me laisse porter par son va-et-vient amoureux.
Folle passion, folle gaîté
ces petits yeux étaient là
dans la paume de ma main, et moi je
les regardais
se défaire de leurs ailes, se faner comme
un bouquet de magnolias récemment coupés
et tout était blessure en moi, même ton sourire
les hautes notes de ton rire, tes talons
tes longues jambes, se promenant dans Madrid,
cette ville qui m’aveuglait et qui peu à peu
m’a rendue amoureuse jusqu’à m’en tuer.
Et moi maintenant, je te chante d’une cloaque
comme une rivière nocturne qui se promène dans les rues
de Madrid, je te chante ainsi
avec cette densité arrachée à ta
voix
ce ver noir, ce ver libre
ces mots d’absence dorée.
Voilà mon chant.
PAOLA
DUCHÊN REYNAGA
École de
Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 19h. Madrid
Coordonne:
Miguel Oscar Menassa
Atelier Samedi 17h. Madrid
Coordonne: Carmen Salamanca
Gallego
Madrid, 26-6-01
Personne
ne viendra te voir, personne.
Les couloirs solitaires tisseront heures et silences.
Les draps repassés connaissent le poids
du seul corps qui les habite.
Le vase de chine sans fleurs attend une joie.
Le vent est un compagnon durant les aurores d’insomnie.
La voix, absente toujours, fait que le vide,
soit un hurlement de loup chassé.
Ton
piège est le foyer où tu respires,
éloigné un pas de la rue,
complètement seul dans la distance
d’enlever l’importance à n’importe qui.
Personne ne viendra te voir, personne.
Et si quelqu’un venait, il casserait en mille morceaux
les cristaux de ton âme et toi,
sans défense devant l’atmosphère, peut-être, aromatique
tu mourrais pour ne pas continuer sans cette vie.
Personne ne viendra te voir, personne.
MONTSERRAT
ROVIRA
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier
dimanche 19 h.
de Ibiza
Coordonne:
Emilio González Martínez
Madrid,
27-6-01
Mon
bien-aimé
je prends tes mains
pour sortir du marais
et je sens que je m’enfonce
je glisse.
Une pluie fine et cruelle
qui fait mal
frappe ma poitrine.
Je dois t’avouer,
bien que je me refusais
à ce que ce soit une confession,
que je t’ai aimé dès le début
sans savoir,
sans même le soupçonner.
J’ai gardé mes mains fidèles,
tendres, compréhensives, passionnées
et j’ai menti.
J’ai menti impudemment.
Mon bien-aimé
je dessine tes contours
avec mes yeux aveugles.
Je construis ma défense,
l’orgueil gagne
et je tombe dans l’abîme.
Je t’écris ouvertement,
peut-être, ce qui aurait dû être en secret.
Je parcours la distance
et à chaque pas elle augmente démesurément.
Ta rive et la mienne
s’éloigne pour toujours
comme ces mains
qui glissent.
ÁNGELA
CASCINI
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier Vendredi 11.30 h. Buenos Aires
Coordonne:
Norma Menassa
Madrid, 28-6-01
JE REVIENS À LA TRISTESSE
Je
reviens à toi,
compagne de l’âme
qui apaise mes jours.
Têtue clairvoyante
tu ne veux pas t’en aller,
et tu pèses,
tu pèses sur mon corps,
tu deviens solide,
évidente.
Solidaire de mes jours,
tu m’encombres la nuit,
parfois,
quelquefois, j’aime
ton insolite sagesse.
PILAR
NOUVILAS LARRAD
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 17h. Madrid
Coordonne: Carmen Salamanca Gallego
Madrid, 29-6-01
Comme
les oiseaux j’ai voulu voler en liberté,
comme les colombes je me suis transformée en symbole de la paix,
parmi mes ancêtres il y a eu peut-être une fourmi.
Comme l’ours je me suis alimentée de chair fraîche humaine.
Je la mangeais de plusieurs façons :
immigrants trempés dans l’eau,
conducteurs saignants ou à point,
soldats en brochette,
passants hachés menu,
enfants en conserve, retenus dans le temps.
Oh ! Tambour de fer blanc !
ton son vibrant se propage
comme un cri grave.
Ne sens-tu pas comme s’agitent tes cellules,
comme les vitres se brisent !
OLGA
DE LUCIA VICENTE
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier Samedi 19h.
Madrid
Coordonne:
Miguel Oscar Menassa
Madrid, 30-6-01
Tu
n’étais pas sur mon seuil
et je ne suis pas sortie pour te chercher,
pour que les creux en moi
ne soient pas comblés.
Tu
es venu
pour l’oubli
et la mémoire.
Tu as apporté
des besaces de lumière
pour ces yeux
sans regard.
Et
il n’y a pas eu de requiem,
ni cercueil, ni cierges allumés
qui annoncent ton départ.
Seul un petit tremblement de peau
à la commissure de mes lèvres.
ALEJANDRA
MADORMO
École
de Poésie Grupo Cero
Atelier
Vendredi 11.30 h. Buenos Aires
Coordonne: Norma Menassa